Turquie: inflation historique

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Le taux d’inflation en Turquie a atteint 15,85% en juillet sur un an, contre 15,39% en juin, selon les chiffres officiels publiés vendredi, un record depuis 2003, alors que l’économie est sous pression et que la monnaie turque est à un plus bas historique. Les prix à la consommation ont augmenté de 0,55% entre juin et juillet, et de 15,85% en rythme annuel, d’après les données publiées par l’Office national des statistiques (Tüik).

Les secteurs les plus affectés par la hausse sont notamment les transports, dont les prix ont augmenté de 24,41% en un an, et l’alimentation (+19,4%). Mardi, la banque centrale de Turquie (CBRT) a fortement révisé à la hausse ses prévisions pour l’inflation en 2018, estimant qu’elle serait de 13,4% à la fin de l’année, contre une précédente prévision de 8,4%. Cette décision, ainsi que l’annonce le lendemain de sanctions américaines contre deux ministres turcs en lien avec la détention d’un pasteur américain en Turquie, ont poussé la livre turque, déjà affaiblie, à un plus bas historique. Elle s’échange en effet depuis mercredi soir à plus de 5 TRY contre un dollar.

Le chiffre de l’inflation pour le mois de juillet étant légèrement inférieur aux attentes du marché, qui tablait sur une hausse des prix à la consommation de plus de 16%, la livre a peu réagi à sa publication vendredi. Bien qu’ils soient meilleurs que prévus, les résultats de vendredi “sont loin d’apporter un soulagement”, estime dans une note QNB Finansbank, qui estime que l’inflation dépassera probablement les 17% dans les prochains mois, et prévoit qu’elle s’établira à 16,2% en fin d’année.

Le haut niveau de l’inflation “reflète en partie la dégringolade de la livre, qui était de 25% plus faible contre le dollar en juillet par rapport à il y a un an, mais les pressions sous-jacentes sur les prix sont fortes” également, affirme Capital Economics dans une note à ses clients. Les chiffres de vendredi, couplés à la faiblesse de la livre turque, “renforcent les arguments en faveur de la hausse des taux d’intérêt”, ajoute le cabinet d’études et de conseil. La plupart des économistes préconisent en effet une hausse significative des taux d’intérêt de la CBRT, mais la banque centrale est sous pression du gouvernement, le président turc Recep Tayyip Erdogan, “ennemi” autoproclamé des taux d’intérêt, prônant l’inverse.

“Notre priorité numéro un, c’est la baisse de l’inflation et des taux d’intérêt”, a déclaré vendredi le ministre des Finances, Berat Albayrak, affirmant que l’inflation redeviendrait à un chiffre dès 2019. Dans ses prévisions révisées, la CBRT affirmait mardi prévoir une inflation à 9,3% fin 2019.

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