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Un “Plan Start-up” pour plus de financement, d’éthique et de développement durable au sein des jeunes PME

Le gouvernement Michel tente de promouvoir les jeunes start-ups innovantes par une série de nouvelles mesures. Ce plan apporte des pistes de solution à trois grands maux qui frappent ce début de siècle: le difficile financement de nos entreprises, le manque d’éthique dans l’économie et la dégradation de notre planète.

Le gouvernement Michel, par l’intermédiaire de ses ministres Willy Borsus (PME et Indépendants) et Alexander De Croo (Agenda numérique), tente de promouvoir les jeunes start-ups1 innovantes par une série de nouvelles mesures parmi lesquelles un cadre fiscal préférentiel (“Tax Shelter”), des avantages fiscaux pour favoriser le financement participatif (“Crowdfunding”) et une déduction unique pour les investissements dans le numérique2. Ce plan apporte des pistes de solution à trois grands maux qui frappent ce début de siècle: le difficile financement de nos entreprises, le manque d’éthique dans l’économie et la dégradation de notre planète.

Un “Plan Start-up” pour plus de financement, d’éthique et de développement durable au sein des jeunes PME

Drieu Godefridi, éminent philosophe et juriste belge, mentionnait, dans une opinion récente, qu’entreprendre ne nécessitait pas une idée originale mais, surtout, du capital et de la rigueur dans son déploiement3. Du capital. Mais comment obtenir les fonds nécessaires sans quoi toute velléité d’entreprendre reste à l’état de papier? Le financement des petites entreprises se réalise, principalement, de trois manières: le financement bancaire (via des prêts), le marché obligataire et celui des capitaux propres. Contrairement aux financements obligataires américain et anglais extrêmement développés, le financement bancaire conserve une place prépondérante en Europe continentale. Cependant, et davantage encore après la crise économique, les banques octroient peu de crédits à risque ou négocient chèrement leurs conditions financières par des taux d’intérêt élevés et des maturités non négociables. Il reste l’option des capitaux propres via les fonds de capital-développement (equity funds) ou fonds de capital-risque (venture capital funds). Ces derniers ont le vent en poupe. Les levées de fonds de plusieurs millions ces dernières semaines de “Teamleader” ou de “Take Eat Easy” ont fait grand bruit et illustrent son succès. Cependant, les démarches pour accéder à ces fonds restent sibyllines tandis que les montants d’entrée restent très élevés pour la grande majorité des épargnants.

Le gouvernement, par ce nouveau plan, tente de surmonter ces obstacles pourtant bien connus. En effet, l’originalité de cette réforme réside dans la démocratisation de l’accès aux marchés des capitaux et dans la promotion de l’investissement privé à petite échelle. Les avantages du “Tax Shelter” sont limités à 100.000 euros/an par investisseur et 250.000 euros par société éligible. De plus, ceux-ci s’adressent directement aux personnes physiques en leur proposant une réduction d’impôt de 30% si l’investissement s’effectue au sein d’une PME et 45% si l’entreprise rentre dans les critères d’une “micro-société”. Le “Crowdfunding” est également porté aux nues au sein de ce plan. En effet, les ministres ont saisi sa facilité d’accès et sa simplicité, jusqu’à présent inégalées, et lui font bénéficier des mêmes avantages fiscaux. Un exemple éloquent de l’efficacité de ce mécanisme est le pari fou de l’anglais Thom Feeney de rembourser la partie exigible de la dette grecque, 1,6 milliard d’euros, à l’égard du FMI. Deux jours ont suffi à récolter la somme de 1,5 million avec un montant moyen investi par souscripteur de 17 euros! Il s’agit ici de dons portés par un bon sentiment populaire et non pas d’investissements mais la comparaison s’opère aisément. Cependant, certains experts demeurent sceptiques quant à son aide au financement et considèrent que cette méthode sert plus à mesurer l’engouement des internautes pour le produit de la société et à faire de la publicité. Enfin, le gouvernement propose un avantage fiscal en cas de prêt allant jusqu’à 15.000 euros qui permet aux citoyens de se substituer aux banques.

Derrière la condition de conserver les parts au minimum 4 années afin de jouir pleinement du mécanisme fiscal, se cache une véritable volonté d’établir une relation entre l’investisseur et l’entrepreneur qui s’élève au-delà des seules considérations pécuniaires. Ce placement à moyen ou long terme pousse les protagonistes à appréhender ensemble un avenir économique jonché d’incertitudes, de désillusions mais aussi de succès. Un regain d’humanité qui redore le blason d’un monde financier trop souvent associé à ses abus spéculatifs dans la conscience collective.

Enfin, l’objectif de réduire l’empreinte écologique apparaît très clairement à travers l’avantage fiscal octroyé à l’investissement dans le numérique et, plus généralement, à travers le nouveau plan d’action “Digital Belgium”. Ce dernier a pour but d’amener notre pays dans le top trois des structures numériques européennes4. Alors que d’aucuns arguent que la préservation de notre planète passe par une nécessaire décroissance, le gouvernement, quant à lui, choisit le chemin du développement durable. Non seulement les nouvelles technologies constituent l’avenir de la croissance et de l’emploi5 mais sont également des moyens novateurs afin de concilier les impératifs de développement économique et celui de respect de notre environnement. En effet, l’impact écologique se réalise, notamment, à travers, la dématérialisation qui réduit la consommation de CO26 et, notamment, à travers l’aménagement numérique du territoire qui évite les concentrations urbaines sources de pollution et de pression sociale.

1 L’entreprise doit avoir au maximum 4 ans et avoir été constituée après le 1er janvier 2013.

2 Le “Tax Shelter” est rentré en vigueur ce 1er juillet tandis que les mesures du “Crowdfunding” sont prévues pour le 1er janvier 2016.

3 Drieu Godefridi, “Faut-il une idée pour entreprendre?”, Libre Belgique, 28 mai 2015.

4 Datanews, “De Croo, la Belgique doit devenir une nouvelle sommité numérique”, 21/04/2015.

5 D’ici 2020, l’objectif est de créer 1000 start-ups supplémentaires dans le numérique et 50.000 nouveaux emplois.

6 La dématérialisation de 271 millions de factures éviterait l’émission de 2.000 tonnes de CO2, soit autant que 2.000 allers-retours Paris-New York en avion.

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