Tension sur toute la ligne? Ou le long chemin de l’énergie éolienne…

© Reuters

Le projet Stevin vise à amener, chez le consommateur, l’énergie qui sera produite par un parc éolien offshore tournant à plein régime. Seulement, si beaucoup aiment l’énergie venue de la mer, bien peu rêvent pour autant de voir pousser une nouvelle ligne à haute tension au fond de leur jardin…

Une fois que toutes les concessions en mer du Nord seront opérationnelles et que chaque éolienne y tournera, le réseau actuel ne suffira plus à transporter toute cette énergie nouvelle à l’intérieur des terres. C’est pourquoi Elia est chargé de déployer 45 kilomètres d’une ligne à haute tension – 380 kV – entre Zomergem et Zeebrugge. Un poste à haute tension à Zeebrugge convertira l’électricité de 380kV vers d’autres niveaux de tension. Certes, ce projet, du nom de projet Stevin, est ambitieux: “après tout, il s’agit là de s’adapter à de nouveaux modes de production et de consommation de l’énergie”, avance Axelle Pollet, porte-parole chez Elia. C’est aussi un projet de longue haleine, surtout lorsqu’on tient compte du temps nécessaire à l’obtention de tous les permis.

Le gouvernement flamand a d’ailleurs souhaité assouplir ces lourdeurs administratives, récurrentes dans tout projet d’infrastructure. Il a donc mis au point en 2008 la procédure dite d’integratiespoor. Celle-ci permet que les phases de consultation publique soient annoncées par internet uniquement. C’est cette nouvelle procédure qu’Elia a suivie pour le projet Stevin. Sans s’y cantonner, car, comme le raconte Axelle Pollet, “l’expérience nous a appris à être proactifs, à aller au-devant des riverains et de leurs questions en organisant par exemple des sessions d’information”. Les riverains s’interrogent notamment sur l’impact qu’aura l’apparition d’une ligne à haute tension sur leur santé ou la valeur de leur maison.

Cet été, la Cour constitutionnelle a jugé que la diffusion d’information par internet uniquement, dans la procédure integratiespoor, était contraire au principe d’égalité. La balle est à présent dans le camp du gouvernement flamand, qui voit plusieurs dizaines de chantiers concernés par cette décision. Ses juristes travaillent à apporter une réponse juridique à ce blocage venu d’une question de procédure. Dans l’attente d’une solution définitive, Elia continue à introduire ses demandes de permis.

Toute cette situation fait souffler un vent d’incertitude sur les investisseurs de l’offshore. Qui s’engagerait à financer des éoliennes, s’il n’a pas la garantie que leur énergie pourra ensuite être transportée? Bart Stevenant, du Voka, va jusqu’à s’exclamer que “un chantier de quatre milliards d’euros risque ainsi de nous passer sous le nez”. De toutes façons, tout retard aurait un coût, en temps comme en argent, qui se reflèterait dans la facture du consommateur. De plus, il éloignerait la Belgique de ses ambitieux objectifs européens en matière d’énergies renouvelables à l’horizon 2020.

Le progrès dépend, sans doute, de notre capacité à exploiter de nouvelles sources d’énergie. Mais il dépend aussi, encore et toujours, de notre capacité à trouver un équilibre entre l’intérêt collectif et l’intérêt particulier, à court et à long terme!

Sibylle Greindl

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