Taxes sur la viande de porc américaine: les gagnants et les perdants

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Les taxes annoncées par le gouvernement mexicain mardi sur la viande de porc américaine en représailles contre celles décidées par les Etats-Unis sur l’acier et l’aluminium feront inévitablement des gagnants et des perdants.

Les producteurs mexicains de viande porcine devraient logiquement profiter de la décision du gouvernement mexicain. Environ 80% des importations de cette viande proviennent des Etats-Unis. “Ces taxes nous donnent l’opportunité de développer et de renforcer la production nationale”, s’est félicité Alejandro Ramirez, directeur de la Confédération des producteurs mexicains, qui regroupe 5.600 unités de production. Les producteurs européens devraient également profiter de la décision du gouvernement mexicain.

Jusqu’à la fin de l’année, la viande importée “proviendra sûrement d’Europe”, a ainsi avancé mardi le ministre mexicain de l’Economie, Ildefonso Guajardo. La Belgique, la France, le Danemark, l’Espagne, l’Allemagne et l’Italie figurent parmi la liste de pays européens avec lesquels le Mexique a signé des protocoles sanitaires, selon un document fourni par les autorités mexicaines.

Le Chili, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, qui possèdent des accords similaires, pourraient également en profiter. Le Mexique est le plus grand marché d’exportation de viande de porc pour les Etats-Unis, “avec près de 25% des exportations l’an dernier” selon Jim Heimerl, président du Conseil national des producteurs américains de viande porcine. Le secteur représente plus de 500.000 emplois dans des zones rurales dont 110.000 sont directement liés aux exportations, selon cette organisation. Les Etats-Unis exportent notamment la viande provenant des cuisses du porc, peu consommée sur le marché américain car considérée trop grasse.

Par ailleurs, près de 90% des achats de viande porcine des pays d’Amérique latine proviennent des Etats-Unis, son plus grand partenaire commercial, selon des chiffres officiels. Si par solidarité avec le Mexique, d’autres pays latino-américains décidaient de se tourner vers d’autres fournisseurs, l’impact pourrait être plus grand encore sur les exportations américaines. La viande porcine est très consommée au Mexique, notamment dans les tacos. Elle est plus abordable que la viande bovine, souvent près de deux fois plus chère. Près de 40% de la viande porcine consommée au Mexique est importée. Une pénurie ou des fournisseurs plus chers pourraient entraîner une hausse des prix de ce produit très apprécié des consommateurs mexicains aux revenus modestes.

“Un des critères pour l’élaboration de la liste est de minimiser au maximum l’impact sur l’inflation”, a assuré dans la matinée le ministre mexicain de l’Economie, Ildefonso Guajardo, écartant tout risque de pénurie. En taxant la viande porcine, le gouvernement mexicain vise un secteur réputé favorable au président Trump à six mois des élections américaines de mi-mandat en novembre.

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