Une seconde vie pour les mines wallonnes ?

© Reuters

Va-t-on un jour s’éclairer grâce au méthane houiller wallon ? La CNP de l’homme d’affaires carolorégien y songe depuis des années. Et vient de relancer les démarches administratives. Mais ne vous attendez pas à une révolution similaire à celle du gaz de schiste américain.

Redouté des mineurs pour ses explosions meurtrières, le grisou redorera-t-il son image en fournissant courant et lumière dans les chaumines belges ? L’idée n’est pas si saugrenue que cela. Et remonte à 2008. La Compagnie nationale à portefeuille (CNP) d’Albert Frère avait alors, via sa filiale Transcor Astra, tenté d’obtenir la “verdurisation” du grisou afin de décrocher des subsides. Sans succès. Mais pas si farfelu non plus — l’Allemagne a donné son feu vert, elle. Mélange de CH4 et de CO2, ce méthane houiller wallon se dégage continuellement du sol. Or le CH4 est 21 fois plus polluant que le CO2 — le brûler aurait donc du sens.

L’acte deux est en train de s’écrire, puisque la compagnie d’Albert Frère, assistée de plusieurs consultants spécialisés dans les charbonnages, a repris contact ces dernières semaines avec l’administration wallonne afin de relancer les démarches administratives, ont relayé nos confrères de L’Echo. Sur la table, deux dossiers. Le premier lorgne une région de 443 km2 au sud de Charleroi. L’idée : étudier pour de bon le potentiel de récupération de méthane dans les couches vierges d’exploitation minière. Si Transcor se montre pour l’heure prudente en matière d’estimations, une étude réalisée par l’université de Mons en 2008 tablait sur un potentiel de 50 millions de m3 de gaz par km2 entre Mons et Binche — à titre de comparaison, la Belgique engloutit, bon an mal an, quelque 18 milliards de m3 de gaz.

Potentiel minier limité

La technique d’exploitation du gaz de houille n’a rien de comparable avec celle utilisée pour le gaz de schiste, relève-t-on déjà du côté de la Région, qui se dit “ouverte au projet et à la discussion”. Ici, point de roche à fracturer, et donc d’utilisation de substances chimiques susceptibles de polluer les nappes phréatiques notamment. La Belgique n’aurait rien d’un Eldorado, cependant, la majorité des mines wallonnes étant noyées sous eaux. Son potentiel minier est donc limité — tout comme l’investissement nécessaire à son exploitation, souligne-t-on chez Transcor Astra.

Dossier numéro 2 : l’exploitation des anciens réservoirs de Distrigaz, à Péronnes et Anderlues. Le premier aurait moins de 4 millions de m3 à offrir, mais à Anderlues, ce seraient, à en croire Transcor Astra, pas moins de 10 millions de m3 qui attendraient leur heure sous la surface de la terre. Rien à voir non plus avec l’exploitation de gaz de schiste, insiste Gauthier De Potter. “La Région wallonne a tout intérêt à trouver un exploitant. Si on n’exploite pas le gaz contenu dans ces réservoirs, il faudra tôt ou tard les sécuriser.”

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