Harlem Shake : décodage d’un épiphénomène

Depuis une dizaine de jours, une danse improbable et virale fait le buzz sur le Net. Son nom : Harlem Shake. Sa puissance de frappe : planétaire. Son utilité : quasi-nulle.

La semaine dernière a quand même été éprouvante pour les réseaux sociaux. Le buzz a perlé du côté de Findus avec des lasagnes au cheval masqué, du côté du Vatican avec un pape qui a découvert la position du démissionnaire et il est même apparu du côté de l’Afrique du Sud avec un athlète qui, aujourd’hui, n’est pas prêt de refaire des parties de jambes en l’air.

Mais le vrai truc déjanté de la semaine dernière, c’était l’explosion du Harlem Shake, une danse débile qui consiste à se trémousser en agitant les bras dans tous les sens avec un déguisement ridicule.

Le mouvement a débuté avec une vidéo postée sur YouTube le 2 février dernier par une bande de quatre potes…

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En fond sonore, un morceau de musique électronique signé DJ Baauer et dont le nom, Harlem Shake, est un hommage à une danse inventée à New York au début des années 80.

Cette vidéo assez idiote, il faut le dire, approche aujourd’hui les 12 millions de vues en deux semaines à peine. Et elle a surtout été réinterprétée par des milliers d’autres internautes, dans les bureaux, les campus, les casernes, les piscines et même à la Maison Blanche…

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Le scénario est à chaque fois le même : dans un premier temps, un membre du groupe danse seul, masqué tandis que les autres vaquent tranquillement à leurs occupations. Et après 15 secondes, quand le morceau de musique décolle véritablement, un montage grossier montre tous les autres membres du groupe ou de l’assemblée en train de péter les plombs et de danser frénétiquement à leur tour.

Un succès consternant

Mais la vraie question est de savoir pourquoi ce truc improbable a subitement enflammé la Toile ? Si le buzz semble inexplicable, on peut néanmoins avancer quelques hypothèses. Il y a d’abord la démocratisation des nouvelles technologies. Aujourd’hui, n’importe qui peut réaliser et diffuser ce genre de vidéos avec une facilité déconcertante.

Ensuite, il y a sans doute l’envie d’être reconnu : le fameux quart d’heure de gloire planétaire cher à Andy Warhol. Et puis enfin, il y a incontestablement l’envie ou le besoin de nombreux internautes de participer à un mouvement collectif, voire planétaire, avec le sentiment sans doute illusoire d’appartenir à une communauté qui partage plus ou moins les mêmes références.

Souvenez-vous, avant Internet, avant les réseaux sociaux, l’individu était soit seul, chez lui, soit dans un groupe, lorsqu’il sortait dehors pour rejoindre ses potes. Aujourd’hui, avec Internet, avec les réseaux sociaux, on peut fusionner ces deux notions tout à fait contradictoires : on peut être, derrière son écran, ” seul mais ensemble “, car on appartient à des groupes, virtuels certes, mais à des groupes quand même.

Et le Harlem Shake est un bon résumé de tout ça. On le voit d’ailleurs à l’image : dans ces vidéos, chacun danse seul, dans son coin, mais en groupe. Et surtout, chacun danse ” seul mais ensemble ” sur la grande Toile mondiale, dans le délire le plus total.

Le groupe devient donc planétaire avec la propagation de cette même chanson sans cesse dupliquée et sans cesse réinterprétée sur le plan chorégraphique. Et ça devient finalement un grand foutoir, une immense défouloir, qui fait finalement oublier les petits et les gros soucis du quotidien. Comme les lasagnes au cheval, par exemple.

Frédéric Brébant

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