Taxe Tobin: le cavalier seul de la France agace l’Europe

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Le gouvernement français a annoncé qu’il était prêt à voter une taxe sur les transactions financières “en cours d’année”, même si les Etats européens n’y sont pas prêts. Un cavalier seul qui a suscité de nombreuses réactions hostiles…

Sorties très remarquées de la droite française ce vendredi. Le conseiller spécial du président français, Henri Guaino, a lancé les hostilités le matin affirmant qu’une décision française sur l’instauration d’une taxe sur les transactions financières serait prise avant la fin du mois de janvier. Mieux, si l’Allemagne refusait de donner son aval d’ici là, la France ferait cavalier seul, quitte à instaurer une taxe française sur les transactions financières pour “montrer l’exemple”. Cette déclaration fait suite aux révélations du quotidien Libération qui affirme ce même jour que L’Elysée “serait prêt à faire voter une loi de finance rectificative pour faire adopter sa taxe en urgence”. Le ministre français de l’Economie François Baroin est allé dans ce sens vendredi matin, affirmant que la taxe Tobin “verra le jour dans le courant de l’année”. Mais la France semble bien isolée pour mettre en place sa taxe…

L’Allemagne est contre

Principal partenaire de la France dans ce dossier, Berlin a clairement pris ses distances avec les velléités françaises de cavalier seul, privilégiant un accord commun en Europe. “La position allemande est inchangée: le but est d’aboutir à l’instauration d’une taxe sur les transactions financières dans l’Union européenne”, a indiqué le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert. Il ajoute que l’objectif affiché par l’Allemagne lors des discussions avec la France sur le sujet en décembre était seulement de “commencer par clarifier” la situation en Europe, sans forcément parvenir à une décision définitive dès les premiers mois de l’année.

L’Italie appelle à l’unité

Le Premier ministre Mario Monti a également affirmé qu’il était “nécessaire que les différents pays européens n’aillent pas en solitaire dans l’application” de la taxe, mettant directement en garde l’ambition solitaire de la France. “Je crois à une perspective européenne”, a-t-il poursuivi. Présent à ses côtés, François Fillon a tenté de justifier la position française. “A un moment il faudra que quelqu’un mette le pied dans l’eau froide, et nous nous pensons qu’il faut vraiment le faire en 2012. Donc nous poussons pour que ça soit fait rapidement et que ça ne reste pas un projet dont on débat pendant 30 ans”, a expliqué le Premier ministre.

La Commission calme le jeu

Même son de cloche à la Commission européenne qui préfère pour le moment en rester aux déclarations d’intentions. “Bien sûr, nous encourageons les Etats membres à travailler en étroite collaboration avec la présidence danoise (de l’Union européenne) pour présenter de telles initiatives, afin d’assurer une approche cohérente et des résultats efficaces”, a affirmé un porte-parole bruxellois. Selon la Commission, le calendrier français promettant une décision définitive à la fin janvier est encore prématuré en raison des réticences du Royaume-Uni et de la Suède.

Ali Bekhtaoui

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