Blendle, le Spotify de la presse, s’ouvre à l’international

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La start-up néerlandaise Blendle qui vend des articles à l’unité sur internet exporte dès mardi sa plate-forme en Allemagne avant de se tourner vers d’autres pays. En Belgique, le concept a déjà attiré quatre titres flamands et Blendle a fait le tour des éditeurs francophones. Mais certains craignent de fractionner leur lectorat.

Le “kiosque en ligne” a été lancé il y a un an aux Pays-Bas et a depuis séduit près de 300.000 lecteurs néerlandais. Pour quelques dizaines de centimes, on achète un article “à la pièce” sur internet (par opposition à l’achat d’un journal entier). Blendle prend une commission de 30%, le reste revient à l’éditeur.

Sur le marché belge francophone, Le Soir a été en contact avec Blendle, mais a décidé de se passer du service pour le moment. “Est-il bon de voir ses contenus fractionnés?”, se demande Didier Hamann, directeur général du quotidien. “Nous préférons à ce stade conserver les lecteurs dans notre ‘écosystème’. Commercialiser l’offre globale du journal reste notre priorité.” Créer une relation “durable” avec les lecteurs est plus important pour le directeur général, précisant que cette décision n’est pas définitive.

Pour François Heinderyckx, sociologue des médias à l’ULB, le risque est de fragiliser le nombre d’abonnés, dont dépend la santé financière d’un titre de presse. Mais ce type de plate-forme peut aussi permettre de capter de nouveaux lecteurs, notamment des jeunes. Six utilisateurs de Blendle sur dix sont en effet âgés entre 25 et 35 ans, indique la start-up.

Knack, De Tijd, De Standaard et Humo

Avec De Tijd, De Standaard et Humo, c’est le pari que prend l’hebdomadaire Knack, disponible sur Blendle depuis début mars. “Cette formule est intéressante pour attirer des lecteurs qu’il est difficile de toucher autrement, comme les jeunes”, confirme Jos Grobben, éditeur chez Roularta. Le groupe de presse, dont Knack fait partie, se donne six mois pour évaluer le concept. Si cela fonctionne, d’autres titres seront peut-être ajoutés (Trends, Sport-Foot Magazine) et la réflexion sera élargie aux titres francophones du groupe.

Le public jeune n’est pas nécessairement cantonné au “tout gratuit”. Pour François Heinderyckx, la facilité d’utilisation peut être décisive, surtout si le prix est bas. “Certains jeunes sont prêts à payer, comme ils sont prêts à payer pour de la musique sur iTunes ou Spotify”, note-t-il. Blendle propose par ailleurs de rembourser l’utilisateur s’il n’est pas satisfait d’un article.

Si les titres flamands sont proposés sur la plate-forme aux Pays-Bas, “Blendle a fait des efforts pour se faire connaître en Flandre”, ajoute Jos Grobben. De nombreux utilisateurs se situent donc au nord du pays, selon lui. Blendle ne donne cependant pas de date pour une réelle entrée sur le marché belge, incluant des titres francophones.

Reste l’éternel problème de l’étroitesse du marché belge, “deux demi petits pays”, comme les qualifie le sociologue des médias. Les efforts pour attirer les lecteurs sur la plate-forme en valent-ils la peine? “Les premiers résultats sont positifs”, assure Jos Grobben (Roularta), sans en dire davantage.

Trente-trois quotidiens et magazines allemands ont signé un accord avec Blendle, dont le Spiegel, Bild et Die Welt. Le New York Times et le géant allemand des médias Axel Springer avaient investi trois millions d’euros en octobre dans la start-up, qui emploie 56 personnes. Par la suite, elle veut également proposer ses services aux États-Unis et en France, selon les médias néerlandais.

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