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“Pourquoi les baronnies FGTB préfèrent-elles un Rudy De Leeuw affaibli ?”

Rudy De Leeuw demeure président de la FGTB même s’il a bénéficié de la déduction des intérêts notionnels. Les puissantes centrales du syndicat rouge ont donc préféré un président faible à un fort, s’étonne Alain Mouton, journaliste au sein du magazine néerlandophone Trends.

Un président de syndicat s’emporte depuis des mois contre la déduction des intérêts notionnels… mais il est lui-même actionnaire d’une société qui fait usage de ce système de réduction d’impôt. Pour n’importe quel leader syndical, cette situation serait mortelle. Mais apparemment pas pour Rudy De Leeuw.

Le président de la FGTB a été écharpé dans la presse, et pourtant, la vraie base lui reste fidèle. Le comité fédéral de la FGTB a réaffirmé sa confiance dans le président. Officiellement, le syndicat doit resserrer ses rangs dans la lutte pour la préservation de sécurité sociale.

La vérité est tout autre. Rudy De Leeuw est, en tant que président, une figure affaiblie, qui guide peu les puissantes centrales et l’aile wallonne. Avec lui, le pouvoir réel réside dans les baronnies de la FGTB. Une situation des plus confortables pour ces potentats locaux. La saga des intérêts notionnels affaiblit Rudy De Leeuw en tant que président et renforce encore le poids des centrales.

Celles-ci détournent le modèle du dialogue social belge qui n’existe plus que de nom. Le véritable pouvoir, au sein de la FGTB, réside dans les centrales, et cela a déjà un effet sur le mouvement syndical en général. La grève du 30 janvier a surtout été électrisée par la centrale Métallurgistes Wallonie-Bruxelles. Son président, Nico Cué, veut entrer dans une confrontation personnelle avec le Premier ministre Elio Di Rupo. Le syndicat d’employés radical Setca et la Centrale Générale ont rapidement suivi. Cela a provoqué un effet domino qui obligea la chrétienne CSC et la libérale CGSLB à suivre le mouvement.

Rudy De Leeuw n’a pas le pouvoir de rappeler ses troupes à l’ordre. Il occupe le siège de président parce que les patrons du Setca et de la Centrale Générale, Erwin De Deyn et Alain Clauwaert, ne voulaient pas être eux-mêmes président. Ils savent qu’ils ont davantage de pouvoir en tant que présidents de leur baronnie respective. Cela a d’ailleurs mené, voici un an, à la situation absurde qui a vu Rudy De Leeuw approuver et signer un accord interprofessionnel que les centrales ont coulé peu de temps après.

Le poids de l’aile radicale de la FGTB inquiète les employeurs. Ceux-ci craignent que le syndicat rouge soit récompensé pour son attitude radicale aux prochaines élections sociales. Une FGTB plus forte et une CSC affaiblie pourraient bien compliquer encore l’accord salarial de cet automne.

Alain Mouton

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