Zone de basses émissions: quels véhicules trop polluants sont visés?

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Les voitures les plus anciennes (et donc les plus polluantes) sont interdites d’entrée depuis février à Anvers. La Région bruxelloise aura également sa zone de basses émissions dès 2018. Le secteur automobile est plutôt favorable à la mesure qui se répand en Europe. A cette doléance près qu’il il n’y a pas d’harmonisation de la mesure : chaque ville a ses critères et ses contrôles.

Malgré divers projets et annonces, aucun péage urbain n’a à ce jour été lancé en Belgique pour réduire les embouteillages. En revanche, les mesures pour interdire les véhicules trop polluants arrivent. Après Berlin, Londres et Paris, plusieurs villes belges instaurent des ” zones de basses émissions ” (ZBE). Anvers a lancé la sienne en février et y interdit les autos diesel et essence trop anciennes (lire également l’encadré ” Les euro-indésirables “). La Région bruxelloise y passera en janvier 2018. Malines commence cet été, Gand arrivera en 2020. Beaucoup de voitures seront exclues des zones couvertes : plus de 100.000 autos du parc belge sont déjà hors des normes pour Anvers, plus de 30.000 pour la capitale en 2018, dont quasi 5.000 immatriculées dans la Région. Ce n’est qu’un début, les mesures étant plus sévères pour les années ultérieures.

Les objectifs sont peu contestables : les émissions d’azote (NOx) et les particules fines, nuisibles pour la santé, sont trop abondantes dans les villes. Seuls les véhicules récents sont équipés pour limiter ces pollutions malsaines. Céline Frémault, ministre bruxelloise de l’Environnement, qui porte le projet, espère une chute de 53,5 % pour les micro-particules et de 27 % pour l’oxyde d’azote. Pour y parvenir, elle a obtenu que la zone couvre toute la Région (hors Ring), et pas seulement les points les plus fréquentés comme prévu à l’origine.

Le secteur automobile n’est pas hostile au principe. ” Il est positif de faire prendre conscience aux automobilistes que leur véhicule ne correspond plus aux normes environnementales actuelles “, reconnaît Joost Kaesemans, porte-parole de la Fédération belge de l’automobile et du cycle (Febiac), même s’il s’interroge sur la méthode. ” On aurait pu arriver au même résultat en augmentant la taxe de circulation pour les véhicules anciens.”

Bon pour le marché de l’occasion ?

Les constructeurs ne peuvent voir d’un mauvais oeil une mesure qui pousse à remplacer plus vite une auto. Même le secteur de l’occasion n’y voit pas de souci, bien que la cote des véhicules fort anciens risque de chuter. Les acteurs y voient plutôt des affaires supplémentaires : ces zones se traduiront ” peut-être même par quelques ventes en plus à des automobilistes de ces grandes villes obligés de faire l’acquisition d’une voiture plus propre “, estime Jérôme Gathon, manager de la société wallonne Soco. Le sort des anciennes voitures le concerne moins : ” 95 % des voitures d’occasion commercialisées par notre enseigne ont moins de cinq ans “. La garantie d’une voiture trop ancienne vendue à un particulier coûterait trop cher au commerçant.

” Ces zones devraient surtout profiter au marché de l’occasion “, confirme Joost Kaesemans, de la Febiac. ” Je vois mal une personne âgée, propriétaire d’une voiture de 20 ans, roulant peu, aller acheter du neuf. Peut-être prendra-t-elle une occasion récente. Beaucoup renonceront à la voiture. ” A Anvers comme à Bruxelles, les pouvoirs publics évacuent la critique de discrimination sociale pour les petits revenus en mettant en avant, sur les sites décrivant les zones, les alternatives : transports en commun, et les nouveaux services de vélos et d’autos partagés.

Zone de basses émissions: quels véhicules trop polluants sont visés?
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En pratique, Anvers a interdit les voitures diesel sans filtre à particules et celles entrant dans la norme européenne d’émission Euro 0 essence(1). Bruxelles interdira quant à elle en 2018 les voitures diesel de la catégorie Euro 0 et 1, soit celles immatriculées avant 1997. D’autres catégories seront interdites dans les années à venir(2). Comme les voitures diesel Euro3 (2001-2005) à Bruxelles à partir de 2020. C’est important à savoir pour l’achat, aujourd’hui, d’une auto d’occasion : sa durée de vie peut en effet s’en trouver réduite. En 2025, seules les autos diesel aux normes Euro 6, immatriculées à partir de septembre 2015, seront autorisées dans la capitale.

De quoi freiner la tendance historique à conserver de plus en plus longtemps une voiture. L’âge moyen frôle les neuf ans aujourd’hui, contre six en 1993. La durée de vie maximale d’une voiture atteint les 17 ans.

Le gros hic de ces dispositifs ? Chaque ville applique ses règles, définit ses catégories de véhicules, ses exceptions, sa méthode de contrôle. Il n’y a aucune harmonisation européenne ni même nationale !

En général, les villes recourent à un système de vignettes signalant la catégorie d’émission du véhicule. C’est le cas de Paris ou de Lille (vignettes Crit’Air), que les automobilistes belges doivent demander, et des villes allemandes. Anvers et la région bruxelloise n’imposent pas la vignette. Les voitures seront contrôlées automatiquement par des caméras sur la voie publique. La plaque permettra de détecter les contrevenants. Les étrangers devront, quant à eux, s’inscrire sur un site pour éviter une amende (à partir de 100 euros à Bruxelles).

La cacophonie entre les villes

Les modalités aussi peuvent varier. Les ancêtres de plus de 30 ans seront les bienvenus à Bruxelles mais à Anvers, ils devront payer un péage par jour (pour les plus de 40 ans cette fois). Paris limite les contraintes aux seules heures ouvrables (8 h à 20 h du lundi ou vendredi). A Lille, la vignette Crit’Air (4,8 euros) n’est obligatoire que lors des pics de pollution. A Anvers, certains véhicules interdits pourront rouler moyennant 35 euros par jour, maximum huit jours par an (illimité pour les ancêtres). Londres va lancer en 2020 une Ultra Low Zone Emission au centre ville, qui n’acceptera que les diesels Euro 6 ou les essences Euro 4, en plus du péage en vigueur.

Bref, les zones de basses émissions, en se répandant, vont rendre les villes plus respirables pour les habitants. Mais plus compliquées pour les automobilistes. Pour ces derniers il sera plus sage, pour les villes étrangères visitées occasionnellement, d’envisager le train ou l’avion pour ne pas se compliquer la vie.

(1) Les catégories, par carburant, sont définies par la norme Euro attribuée au véhicule, dont la plus récente est Euro 6. La catégorie est mentionnée dans les documents d’immatriculation du véhicule. Notons que la norme Euro ne concerne pas les émissions de CO2. Elle plafonne l’émission de polluants toxiques comme le dioxyde d’azote (NO2) ou les particules fines.

(2) http://www.lez.brussels/fr/ https://www.slimnaarantwerpen.be/frs

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