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Traiter simultanément crise économique et crise climatique

L’ancien ministre Philippe Maystadt le disait encore récemment : l’erreur commune actuelle, c’est de dire que la priorité est le traitement de la crise économique et du chômage et qu’ensuite, on s’occupera du problème du climat. Pour Philippe Maystadt, et il n’est pas le seul à le dire, l’erreur, c’est de vouloir résoudre ces problèmes importants de manière successive et non pas simultanée.

Mais malheureusement, ce discours a peu de chance d’être entendu : non pas parce que les citoyens se fichent du climat qu’ils vont léguer à leurs enfants, mais parce que comme le faisait remarquer l’écologiste britannique George Marshall, dans une interview très intéressante chez nos confrères de l’Echo, ce sont des raisons psychologiques qui jouent contre la prise de conscience des problèmes climatiques. C’est ce qui fait que les discours alarmistes ne passent pas.

Le même George Marshal a posé la question à Daniel Khaneman, un prix Nobel d’économie, spécialisé dans l’économie comportementale, pour comprendre pourquoi les citoyens ne prêtent pas l’attention qu’il faut à la dégradation de notre climat. La réponse du prix Nobel est sans appel : le changement climatique est la pire combinaison pour nous, simples êtres humains. En effet, c’est quelque chose qui se situe dans le futur mais qui nous force à faire des sacrifices immédiatement pour éviter des coûts incertains et futurs ! Bref, c’est tout ce que nous détestons faire au plus profond de nous-mêmes.

L’erreur commune actuelle, c’est de dire que la priorité est le traitement de la crise économique et du chômage et qu’ensuite, on s’occupera du problème du climat.

Mais en plus, l’autre inconvénient pour mobiliser largement les citoyens contre le changement climatique, c’est que nous n’avons pas d’ennemi. Dans cette lutte contre la dégradation volontaire de notre climat, nous ne pouvons pas pointer quelqu’un du doigt et dire “c’est lui (ou elle) le problème”.

Et c’est normal, l’ennemi, c’est NOUS en quelque sorte. Comme le dit si bien George Marshal, le problème vient de notre façon de vivre, nos cerveaux sont fabriqués pour ignorer certaines choses. Bien entendu, personne ne souhaite provoquer le changement climatique, “nous vivons juste nos vies” du mieux qu’on peut. Donc, nous avons tendance à réagir en repoussant ce problème en disant “surtout, ne me le reprochez pas”. Au fond, l’avantage médiatique de la crise économique sur la crise climatique, c’est que la crise économique, c’est ici, c’est maintenant et ça affecte ce que j’ai dans ma poche. C’est dommage comme attitude, mais cela prouve une fois de plus que notre pire ennemi, c’est nous-mêmes.

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