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Pourquoi le budget 2012 ressemble à une césarienne

Plusieurs auditeurs m’ont posé une question de bon sens : pourquoi les six partis n’arrivent-ils pas à se mettre d’accord pour trouver les 11 milliards d’euros qu’il faut pour réduire notre déficit public ?

Plusieurs auditeurs m’ont posé une question de bon sens. Ils se demandent pourquoi, alors que l’Europe se montre insistante pour que nous agissions rapidement, et alors que le taux d’intérêt de notre dette publique a frôlé les 5 % à cause de la nervosité des marchés financiers, ils se demandent pourquoi les six partis n’arrivent pas à se mettre d’accord pour trouver les 11 milliards d’euros qu’il faut pour réduire notre déficit public. Sans doute un accord sera-t-il trouvé ce vendredi, mais même si c’est le cas, la réponse à ces auditeurs restera valable, je crois.

Première raison qu’il faut évacuer immédiatement : ce n’est pas par mauvaise volonté. Les dirigeants des six partis travaillent comme des malades pour trouver une solution. En revanche, prenons le cas de l’Open VLD, le parti libéral flamand. Voilà un parti qui n’avait rien à gagner électoralement sur la négociation institutionnelle. Son créneau, c’est le libéralisme économique. L’Open VLD veut imprimer sa marque sur ce budget ; sinon, il sera critiqué sur son aile droite par la N-VA, un parti qui lui a déjà volé une partie de son électorat d’indépendants et de chefs d’entreprise. S’il ne veut pas perdre les 13 députés qui lui restent, l’Open VLD doit démontrer que sa présence au futur gouvernement est efficace pour les thèses libérales.

Même son de cloche du côté du MR… sauf que le parti libéral francophone n’a aucun parti à sa droite et a donc moins de pression que son homologue flamand. Tout de même, le MR estime qu’il a beaucoup donné à la réforme de l’Etat en acceptant la fin de son cartel avec le FDF. Il veut, en contrepartie, imprimer sa vision libérale sur le budget en confection. Si, en plus, comme la révélé le journal Le Soir, il peut monnayer sa présence au niveau des régions, c’est un plus.

Quant au cdH, cette tension entre le MR et le PS l’arrange, en quelque sorte : son nouveau président veut montrer qu’il y a de la place entre les libéraux et les socialistes. C’est une manière, pour lui, de montrer qu’il n’est plus “scotché” au PS comme par le passé.

Quant au PS, il ne veut pas non plus que le fait d’avoir une prime – un Premier ministre socialiste potentiel, une première depuis des décennies – lui coûte trop cher sur le plan électoral. D’autant que les syndicats sont aux aguets et proposent déjà une grande manifestation générale en décembre si les mesures budgétaires sont jugées antisociales.

Ces quelques éléments d’analyse démontrent pourquoi la sortie de ce budget ressemble ou ressemblera à une… césarienne !

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