Sans accord gauche-droite, le Portugal se tourne vers son président

(Belga) Toujours dans l’impasse politique, le Portugal se tournait samedi vers son président au lendemain de l’échec du “pacte de salut national” qu’il avait appelé de ses voeux pour garantir le succès du plan d’aide financière accordé au pays.

“Que va-t-il se passer maintenant? C’est au président de décider”, a dit sans détours le chef de l’opposition socialiste, Antonio José Seguro, en annonçant vendredi soir la rupture des négociations avec la coalition de droite au pouvoir. Ces discussions en vue d’un large consensus politique, entamées dimanche dernier à la demande du président conservateur Anibal Cavaco Silva, étaient censées offrir une issue à la crise qui a déstabilisé la coalition gouvernementale sur fond de tensions concernant la cure de rigueur exigée du Portugal par ses créanciers internationaux. Selon la plupart des observateurs, le chef de l’Etat, qui dispose du pouvoir de convoquer des élections législatives anticipées, devrait se résigner à accepter le remaniement ministériel que lui avait proposé il y a deux semaines le Premier ministre, Pedro Passos Coelho, afin de ressouder sa coalition après la démission de deux ministres clés. Sans se prononcer sur ce remaniement, le président avait alors préféré demander aux trois principaux partis portugais de s’entendre sur les mesures requises pour conclure le plan de sauvetage qu’ils ont tous signé en mai 2011 avec l’Union européenne et le Fonds monétaire international. Le secrétaire général du Parti socialiste a mis fin aux négociations en réaffirmant ses critiques sur la rigueur budgétaire qui a provoqué un taux de chômage record avoisinant les 18% et la plus grave récession économique que le pays a connu depuis une quarantaine d’années. “Je continuerai à me battre auprès des dirigeants européens pour une renégociation de notre programme d’ajustement”, a déclaré M. Seguro, qui a accusé les partis majoritaires au Parlement d’avoir “rendu impossible le pacte de salut national” en insistant pour garder le cap de l’austérité. “Retour à la case départ” Le Parti social démocrate du Premier ministre Pedro Passos Coelho devait réagir en début d’après-midi, tandis que son allié démocrate chrétien CDS-PP a prévu de réunir sa direction en fin de journée. Mais c’est surtout la parole du président qui est attendue. “M. Cavaco Silva s’adressera au pays dans les prochains jours”, écrivait l’hebdomadaire Expresso, tandis que le Diario de Noticias estimait qu’il pourrait le faire dès samedi. Avec l’échec des négociations gauche-droite, expliquait le Diario, “nous sommes revenus à la case départ” d’une crise provoquée par la démission le 1er juillet du ministre des Finances Vitor Gaspar, principal garant d’une application scrupuleuse du programme de redressement. Dès le lendemain, le ministre des Affaires étrangères et chef du CDS-PP, Paulo Portas, claquait lui aussi la porte en désaccord avec le remplacement de M. Gaspar par son ancienne secrétaire d’Etat au Trésor, Maria Luis Albuquerque, perçue comme une solution de continuité. Afin de conserver le soutien de son partenaire de coalition, le Premier ministre a proposé de promouvoir M. Portas au rang de vice-Premier-ministre en charge de la coordination de la politique économique et des relations avec les créanciers du pays, représentés par la “troïka” UE-BCE-FMI. Le Premier ministre a réaffirmé jeudi son intention de mener à bien son remaniement ministériel, à l’occasion d’un vote au Parlement qui a largement rejeté une motion de censure soutenue par l’ensemble de l’opposition. Mais l’incertitude politique qui s’est installée à Lisbonne a d’ores et déjà suscité de sérieux doutes sur la capacité du Portugal à reconquérir la confiance des marchés financiers d’ici à juin 2014, quand s’épuisera le prêt de 78 milliards d’euros accordé par ses bailleurs de fonds. (Belga)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content