UE, FMI, BCE, Bourse : 4 mesures d’urgence pour calmer les marchés

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Suite à la dégelée boursière généralisée de la semaine dernière, les autorités ont pris de fermes décisions le week-end dernier. L’Europe devrait, au total, débloquer 750 milliards d’euros de soutien aux pays en difficulté de paiement. Plusieurs banques centrales se sont concertées pour lancer des mesures communes. Le FMI a approuvé un programme d’aide à la Grèce de 30 milliards d’euros sur trois ans. Les régulateurs boursiers du Vieux Continent tiennent, eux, les spéculateurs plus à l’oeil que jamais.

Mesure n° 1 : 750 milliards d’euros au niveau européen pour aider les pays en difficulté

Les ministres des Finances des 27 ont trouvé un accord, dans la nuit de dimanche à lundi, sur un vaste plan de soutien financier pour la zone euro. Après plusieurs heures de négociations, ils ont avancé le chiffre gigantesque de 720 milliards à 750 milliards d’euros de prêts disponibles pour des pays en difficulté de paiement, dont 220 milliards à 250 milliards à charge du FMI.

L’enveloppe se décompose en plusieurs contributions. Un montant de 440 milliards sera collecté par un véhicule spécial (special purpose vehicle, SPV), avec les garanties des Etats de la zone euro eux-mêmes. Ce véhicule, aux contours encore imprécis, sera sans doute piloté par la Commission européenne. Il est le fruit d’un compromis laborieux entre les 27 ministres sur base d’une proposition adoptée dans l’urgence dimanche matin par la Commission.

Celle-ci préconisait de mettre en place un mécanisme proprement communautaire, mais l’idée a été farouchement rejetée par Berlin. Soucieuse de préserver ses conditions d’emprunt très favorables, l’Allemagne a obtenu de ne pas diluer la confiance dont elle jouit. Chaque Etat apportera donc une contribution bilatérale au SPV.

La Commission garantira par ailleurs directement des prêts de 60 milliards d’euros, dans le cadre d’une facilité de paiement basée sur les marges non utilisées du budget communautaire. Cette formule réplique une facilité existant déjà pour les pays européens non membres de la zone euro, dont ont bénéficié la Hongrie, la Roumanie et la Lettonie.

Ce montage complexe, mi-communautaire mi-intergouvernemental, doit être peaufiné par des décisions techniques dans les prochains jours. “On n’a pas encore désigné” les gestionnaires précis du SPV, a notamment admis Didier Reynders, ministre belge des Finances. Interrogé sur le compromis, il a répondu par une boutade : “Pour un Belge, ce n’est jamais assez européen !”

Dans leurs conclusions, les ministres des Finances disent en outre “accueillir favorablement et soutenir fermement l’engagement du Portugal et de l’Espagne de prendre des mesures additionnelles de consolidation budgétaire en 2010 et 2011”. Ces deux pays avaient été plus particulièrement visés par la spéculation ces derniers jours. Ils rappellent en outre leur volonté de mieux réguler le système financier et d’envisager la possibilité d’une taxe sur les transactions financières. Négocié dans l’urgence, le plan est censé rassurer les marchés financiers, qui exercent depuis des jours une pression intense sur les Etats européens.

Mesure n° 2 : action concertée des banques centrales pour stabiliser les marchés

La plupart des grandes banques centrales dans le monde ont annoncé, dans la nuit de dimanche à lundi, des mesures concertées et exceptionnelles pour ramener la stabilité financière dans la zone euro, portant notamment sur l’approvisionnement en dollars des banques.

La Banque centrale européenne et ses consoeurs des Etats-Unis, du Canada, d’Angleterre et de Suisse ont décidé de réactiver les mécanismes d’échanges (swap) de devises entre elles pour permettre à l’Europe notamment de se procurer plus facilement des dollars. Un tel dispositif avait été utilisé lors du déclenchement de la crise financière mondiale en 2007-2008. Ces accords permettront d’améliorer les conditions de liquidité sur les marchés du financement en dollars américains et de prévenir la propagation des tensions sur d’autres marchés et centres financiers.

Concrètement, la crise de la dette dans la zone euro, déclenchée en Grèce et qui s’est étendue ensuite à d’autres pays, a créé un mouvement de défiance généralisé des marchés. Le taux de change de l’euro a chuté face au dollar ces dernières semaines, et les banques européennes éprouvent des difficultés à s’approvisionner suffisamment en dollars, d’où le dispositif mis en place pour les soulager.

Mesure n° 3 : le FMI approuve un crédit de 30 milliards d’euros sur trois ans pour la Grèce

Le Fonds monétaire international a approuvé un programme d’aide à la Grèce de 30 milliards d’euros sur trois ans, a-t-il annoncé dimanche dans un communiqué, à l’issue d’une réunion de son conseil d’administration. Le FMI et les pays de la zone euro ont promis au total à la Grèce une aide de 110 milliards d’euros sur trois ans pour l’aider à faire face à sa crise budgétaire.

L’Union européenne s’est dite de son côté déterminée dimanche à “défendre” la zone euro via la mise en place de mécanismes de soutien aux pays en difficulté afin de stopper la contagion de la crise grecque à d’autres pays de l’Union monétaire européenne, sous la pression des Etats-Unis qui réclament des mesures “énergiques”.

Le président Barack Obama a ainsi “parlé avec la chancelière Merkel ce matin dans le cadre de son engagement continu à suivre la situation économique en Europe, à déclaré à des journalistes un porte-parole de la Maison-Blanche, Bill Burton. Ils ont aussi jugé important que les membres de l’Union européenne prennent des mesures énergiques pour redonner confiance aux marchés.”

Mesure n° 4 : les régulateurs européens s’engagent à surveiller “de près” les marchés

Les régulateurs boursiers européens se sont engagés à surveiller “de près” les marchés qui ont dévissé ces derniers jours en raison de la crainte d’une contagion de la crise grecque, sans toutefois décider d’ouvrir d’enquêtes sur d’éventuels mouvements spéculatifs.

Les membres du Comité européen des régulateurs (CESR) ont ainsi décidé de faire particulièrement “attention aux écarts potentiels, au respect des règles et aux cas de manipulation de marché en vue de coordonner l’action des régulateurs”, indique un communiqué publié à l’issue d’une réunion vendredi à Barcelone.

Avant de participer à cette réunion, Jean-Pierre Jouyet, président de l’Autorité des marchés financiers (AMF), le gendarme boursier français, avait prévenu sur iTélé que les régulateurs allaient taper “sur les doigts de tous ceux qui se sont mal comportés” : “Il y a eu, ces derniers jours, des rumeurs infondées qui ont eu lieu, et sur l’Espagne, et sur l’Italie. Il y a eu des mouvements spéculatifs qui ont été repérés.”

Les régulateurs européens se sont également engagés à se “concerter étroitement” avec les autorités de régulation américaines, la Securities & Exchange Commission (SEC) et la Commodity Futures Trading Commission (CFTC). Les Bourses européennes ont connu plusieurs séances très agitées cette semaine, marquées par de violents mouvements de marché parfois inexpliqués.

Conséquence directe : les Bourses reprennent du poil de la bête lundi matin

A Tokyo, l’indice Nikkei a terminé la séance de lundi en nette hausse de 1,6 %, le marché saluant le vaste plan d’aide aux pays de la zone euro décidé par l’Union européenne. A la clôture, l’indice Nikkei 225 des valeurs vedettes a gagné 166,11 points, à 10.530,70 points. Il n’a toutefois rattrapé qu’une petite partie du terrain perdu jeudi et vendredi (- 6,27 %), lorsque la place tokyoïte a plongé dans le sillage des Bourses occidentales. Lundi, l’indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a pour sa part repris 12,90 points (+ 1,38 %), à 944,64 points. L’activité a été assez soutenue avec 2,3 milliards d’actions échangées sur le premier marché.

Les Bourses européennes ont, elles, ouvert en très forte hausse lundi matin. Peu après 9 h, Paris gagnait 5,59 %, Lisbonne 7,51 %, Milan plus de 6 %, Amsterdam 3,3 %, Londres 3,34 %, Francfort 2,91 % et Madrid plus de 5%. A Bruxelles, le Bel 20 bondissait de 6,1 %, avec l’ensemble de ses composants dans le vert. Vendredi, à l’issue d’une semaine agitée, les places européennes avaient toutes lâché plus de 3 %, à l’exception de Londres (- 2,62 %).

Trends.be, avec Belga

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