Van Rompuy : “Les Européens seront prêts à intervenir si la Grèce le demande !”

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“Le gouvernement grec est courageux et rompt avec le passé. Nous serons prêts à intervenir si les Grecs le demandent.” Les mots sont d’Herman Van Rompuy, président de l’Union européenne. Côté allemand, on confirme officiellement cette position… même si l’on préfère croire “que la Grèce peut arriver à atteindre ses objectifs par ses propres moyens”. Côté grec, la situation ne s’améliore que lentement, avec notamment une inflation qui a flambé en mars.

Grèce : Fitch dégrade encore la note de la dette à long terme

[UPDATE] L’agence de notation Fitch a abaissé de deux crans la note de la dette à long terme de la Grèce, de BBB+ à BBB-, invoquant l’accroissement des “défis budgétaires” auxquels le gouvernement grec doit faire face, a-t-elle indiqué dans un communiqué reçu vendredi à Paris.

Fitch avait été la première des agences financières à rétrograder la note de la Grèce, le 8 décembre, donnant le signal d’une crise financière dans laquelle le gouvernement d’Athènes n’a pas cessé de se débattre. “La forte hausse des taux d’intérêt à laquelle doit faire face le gouvernement grec (…) va rendre plus difficile pour le gouvernement d’atteindre son objectif budgétaire de réduction du déficit à 8,7 % du PIB cette année”, estime l’agence de notation.

Grèce : “Les taux ne reflètent pas la situation réelle de l’économie !”

Les taux auxquels la Grèce doit emprunter sur les marchés “ne reflètent pas la situation réelle de l’économie du pays ni l’effort et les résultats déjà obtenus par le gouvernement”, a affirmé vendredi Georges Papaconstantinou, ministre grec des Finances, à l’issue d’une rencontre avec le Premier ministre, Georges Papandréou.

S’il confirme que “les taux sont évidemment une question qui nous préoccupe, nous croyons qu’ils ne reflètent pas la situation réelle de l’économie du pays ni l’effort et les résultats déjà obtenus par le gouvernement grec. Avec le temps, cependant, je crois que les marchés et nos partenaires européens prendront conscience de ces résultats – et nous aurons donc des taux plus raisonnables.”

En hausse depuis mardi, les taux des obligations grecques à 00 ans ont atteint jeudi le niveau historique de 7,508 %, du jamais vu depuis l’adoption de l’euro par la Grèce en 2001, ce qui a suscité de nouveau l’hypothèse de l’éventualité d’une banqueroute du pays et du recours au mécanisme d’aide européen et du Fonds monétaire international.

Le rendement des obligations d’Etat grecques s’est néanmoins détendu quelque peu vendredi matin sur le marché obligataire européen. En milieu de matinée, le rendement de l’obligation d’Etat grecque à maturité 10 ans pointait ainsi à 7,204 %.

La Grèce pourrait être contrainte de faire appel au plan d’aide européen

La Grèce pourrait être contrainte par les marchés à faire appel au plan d’aide concocté par ses partenaires européens, qui n’a pas suffi jusqu’ici à rassurer sur la capacité d’Athènes à financer ses déficits abyssaux, estiment des économistes. L’accord conclu le 25 mars par les pays de la zone euro, au terme d’âpres négociations, avait pourtant été conçu comme une arme dissuasive : il devait servir de garantie pour la solvabilité de la Grèce et donc alléger la pression du marché. Bref, il avait été mis au point pour ne jamais être mis en oeuvre…

Deux semaines plus tard, ce principe fondateur semble voler en éclats. “La dernière émission obligataire grecque, le 29 mars, n’a pas suscité une très forte demande malgré l’accord européen”, rappelle Frédérique Cerisier (BNP Paribas), soulignant les “incertitudes” sur la capacité de la Grèce à emprunter les 10 milliards d’euros dont elle a besoin d’ici fin mai pour honorer ses échéances.

“Il y a un vrai risque, si la Grèce fait appel aux marchés prochainement, que la demande des investisseurs pour la dette grecque soit insuffisante”, renchérit Chris Pryce (Fitch). Après une embellie aussi légère que passagère au lendemain de l’accord européen, les taux des obligations grecques se sont envolés pour battre jeudi leur record historique, à 7,5 %, avant de redescendre légèrement vendredi. Or, à plus de 7 % sur 10 ans, Athènes doit payer bien plus du double de l’Allemagne pour financer ses déficits !

Tant que le gouvernement grec ne retourne pas sur les marchés, ce surcoût n’est que virtuel. Mais il l’oblige à retarder le moment fatidique, relève Frédérique Cerisier. Et il se matérialisera dès lors qu’il lancera une nouvelle émission obligataire. Or, selon Chris Pryce, “la Grèce devra faire appel aux marchés d’ici une ou deux semaines ou faire appel au plan de soutien”.

Jeudi, Athènes a martelé qu’elle entendait continuer à emprunter sans activer “pour le moment” le plan d’aide. Mais, prévient Laurent Bilke, économiste chez Nomura, “il est de plus en plus probable que le gouvernement grec soit acculé à changer de stratégie” et à solliciter des prêts de ses partenaires européens et du FMI, comme le prévoit le plan de soutien. Pour lui, la Grèce ne peut plus se permettre d’attendre patiemment que les taux redescendent à un niveau acceptable.

Les analystes peinent désormais à identifier ce qui pourrait rassurer les investisseurs et éviter de déclencher le plan d’aide européen. “Il paraît difficile de demander de nouvelles mesures de rigueur aux Grecs, qui ont déjà consenti beaucoup d’efforts”, estime ainsi Cédric Tille, professeur à l’Institut de hautes études internationales et du développement de Genève.

Pour ces experts, reste à savoir à quel moment Athènes s’adressera aux instances européennes. “Les Grecs essaieront peut-être d’abord d’aller sur les marchés pour constater que les conditions sont vraiment prohibitives”, avance Cédric Tille. “Si les conditions actuelles du marché perdurent, inutile d’attendre qu’un accident survienne”, réplique Laurent Bilke.

La dernière inconnue est la réaction des pays européens. “Le risque est qu’Athènes fasse des appels du pied aux autres pays mais que la réponse soit trop cacophonique, que l’Europe traîne des jours et des semaines pour décider si et comment déclencher son plan, reprend Cédric Tille. Ce serait un chiffon rouge agité devant les marchés et les attaques contre la dette grecque redoubleraient de vigueur.”

Quant à un défaut de paiement pur et simple de la Grèce, c’est “hors de question”, a réaffirmé jeudi Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne.

Van Rompuy : “Les Européens seront prêts à intervenir si la Grèce le demande !”

Les Européens seront “prêts à intervenir si les Grecs le demandent” et à mettre ainsi en oeuvre un plan d’aide financière qu’ils ont récemment adopté, a assuré vendredi Herman Van Rompuy, président de l’Union, au journal français Le Monde et à trois autres journaux européens.

“Le gouvernement grec est courageux et rompt avec le passé. Nous serons prêts à intervenir si les Grecs le demandent. Ce plan d’aide ne sera crédible que s’il est opérationnel. Les discussions sont en cours pour fixer les modalités techniques et concrètes du mécanisme. La réunion des ministres des Finances de l’Eurogroupe, mi-avril, parviendra à trouver des solutions sur les problèmes restants s’il en reste encore.”

Ce mécanisme d’aide, adopté fin mars par le sommet européen, ne doit être en principe utilisé par la Grèce qu'”en dernier recours” si elle ne parvenait plus à emprunter à des taux raisonnables sur les marchés, en associant des prêts de pays de la zone euro et du Fonds monétaire international.

L’Allemagne préfère croire “que la Grèce peut arriver à atteindre ses objectifs par ses propres moyens”

“Je ne conseille à personne de douter du fait que ce filet de sécurité est bien là et qu’il peut être mis en oeuvre rapidement”, a déclaré Michael Offer, porte-parole du ministère allemand des Finances, lors d’un point de presse du gouvernement. Ceci dit, du côté de l’Allemagne, principal adversaire d’un sauvetage d’Athènes, “nous croyons que la Grèce peut arriver à atteindre ses objectifs par ses propres moyens”, a ajouté le porte-parole, évoquant “des signaux encourageants” parmi lesquels la réduction par la Grèce au premier trimestre de son déficit.

L’Allemagne, première économie européenne, serait le premier contributeur à un mécanisme d’aide européen. Michael Offer a refusé de commenter le chiffre de 5,4 milliards d’euros, hypothèse de contribution potentielle de l’Allemagne à une aide à la Grèce qui circule dans la presse.

Grèce : bond de l’inflation en mars à 3,9% sur un an

Le taux d’inflation en glissement annuel en Grèce a bondi en mars, atteignant 3,9 %, contre 2,8 % en février sur un an, a annoncé vendredi le service national des statistiques (Esye). Les prix à la consommation ont augmenté de 3,1 % sur un mois après une baisse de 0,5 % en février, tandis qu’en moyenne annuelle, ils ont progressé de 1,6 % (avril 2009-mars 2010) contre + 3,5 % pour la même période un an auparavant, a ajouté l’Esye dans un communiqué.

Sur un an, le seul poste en baisse est celui de l’alimentation et boissons non alcoolisées, à – 1,6 %. Le gouvernement socialiste, au pouvoir depuis octobre, a prévu dans le budget 2010 une inflation moyenne de 1,4 % pour l’ensemble de l’année.

Le déficit public de la Grèce a baissé de 40 % au premier trimestre

Le déficit public de la Grèce a baissé de 40 % au premier trimestre de 2010 par rapport à la même période l’année passée, sous l’effet des récentes mesures d’austérité. Le déficit a diminué de 7,1 milliards à 4,3 milliards d’euros, a déclaré jeudi George Papaconstantinou devant le parlement à Athènes.

Le gouvernement a assuré que la Grèce continuerait à emprunter sur les marchés en dépit de la hausse historique des taux. Ayant déjà emprunté fin mars à des taux de plus de 6 %, l’Etat grec n’a pas exclu une émission obligataire en dollars afin de lever 11,5 milliards d’euros et couvrir les besoins d’ici mai. La crise financière a pesé sur la Bourse d’Athènes, qui a clôturé jeudi en baisse de 3,11 %, après avoir plongé de 5 % en milieu de journée.

Trends.be, avec Belga

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