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“Taïwan doit redevenir un tigre asiatique”

En 1996 se sont tenues pour la première fois à Taïwan des élections présidentielles qui ont marqué notre passage à une pleine démocratie. Le pays baignait alors dans une atmosphère d’optimisme et de changement. Notre économie était forte, avec peu de chômage et une hausse des revenus de la classe moyenne. En tant que négociatrice, j’avais été le témoin direct de la capacité de Taïwan à surmonter les obstacles, à la fois intérieurs et extérieurs, pour rejoindre l’Organisation mondiale du commerce.

Taïwan était une lumière vive dans un océan de ténèbres. Mais par la suite, pour beaucoup de Taïwanais, cette lumière a décliné sur fond d’environnement mondial incertain. Je me retrouve désormais à la tête de Taïwan, à un moment où de nombreux défis économiques et politiques doivent être relevés. Le ralentissement de la croissance, la montée des inégalités et l’apparition de nouvelles menaces sur la sécurité mettent à l’épreuve les institutions économiques et politiques du monde entier.

En 2016, la population de Taïwan a accordé sa confiance à mon parti, le Parti démocrate progressiste (PDP), avec la double mission de réformer et d’apporter du renouveau. Nous voulons que Taïwan redevienne un ” tigre de l’Asie “.

J’ai donc pour projet en 2017 de redonner à Taïwan son rôle de pionnier en redynamisant notre économie – avec l’instauration d’un nouveau modèle de développement. Parallèlement, nous comptons réformer les institutions politiques, pour nous assurer que les transformations économiques et sociales s’inscrivent dans une forte culture démocratique.

Le système de sécurité sociale à Taïwan est au bord de la faillite. Ma réforme des retraites vise à asseoir sa pérennité et à accroître l’aide aux plus pauvres. Il existe à Taïwan différents programmes de pensions selon les professions ; c’est une situation injuste qui alimente les divisions sociales. Changer un tel système va nécessiter des efforts, mais il est clair que le PDP a reçu un mandat démocratique pour le faire.

Par ailleurs, les Taïwanais doivent désormais consacrer une part de leurs revenus beaucoup plus élevée qu’auparavant en dépenses de logement, en raison de la bulle immobilière. Mon gouvernement souhaite les aider en mettant à disposition 200.000 logements sociaux à des prix abordables d’ici 2024 grâce à un plan d’investissement public-privé.

Sur le plan économique, nous mettrons l’accent en 2017 sur la modernisation industrielle. Nous jetons actuellement les bases d’un modèle économique moins exclusif, fondé sur l’innovation, la création d’emplois et l’idée selon laquelle la croissance doit bénéficier à tous. Nous nous appuierons sur les forces actuelles de Taïwan : la maturité de nos filières industrielles, les compétences de notre R & D et la flexibilité de nos entreprises de petite taille.

En réalisant des investissements pertinents, le gouvernement cherche à mettre les ressources publiques, privées et internationales au service des industries du futur que sont l’Internet des objets, les biotechnologies, les machines intelligentes, l’énergie verte et la défense. Prolongement naturel de nos capacités industrielles actuelles, ces secteurs permettront à Taïwan de mieux soutenir la concurrence mondiale.

Nous améliorons notre marché des capitaux et rendons notre politique financière plus attrayante pour les investissements étrangers tournés vers l’innovation.

Pour accompagner cette transition économique, le gouvernement se doit de jouer un rôle moteur en ouvrant de nouveaux marchés à nos produits et services. C’est pourquoi nous renforçons notre engagement vis-à-vis de l’Asean, de l’Asie du Sud, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande via notre New Southbound Policy, qui met l’accent sur le développement des échanges dans l’éducation, l’agriculture, la culture, le tourisme. Le tout sans se limiter aux seules relations commerciales et d’investissement.

Nous avons essayé de démontrer que Taïwan est prêt à rejoindre les systèmes commerciaux multilatéraux, en réduisant la paperasserie, en confortant le droit à la propriété intellectuelle et en simplifiant les procédures relatives aux investissements. Le moment venu, nous demanderons notre adhésion au Partenariat transpacifique (PTP).

“Je me retrouve désormais à la tête de Taïwan, à un moment où de nombreux défis économiques et politiques doivent être relevés.”

Tsai Ing-Wen, présidente de la République de Chine (nom officiel de Taïwan).

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