Sommet européen : 5 points à retenir

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Au regard des séances record enregistrées vendredi en bourse, le sommet européen des 28 et 29 juin apparait comme un succès. Sera-t-il durable ? Voici cinq questions auxquelles il répond d’ores et déjà.

L’Europe a-t-elle vraiment avancé dans la résolution de la crise ?

Oui. Et c’est d’ailleurs ce qui explique l’euphorie des bourses mondiales qui ont signé des séances record, la baisse des tensions sur le marché obligataire et même le rebond du pétrole. Le bilan du sommet de Bruxelles est en effet nettement plus positif que celui des sommets précédents. L’Europe va mettre à la fois en oeuvre des mesures de court terme et le long terme. Le pacte de croissance permettra de dégager 120 milliards d’euros pour soutenir l’activité. La zone euro va autoriser ses fonds de secours à recapitaliser les banques directement sans obliger les Etats à s’endetter pour le faire. Et ces fonds de secours pourront aussi acheter de la dette souveraine sur les marchés afin de faire baisser les taux d’intérêt des Etats membres en difficulté. Enfin, l’Europe va mettre en place un mécanisme de supervision bancaire dans un laps de temps assez court : le dispositif commencerait à fonctionner fin 2012 alors que l’Europe nous avait habitués jusqu’ici, à prendre ses décisions sur une échelle de temps géologique.

L’Espagne et l’Italie ont-elles fait plier l’Allemagne ?

Les journaux étrangers saluent la double victoire de l’Italie sur l’Allemagne. Non seulement la squadra azura a éliminé la manschaft à l’Euro 2012, mais l’Italie a obtenu ce qu’elle voulait à Bruxelles, à savoir un soutien direct du FESF et du MES aux banques, ce que refusait jusqu’ici Angela Merkel. Selon les premières fuites, l’Italie et l’Espagne auraient tenté un coup de poker. Les deux pays auraient refusé de signer le Pacte de croissance tant que l’Europe ne s’engageait pas à réduire le coût de financement des deux pays sur les marchés. L’Italie et l’Espagne ont eu gain de cause. Cependant, malgré les apparences, la chancelière allemande n’a pas lâché grand-chose. L’aide aux banques sera assortie de conditions – encore floues pour le moment – et elle se fera au cas par cas. En échange, Angela Merkel n’a rien cédé sur la mutualisation des dettes, dont l’Espagne et l’Italie seraient les premiers bénéficiaires.

L’aide à l’Espagne et à l’Italie est-elle vraiment une bonne idée?

L’aide obtenue par l’Italie et l’Espagne pose une série de questions. Il est difficile de savoir dans quelle mesure d’autres pays pourraient vouloir utiliser le dispositif. L’Irlande, par exemple, pourrait être intéressée. Mais la capacité d’intervention combinée des deux mécanismes EFSF-ESM ne peut pas dépasser 700 milliards d’euros, dont environ 200 sont déjà utilisés dans le cadre des plans d’aide à la Grèce, à l’Irlande et au Portugal, rappelle Bruno Cavalier, économiste chez Oddo Securities. Et l’extension de cette enveloppe n’est pas à l’ordre du jour. Résultat, les munitions du FESF et du MES risquent de s’épuiser rapidement, réveillant la spéculation et l’angoisse des investisseurs, préviennent les experts de Berenberg. A moins que la BCE n’agisse de concert avec les fonds de secours. La balle est donc dans le camp de Mario Draghi. Et rien de dit qu’il se pliera volontiers à cet exercice.

La supervision bancaire va-t-elle déboucher sur une union bancaire salvatrice?

Pour l’économiste Sylvain Broyer, la supervision bancaire est comparable pour l’Europe à un pas de géant. Grâce à des ” reportings “, la BCE va pouvoir en savoir davantage sur les pratiques des banques dans les pays européens. Ces informations permettront sans doute de diminuer les risques de crise. Par ailleurs, la supervision bancaire est la première étape menant à l’union bancaire. Cela veut dire qu’on va avoir, à terme, des règles communes pour les banques. Cependant, l’union bancaire ne se réalisera pas tout de suite. Rien n’a été dit, à l’issue du sommet, sur ses deux piliers, à savoir une mutualisation des garanties des dépôts et un fonds commun de résolution des crises bancaires. “On a commencé par la partie la plus facile de l’Union bancaire”, explique un économiste.

La mutualisation des dettes est-elle définitivement écartée ?

Pas si sûr… Les injections de liquidités dans les banques ne vont pas tout résoudre. Et pour certains économistes, il existe un outil, les euro-bills, susceptible de véritablement vaincre la crise. Ces derniers reposent sur une mutualisation partielle (la dette de court terme) et limitée (pour un montant qui ne devrait pas dépasser 10% du PIB de la zone euro) de la dette et aussi sur la création d’une agence européenne du Trésor (AET). Celle-ci deviendrait le seul émetteur de dette à court terme de la zone euro. Elle couvrirait les besoins de financement de courte durée des Etats membres. Ce système permettrait d’éviter les crises de liquidité et de solvabilité liées à des coûts de financement excessifs sur la dette de court terme. Il pourrait être mis en place très rapidement car il ne nécessite pas de modification des traités européens. Seul problème, il faudra d’abord réconcilier la France et l’Allemagne. Les Allemands s’y opposent car ils veulent au préalable une garantie budgétaire suffisante. Or celle-ci pose la question des transferts de souveraineté, un point sur lequel la France freine des quatre fers.

Trends.be avec l’Expansion.

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