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Proactive attitude

ArcelorMittal, Ford Genk, Philips, Colgate Palmolive… Une vague de licenciements déferle sur notre petit pays qui voit ses industries sombrer petit à petit. Devons-nous regarder, impuissants et tétanisés, la lame de fond se rapprocher ? Prier pour que le gouvernement vienne à la rescousse, pincer notre nez et nous laisser submerger ?

Ce serait une attitude apathique, contraire à notre instinct primaire qui est de fuir, de contourner (ou éventuellement, pour les plus audacieux de ce monde, de combattre) le danger. Courage, fuyons ! L’expression -souvent péjorative- n’a jamais eu autant de sens que dans ce contexte-ci.

Les temps sont durs, c’est une certitude. Mais cela dépasse largement nos frontières, et encore, nous ne sommes pas les moins bien lotis. Partout, c’est l’austérité, les coupes dans les dépenses publiques et l’augmentation des taxes qui sont au programme ; un passage obligé pour assainir les finances des Etats. Bien sûr, il ne faut pas subir et dire oui à tout. Faire entendre nos voix pour que ces mesures touchent toutes les couches sociales, pas seulement les plus démunies, que l’effort vienne autant du public que du privé, et qu’il n’entrave pas outre mesure notre compétitivité déjà brinquebalante. Mais l’effort est rarement indolore ; et la douleur ne s’oublie généralement que lorsque la satisfaction du résultat atteint vient s’y substituer.

Donner de la voix, c’est finalement le moins que l’on puisse faire – quand on peut le faire, vous diront les syndicalistes de Ford Genk, à qui la Sabam a interdit d’organiser des concerts gratuits en soutien aux travailleurs dont l’emploi passera à la trappe. L’Etat-providence a montré ses limites, même s’il nous assure encore la sécurité, l’accès aux soins de santé et à l’éducation pour tous, et un revenu de remplacement lorsque cela est nécessaire. Rien de moins. Pour autant, il lui est impossible, à cet Etat, de prendre soin de toutes les individualités qui constituent son peuple. C’est l’éternel conflit entre les visions micro et macroéconomiques : si notre sort collectif est, en grande partie, aux mains de l’Etat, notre sort individuel reste, en grande partie, notre responsabilité.

On peut donc dire, maudire, rugir ; ce qu’il faut surtout, c’est agir. Inutile de se leurrer : la sécurité de l’emploi est un principe aujourd’hui dépassé. Le salarié doit faire l’arbitrage entre un revenu fixe, des congés payés et divers avantages et le risque de perdre, à tout moment et sans qu’il ait son mot à dire, son emploi ; l’indépendant sait d’avance que son revenu sera proportionnel à son effort et que le marché décidera de la pertinence de son activité – qu’il est plus ou moins libre d’adapter, pour autant qu’il ait les compétences et les ressources requises.

Le Syndicat neutre pour indépendants (SNI) annonce que le nombre de starters a diminué de 11 % sur les neuf premiers mois de 2012, comparé à la même période l’an dernier. Alarmant, oui. Mais une fois encore, l’organisation clame qu’outre la crise, “le gouvernement, par une politique peu entrepreneuriale, est responsable de ce déclin”. Un peu facile. Ça, c’est de la “négative attitude”. A remplacer d’urgence et au minimum par de la “positive attitude”, mais aussi et surtout par de la “proactive attitude”, seule capable de nous tirer d’affaire. Se former, s’informer, oser se lancer, s’associer, se tromper : voilà comment prendre nos responsabilités. Et le rôle du gouvernement et des organisations de soutien, c’est de nous y encourager. Autant que leurs moyens le permettent.

CAMILLE VAN VYVE, rédactrice en chef adjointe

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