Taxe sur le nucléaire : plutôt 900 millions que 250 millions d’euros par an ?

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La Creg a dénoncé la réplique d’Electrabel à son étude sur les bénéfices tirés du nucléaire belge, soulignant un argumentaire “de plus en plus comptable et vague”. Le cdH, en revanche, vise soit à diminuer le coût de l’énergie en faisant baisser la marge des producteurs, soit à augmenter leur contribution au budget du pays à 900 millions d’euros, contre 250 millions prévus à ce jour.

“Notre analyse de la marge bénéficiaire du secteur nucléaire se base sur les coûts de production, a précisé un responsable de la Commission de régulation de l’électricité et du gaz, en réaction à un communiqué d’Electrabel qui dénonçait la méthode utilisée par la Creg. Electrabel glisse plus vers un terrain comptable dans son analyse. Le résultat d’exploitation d’Electrabel reflète d’autres activités qui ne sont pas comprises dans le nucléaire.”

La Creg a dévoilé vendredi les résultats de son étude sur le coût de production de l’électricité à partir des centrales nucléaires belges et sur la marge bénéficiaire générée par ce mode de production. Cette marge est comprise entre 1,75 milliard et 1,95 milliard d’euros, selon le régulateur belge de l’énergie.

Dans sa réplique, Electrabel se base sur le résultat d’exploitation d’Electrabel SA et de sa filiale de vente ECS. “Il faut savoir ce que cela représente vraiment, répond l’autorité de régulation. Cela reprend toute une série d’éléments financiers car ces sociétés ont d’autres activités que le nucléaire, alors que la Creg a analysé les coûts propres à cette activité.”

La Creg juge donc la riposte d’Electrabel assez vague : “En s’engageant sur le résultat d’exploitation, Electrabel ne démonte pas (notre) méthodologie !”

Bénéfices du nucléaire : le cdH vise désormais “900 millions de nouvelles recettes par an”

Des nouvelles recettes d’au moins 900 millions d’euros par an en provenance du nucléaire seront possibles pour financer les politiques de demain et réduire le coût de l’énergie, commente vendredi le cdH. Le parti humaniste propose d’instaurer un système de rachat (acheteur unique) de l’électricité nucléaire à un prix constitué des coûts de production et d’une marge bénéficiaire raisonnable (et donc inférieure au prix du marché).

Si cette piste, pour des raisons juridiques ou pratiques, s’avère impossible à concrétiser, la taxe nucléaire, instaurée par le gouvernement fédéral en 2008 et confortée par la cour constitutionnelle, devra être renforcée pour arriver, si l’on prolonge toutes les centrales, à minimum 900 millions d’euros, soit 650 millions de plus par an.

Une partie de la rente nucléaire captée devrait notamment réduire le coût de l’énergie en finançant directement une partie du soutien à l’énergie renouvelable pour réduire les surcharges pesant sur l’électricité. Cela doit notamment permettre d’augmenter l’objectif éolien offshore actuel (2.000 MW), ajoute le cdH.

Bénéfices du nucléaire : les consommateurs industriels dénoncent “des marges exorbitantes”

Febeliec, la fédération des consommateurs industriels de gaz naturel et d’électricité en Belgique, estime que les marges bénéficiaires dégagées par les exploitants des centrales nucléaires sont exorbitantes : “Ces marges peuvent uniquement s’expliquer par le manque de concurrence sur le marché de l’énergie, assène Peter Claes, directeur de la fédération. Le consommateur et les entreprises déboursent beaucoup trop pour l’électricité !”

Febeliec ajoute que le consommateur ne profite finalement pas de la libéralisation du marché de l’énergie : “Le gouvernement devra tout faire pour rendre la concurrence possible. Ce n’est que de cette manière que les prix vont baisser et les marges bénéficiaires des producteurs d’énergie retrouver des proportions normales.”

La fédération demande enfin aux autorités que le système des certificats verts, également remis en cause dans une étude de la Creg, soit adapté et rendu plus transparent.

Trends.be, avec Belga

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