Salaires : “Comment la BNB veut manipuler l’indexation”

© Image Globe/Dirk Waem

Indexer les salaires selon une prévision de hausse des prix : telle serait la nouvelle idée de la BNB pour réformer l’indexation automatique. Le PTB dénonce une réforme “dictée par les patrons”, arguments à l’appui.

“L’attaque contre l’index se précise, prévient le Parti du travail de Belgique sur son site Internet. L’Europe et le monde des entreprises insistent de plus en plus. La Commission européenne a mis la Belgique sous surveillance et proposera des mesures au mois de mars. La Banque nationale lance déjà une piste : l’index a priori.”

L’indexation était à nouveau sous les feux de l’actualité la semaine dernière, en raison de la fuite d’une étude provisoire de la Banque nationale sur l’index, rappelle le parti de gauche. Dans cette étude, une piste était proposée en vue de réformer ce système : une indexation salariale a priori.

De quoi s’agit-il ? “Actuellement, les salaires sont indexés après que l’index a dépassé des valeurs pivots fixes : l’indexation est donc appliquée après que les prix ont monté au bout d’une période déterminée, écrit le PTB. La réforme proposée par la Banque nationale revient à ce qu’on indexe les salaires à l’avance. Pour cela, on créerait un nouvel index qui prévoirait la hausse des prix pour l’année à venir. Au début de cette année, les salaires sont immédiatement augmentés sur base de cet index : un index a priori.”

Traduction : “On prévoit une hausse des prix de 2 % ? On indexe donc les salaires de 2 %. Au bout d’un an, on évalue. Si la hausse des prix est inférieure aux 2 % attendus, on maintient la hausse des salaires à 2 %. Si la hausse des prix dépasse 2 %, on négocie l’adaptation des salaires à cette hausse des prix supérieure à 2 %.”

Indexation des salaires : une réforme “dictée par les patrons” ?

Cette réforme de l’index est complètement dictée par les patrons, dénonce le parti de gauche. Et ce, pour deux raisons principales.

1. Les hausses de prix brusques “ne plaisent pas aux patrons”. “Les patrons veulent savoir au préalable, c’est-à-dire au début de l’année, à quelle hausse des salaires s’attendre. Dans le système actuel, des hausses de prix brusques – l’énergie, par exemple – peuvent accroître la masse salariale de façon inattendue. Cela ne plaît pas aux patrons. En revanche, pour les travailleurs, l’index actuel est un moyen de se protéger de ces hausses. Dans tous les secteurs. Et aussi pour les allocataires sociaux.”

2. Les patrons “veulent que l’index fasse partie intégrante” de la norme salariale. “Depuis 1996, la Belgique dispose d’une loi sur la garantie de la capacité concurrentielle, ou norme salariale. Malgré cette norme, affirment certaines sources patronales, les coûts salariaux horaires ont augmenté dans notre pays, depuis 1996, de 3,6 % de plus que dans les pays voisins, en particulier l’Allemagne où le gouvernement a imposé un quasi-blocage salarial.”

Là où le bât blesse, toujours selon les mêmes sources patronales (citées par le PTB), “c’est avec l’indexation automatique des salaires. Les hausses de prix inattendues font en effet grimper les salaires. Les patrons veulent éviter la chose en recourant à un index a priori. D’avance, on sait quelles seront les augmentations. En fait, cet index a priori serait repris dans la norme salariale. Celui qui voudra plus que cet index devra le négocier. En temps de crise, les patrons comptent pouvoir faire pression pour qu’il n’y ait pas de hausse salariale, en faisant du chantage à l’emploi, par exemple.”

L’index “a priori” de la BNB, ou “comment faire du neuf avec du vieux”

L’index a priori de la BNB “n’est rien d’autre que la généralisation des accords maximaux all-in de naguère, conclut le PTB. Dans le secteur de la construction, on a conclu ce genre d’accord all-in : au-dessus de la norme salariale, on n’appliquait pas d’indexation. Même si l’index dépassait la norme. En 2009, cela a provoqué une relative baisse des salaires par rapport à d’autres secteurs où l’on applique effectivement l’indexation.”

La Banque nationale propose ainsi “une manipulation de l’index sur mesure pour le patronat” : “Ce scénario reviendra certainement au moment des négociations interprofessionnelles, à la fin de l’année, mais sans doute avant déjà, quand la Commission européenne exigera du gouvernement belge une réforme de l’index”, prévient enfin le parti de gauche.

Trends.be

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content