Canon Expo : zoom sur le futur

© STEVEN GRAAUWMANS

Tous les cinq ans, Canon organise une vaste exposition présentant ses projets et sa vision de l’avenir. Trends Style s’est immergé, à la Grande Halle de La Villette à Paris, dans un univers S.-F. qui n’en est plus tout à fait un.

Barack Obama ne s’était, tout compte fait, pas montré si original en 2009 en choisissant Yes We Can pour slogan. Canon. Yes, you can avait déjà fait le tour du monde en 2003. Mais ces you et we diffèrent-ils ? Canon ne cesse de se centrer de plus en plus sur le nous, la connection et le partage solidaire.

La vision d’entreprise de Canon est claire… pour autant que l’on fasse appel à un traducteur. Le mot ‘Kyosei !’ (à prononcer en insistant longuement sur le ‘e’ final) signifie en japonais ‘travailler et vivre pour le bien commun’. Ceci, non seulement au sein de l’entreprise, de ses diverses activités, de son personnel et de ses activités de sponsoring, mais aussi dans l’attitude adoptée à l’égard de la communauté. Logique donc que la marque se montre consciente des problèmes environnementaux – tant dans la conception et la fabrication de ses produits que dans leur utilisation et leur recyclage. Les économies d’énergie, la protection de la nature, la réduction des matières nocives n’ont rien de promesses en l’air.

‘Kyosei !’ exprime la vision d’entreprise de la marque. Signification ? Travailler et vivre pour le bien commun.

La Canon EXPO 2015 qui s’est tenue à la Grande Halle de La Villette à Paris couvrait 15.000 m². Et l’on disposait de trois heures pour y découvrir l’ensemble des nouveautés et futurs projets. Dont The Connected Family, sorte de maison du futur, possédant tout ce qu’il faut pour faciliter la vie – des adultes de demain et d’après-demain particulièrement.

Big brother is watching you, célèbre slogan issu du roman 1984 signé George Orwell, s’est imposé plus d’une fois à l’esprit. En découvrant, par exemple, la manière dont les techniques de reconnaissance analysent les flux de personnes et de véhicules en vue d’éviter les embouteillages ou d’appliquer des adaptations dans les réseaux urbains en jouant sur les déplacements. Système qui garantira un surcroît de sécurité dans les villes. De manière inattendue, Fujio Mitarai, le CEO de Canon, s’y est attardé dans son allocution, présentant d’ores et déjà ses excuses pour les amendes pour excès de vitesse qui seraient infligées suite à l’enregistrement précis du numéro de plaque par un objectif Canon.

The Connected Family.
The Connected Family.© STEVEN GRAAUWMANS

Le classique album de photos est devenu anachronique à une époque où l’on prend plus de mille photos par semaine dans la vie quotidienne ou à l’occasion de vacances ou d’un city-trip. Mais qui les regardera jamais toutes ? ” Choisir, c’est renoncer “, dit le proverbe. A l’avenir, ce choix pourra être délégué.

Que l’on imagine plutôt : on est à peine rentré chez soi que les systèmes Canon s’activent déjà. Les photos sont automatiquement téléchargées et mises à jour, et presque instantanément projetées sur le mur de son choix. Voilà donc l’Intelligent Imaging for Life. Il n’y a plus qu’à s’installer avec la famille ou les amis autour de la table interactive à commande tactile. Ranger, organiser, regarder, éditer et montrer des photos et des films devient un jeu d’enfants. Une table qui paraît magique : si l’on y pose les cadres des photos familiales, tous les films et photos en lien y apparaîtront d’emblée grâce à la reconnaissance des visages et pourront être manipulés (agrandis, etc.) – en comparaison, l’album photos à l’ancienne paraît terne. Et si l’on pose un objet sur la table, on pourra voir aussitôt toutes les photos et les vidéos de la bibliothèque Irista dans lesquelles il apparaît.

Pour plus tard ? Oui, mais on peut déjà en avoir un avant-goût via la Connect Station CS100. Dès que l’appareil photo y est posé, tous les clichés apparaissent sur l’écran. Ne reste plus qu’à choisir, organiser, transférer via une application SmartPhone, et l’album photos Hdbook EZ (à prononcer EaZy) sort de l’imprimante chez le dealer Canon. Sur du papier. Car pourquoi ne pas mettre la technologie en veilleuse et profiter d’un livre ? Cela étant, combien de temps encore le papier existera-t-il ? OK donc pour la connexion. L’avenir est numérique. Entretemps, le département R&D de Canon travaille à un instrument sur lequel on pourra poser l’appareil photo pour en recharger les piles par induction.

Et en 2025, en posant ce ‘vieil’ Hdbook EZ de 2015 sur la table intelligente Canon, on pourra faire apparaître toutes les photos laissées de côté par l’ancienne sélection. Désormais, choisir n’est plus renoncer.

La table numérique Imaging for Life
La table numérique Imaging for Life© STEVEN GRAAUWMANS

Autre dada de Canon : les capteurs. Exemple ? Le CMOS de 250 mégapixels. En clair : les APN utilisent non plus un film sensible à la lumière mais un capteur qui assure la fixation des photos et vidéos. Grâce à celui-ci, on pourrait par exemple, après avoir zoomé optiquement et numériquement, lire le nom d’une compagnie aérienne sur un avion volant à une distance de 18 kilomètres.

Plus technique : à la fin du 20e siècle a été installé sur le volcan éteint Manu Kea (4.139 mètres) à Hawaï, le télescope à miroirs Subaru. En 2012, Canon a développé pour la Hyper Suprime-Cam de 3 tonnes, le Prime Focus Corrector. Les limitations imposées en matière de poids et de dimensions interdisaient d’aligner plus de sept lentilles. La division R&D de Canon a dès lors développé des techniques optiques permettant de créer des lentilles asphériques d’un nouveau type. Ce correcteur ultralarge a permis de scruter des parties plus lointaines de l’univers, et plus en détails.

Canon possède aussi dans sa gamme une lentille ‘à l’ancienne’. Objectif ? Entretenir ou réveiller le photographe qui sommeille en chacun de nous… La Plastic Fantastic est une lentille classique de 50 mm, sans zoom et en plastique. Un retour – jouissif – aux fondamentaux. Durant presque toute sa carrière, le célèbre photographe Henri Cartier-Bresson a traduit sa vision du monde via cette lentille. La 50 mm montée sur un appareil 35 mm est considérée comme un standard parce que cette combinaison est la plus proche de la façon dont l’oeil humain perçoit le monde, sans déformation due au zoom. Aujourd’hui, cette approche est un peu tombée dans l’oubli avec l’arrivée de la photo numérique, des lentilles méga-zoom, des filtres Instagram et des gadgets Photoshop. Mais pourquoi ne pas se confronter aux bases ?

La réalité de la Mixed reality
La réalité de la Mixed reality© STEVEN GRAAUWMANS

Oubliés la réalité augmentée et le scannage de codes QR via le smartphone : dans cette exposition, c’est le stand où s’exhibait le technicien casqué, qui a attiré le plus de monde. Il faut dire que ce casque équipé d’antennes – qui rappellent les tentacules de l’escargot – a des airs singulièrement spatiaux et futuristes. Le MREAL Mixed Reality opère un mélange du monde réel et du virtuel. Il ressemble un peu à ce que David Cronenberg faisait découvrir en 1999 dans son thriller S.-F. Existenz.

Un casque à antennes aux allures de tentacules d’escargot.Bienvenue dans le monde virtuel !

Dans l’industrie automobile, le Mixed Reality est déjà réalité. Ailleurs, on devra patienter encore un peu. Dès que l’on enfile le casque, on a accès à un nouveau monde. Ainsi, ici, les quatre chaises du stand sont devenues une voiture parée de tous ses accessoires – quelques électrodes appliqués sur le corps auraient peut-être permis d’en ressentir aussi l’intérieur. Les conditions de test ont été un peu particulières – casque trop serrant, longue file d’attente pour le tester – mais suffisantes pour goûter à cet univers virtuel.

Le MREAL permet de concevoir des prototypes et de les visualiser sous tous les angles imaginables : à 360°, à gauche et à droite, par-dessous, par-dessus. Et il s’agit non seulement de voir mais aussi de ressentir. De plus, grâce à une ligne de fibre de verre, il est possible, par exemple, de monter à bord du même prototype de voiture à l’autre bout du monde, en compagnie de collègues afin de l’examiner et d’en discuter.

Il est beaucoup question aujourd’hui des impressions et imprimantes 3D. Ici, on a pu voir des objets en 3D se créer couche par couche dans une cage de verre. Ce n’est pas certes pas pour dans l’immédiat mais Canon permettra un jour à chaque famille de posséder une imprimante 3D dans son garage – d’ici quelques décennies (voire moins). En vue, par exemple, d’imprimer un tabouret pour les enfants et de leur permettre de regarder, sans plus utiliser de lunettes 3D rouges/vertes en carton, un dessin animé 3D réalisé par une caméra haut de gamme 8K. Le film présenté ici défie l’imagination : 60 images/seconde et une résolution de 8.000 pixels, soit pratiquement la limite de ce que peut percevoir l’oeil humain. La clarté et la netteté des images donnent l’illusion d’y pénétrer. Une loupe à porter sur le nez est disponible pour mieux voir tous les détails. Et qui sait, l’oeil humain pourra-t-il peut-être un jour être amélioré par des lentilles à glisser derrière les rétines… Car tout est imaginable et Canon a désormais aussi son mot à dire dans l’univers médical.

Canon Expo : zoom sur le futur
© STEVEN GRAAUWMANS

Fini les radiographies où l’on s’expose aux – dangereux – rayons X. Le prototype de l’avenir fonctionne, pour la mammographie, sur la base d’une technologie photo-acoustique. Grâce à une combinaison de rayons laser renforcés de capteurs ultrasoniques, l’examen sera plus sécurisé et moins pénible, le Breast CT faisant en sorte que les femmes n’aient plus l’obligation de se faire prendre les seins en ‘tenaille’. Chez le dentiste aussi, les radiographies se feront de manière plus confortable. Quant à l’Adaptive Optics Scanning Laser Ophthalmoscope (AO-SLO), il permettra à l’ophtalmologue du futur de scanner l’oeil au niveau cellulaire afin de détecter, par exemple, un problème de rétine à son tout premier stade.

A dire vrai, l’avenir n’est plus pour demain. Il est à notre portée, dès aujourd’hui. Et ce sont surtout les enfants qui l’expriment. A la façon dont ils réagissent lorsqu’on sort son Canon EOS. ” Pourquoi as-tu besoin de ça, papa ? ” ” Pour prendre une photo. ” ” Mais cela se fait au moyen d’un téléphone. ” ” Non, pour obtenir de vrais beaux clichés, il faut utiliser les grands moyens. Non pour se positionner comme un photographe, mais pour réaliser des photos qui se distinguent par leurs couleurs et leur netteté, sans filtre Instagram. ” Pour combien de temps encore ? Seul l’avenir le dira.

Texte & photos STEVEN GRAAUWMANS

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