“Sauter l’index sauverait les finances publiques !”

© Image Globe/Benoît Doppagne

Un saut d’index, tel qu’envisagé, permettrait, au gouvernement, de faire d’une pierre trois coups : faire quelque peu maigrir le budget, renforcer la compétitivité des entreprises et donner un signal positif aux marchés financiers, estime Alain Mouton, journaliste chez nos confrères néerlandophones de Trends Magazine.

Les efforts d’assainissement représenteront au minimum 2,7 milliards d’euros lors des contrôles budgétaires du mois prochain. Un saut d’index pourrait contribuer à atteindre cet objectif. L’indice-pivot a été dépassé en janvier. Cela signifie que les allocations sociales augmenteront de 2 % en février. Sur un budget de 50 milliards d’euros, cela signifie un coût supplémentaire de 920 millions d’euros. En mars, ce seront les fonctionnaires qui verront leur traitement progresser sur base annuelle, soit 150 millions d’euros.

Le dépassement de l’indice-pivot coûtera donc 1,07 milliard d’euros au gouvernement. Si les autorités décident de ne pas effectuer ces augmentations, c’est une part importante de l’effort budgétaire qui disparaît. Cela nécessite cependant une décision avant février. Car un saut d’index ne peut, en principe, pas être rétroactif. Or, le prochain dépassement de l’indice-pivot n’est attendu que pour décembre prochain.

Si personne, jusqu’à aujourd’hui, ne prônait ouvertement un saut d’index, le sujet était très discuté en coulisses. La Banque nationale publie chaque semaine une étude conscré à l’index. Fons Leroy, patron du VDAB (service flamand de l’emploi et de la formation) étiqueté proche du SP.a, est certes déjà sorti du bois. Il suggérait récemment que les hauts fonctionnaires de la Communauté flamande “sautent” d’eux-mêmes l’indexation suivante. Cela permettrait à la Flandre d’économiser 150.000 euros. Si tous les fonctionnaires – fédéraux, régionaux, locaux – faisaient de même, cela signerait une économie globale de quelque 500 millions d’euros.

“Cela porte toujours sur un montant très substantiel, indique Joep Konings, économiste à la KULeuven. C’est une mesure structurelle car l’effet de la non-application d’un ajustement salarial demeure.” L’économiste louvaniste se dit également partisan de ne pas appliquer l’ajustement salarial dans le secteur privé. Sur un total de 70 milliards d’euros de rémunérations liées à l’index dans le privé, “sauter” un index de 2 % représente une économie de 1,4 milliard d’euros.

“Vous pouvez par exemple décider d’appliquer une indexation de 1 % afin d’alimenter les caisses de l’Etat. L’autre pour cent ne serait pas pris en compte et donnerait un peu d’oxygène aux entreprises. Les coûts salariaux relatifs baisseraient et la compétitivité reprendrait du poil de la bête. Et c’est quelque chose dont nos entreprises ont besoin.”

Un saut d’index est une mesure simple, efficace et recèle des effets de récupération, car elle stimule l’emploi, avance encore Joep Konings : “Un autre avantage est que les autorités enverraient un signal transparent aux instances européennes en périore de croissance gelée. Un message du genre : bien que la situation économique soit difficile, nous mettons de l’ordre dans notre budget.”

Troisième avantage, selon l’économiste de la KULeuven : “Cela renforcera la confiance dans le chef des marchés financiers. Avec, pour conséquence, la baisse des taux de nos bons d’Etat.”

Alain Mouton, Trends Magazine

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