Steven Mnuchin, un ancien “Goldman Boy” décomplexé au Trésor américain

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Le nouveau secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, qui entame sa première grande sortie internationale avec la réunion du G20 Finances en Allemagne vendredi et samedi, est un ancien banquier à la carrière originale qui l’a mené de Wall Street à Washington en passant par Hollywood.

Jusqu’à récemment inconnu du grand public, Steven Mnuchin, 54 ans, a passé toute sa carrière dans le secteur privé, à commencer par la banque Goldman Sachs où il a passé dix-sept ans.

A Baden Baden en Allemagne, il ne sera pas encore accompagné par son équipe définitive. Son sous-secrétaire aux Affaires internationales David Malpass, qui a servi sous les administrations Reagan et Bush, attend en effet encore sa confirmation au Sénat.

Issu d’une influente famille juive de New York, de tradition démocrate, ce grand brun à l’allure svelte, deux fois divorcé, a surpris son entourage quand il est devenu directeur financier de la campagne de Donald Trump en avril 2016.

“Pourquoi?”, se souvient s’être interrogé Ben Bram, son ami et ancien collègue chez Goldman Sachs. La presse économique lui avait alors prêté l’intention de s’installer au Trésor, afin d’ajouter la touche finale à un parcours l’ayant conduit dans les principales sphères du pouvoir aux Etats-Unis, de Wall Street à Washington. Son père, un donateur du parti démocrate, fut banquier lui aussi et tient une galerie d’art renommée à Manhattan.

Dollar “fort” et sancrion contre la Russie

Lors de son audience de confirmation au Congrès, où il était accompagné de l’actrice de 36 ans d’origine écossaise Louise Linton, qu’il a présentée comme sa “fiancée”, l’ex-cadre de Goldman Sachs a été mis en difficulté sous un feu roulant de questions.

Le rachat et le redressement d’une banque californienne, rebaptisée OneWest, au prix de multiples saisies immobilières en pleine crise financière, ont scandalisé certains élus. Il a aussi été critiqué pour avoir géré des fonds d’investissements dans des paradis fiscaux comme les îles Caïmans et avoir omis de signaler aux élus quelque 100 millions de dollars d’actifs.

Sur ses projets au gouvernement, M. Mnuchin a jusqu’ici tenu des propos plutôt modérés. Il a affirmé qu’il était pour un dollar “fort”, alors que le président Trump s’était lui plaint d’un dollar “trop fort”. Il s’est dit favorable à la poursuite des sanctions contre la Russie.

CV atypique

Produit de l’élite vilipendée par Donald Trump pendant sa campagne, M. Mnuchin a un CV atypique: études à l’université de Yale, Goldman Sachs pendant presque deux décennies, création d’un fonds d’investissement avec le soutien du financier démocrate George Soros, et succès dans la production de blockbusters comme “Avatar” et “Suicide Squad”.

Steven Mnuchin est le troisième dirigeant de Goldman Sachs placé aux commandes du ministère américain des Finances depuis les années 1990. Il figure aussi parmi la demi-douzaine de personnes liées à cette banque accédant à des fonctions importantes dans l’administration Trump. On y retrouve en effet Gary Cohn, ex-numéro deux de la puissante banque d’affaires, propulsé à la tête du National Economic Council (NEC), Stephen Bannon, l’ultra-conservateur conseiller stratégique du président, et Jay Clayton, un ancien avocat de la banque, qui va diriger le gendarme boursier, la SEC.

Chez Goldman Sachs, où son père a passé 35 ans et son frère aîné a été vice-président, M. Mnuchin a notamment été témoin de l’émergence des produits financiers complexes controversés CDO et CDS. A l’époque il qualifiait de “développements extrêmement positifs” ces produits qui joueront un rôle important dans la crise de 2008. Quittant la banque en 2002, il a ensuite créé le fonds d’investissement Dune Capital, qui investit dans le cinéma et la production de films.

La crise financière le ramène dans la banque: il convainc les milliardaires George Soros et John Paulson de racheter aux enchères pour 1,55 milliard de dollars la banque en faillite IndyMac, spécialisée dans les prêts hypothécaires “subprime”.

Rebaptisé OneWest Bank, l’établissement renoue très vite avec les bénéfices, au prix d’évictions tous azimuts. Il sera revendu en 2014 pour plus du double de la mise initiale.

A Washington, ce père de trois enfants aurait acheté une maison de 12,6 millions de dollars, selon la presse. En attendant d’emménager, il réside la semaine au Trump Hotel, à quelques pas du Trésor.

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