S&P dégrade la notation de la Grèce : injuste ?

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Standard & Poor’s a abaissé lundi de trois crans la note de la dette à long terme de la Grèce, de “B” à “CCC”. Le ministre des Finances grec a accusé, dans la foulée, l’agence de notation de fermer les yeux sur les efforts de réforme d’Athènes.

Standard & Poor’s a abaissé lundi de trois crans la note de la dette à long terme de la Grèce, de “B” à “CCC”, et l’a assortie d’une perspective négative, considérant que le risque de défaut pour le pays dans les douze mois s’est encore accru.

“La dégradation reflète notre opinion qu’il y a un risque encore plus élevé d’un ou de plusieurs défauts”, souligne l’agence de notation dans un communiqué, alors que le débat fait rage sur la possibilité de restructurer la dette publique de la Grèce. Le 9 mai, l’agence avait déjà dégradé la note de la Grèce de deux crans, à “B” contre “BB-“, dans la catégorie des emprunteurs peu fiables.

S&P juge que, dans le cadre d’une restructuration de la dette grecque, le secteur privé (banques, fonds d’investissement, assureurs), mis à contribution, se retrouverait face soit à un “échange de titres” soit à un “allongement des maturités” De telles opérations seraient considérées “de facto comme un défaut” par l’agence de notation ; dans ce cas, elle pourrait attribuer à la Grèce une note encore plus basse, la reléguant dans une situation de défaut partiel.

Standard & Poor’s souligne en revanche qu’elle pourrait stabiliser la note du pays à “CCC” si la zone euro trouvait une solution qui ne corresponde pas à un défaut selon ses critères, même en prenant en compte un risque de restructuration de la dette “sous forme d’une décote” d’ici 2013. S&P ajoute que la Grèce ne pourra pas aller sur les marchés financiers en 2012 et “probablement après”, comme il était convenu dans le cadre du plan d’urgence de soutien de l’UE et du FMI pour le pays.

Lundi, Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, a réaffirmé que toute restructuration de la dette grecque devrait être “volontaire” et ne pas déclencher un “événement de crédit” ou un défaut de paiement, qui auraient des conséquences très néfastes. Un “événement de crédit” désigne toute action sur les emprunts d’un Etat qui conduirait les agences de notation à dégrader leur avis sur la solvabilité de ce pays, avec le risque de conséquences en chaîne catastrophiques et de très lourdes pertes pour les banques détentrices d’obligations de ce pays.

Plusieurs options sont débattues en Europe pour permettre à la Grèce d’alléger le fardeau du remboursement de sa dette, via une “restructuration” de celle-ci. Un sommet européen est organisé les 23 et 24 juin à Bruxelles où sera notamment débattue la situation grecque.

Standard & Poor’s accusée de négliger les efforts d’Athènes

Le ministre des Finances grec a accusé lundi Standard & Poor’s de fermer les yeux sur les efforts de réforme d’Athènes et sur les négociations avec l’UE autour d’un nouveau plan d’aide. Il réagissait à l’abaissement de trois crans de la note de la dette à long terme de la Grèce.

“Cette décision néglige les actions du gouvernement pour empêcher tout problème concernant les obligations contractuelles de la Grèce”, a déclaré Georges Papaconstantinou, en référence aux craintes sur une incapacité d’Athènes à rembourser ses dettes.

L’abaissement de trois crans de la note de la dette grecque ignore aussi les discussions actuelles au sein de l’Union européenne pour trouver une “solution durable” afin de financer les besoins de paiement d’Athènes, a estimé le ministre.

Dette grecque : la Commission européenne favorable à la solution allemande

La Commission européenne travaille sur un projet d’accord selon lequel les banques pourront prolonger volontairement leurs crédits à la Grèce, une solution prônée par l’Allemagne, a déclaré Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, dans une interview.

“Nous ne sommes pas aussi loin d’une solution commune que certains le pensent, a indiqué le commissaire européen dans cet entretien accordé au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung paru mardi. Certains Européens partagent la position allemande, d’autres non. Nous préparons un accord sur la base de l’initiative de Vienne, selon laquelle les banques prolongent la durée de leurs prêts et ce de manière volontaire.”

Plusieurs options sont actuellement débattues en Europe pour permettre à la Grèce d’alléger le fardeau du remboursement de sa dette. Certains Etats, tels que l’Allemagne, ont proposé d’allonger la durée de remboursement des obligations grecques. Mais aux yeux de la plupart des observateurs, une telle mesure risquerait d’être interprétée comme un “événement de crédit” par les agences de notation.

La Banque centrale européenne serait davantage favorable à un rollover, mécanisme qui verrait les créanciers de la Grèce souscrire de leur plein gré de nouveaux emprunts, au fur et à mesure de l’arrivée à expiration de ceux déjà émis par la Grèce.

Les ministres de l’Economie de la zone euro doivent se rencontrer mardi à Bruxelles pour débattre d’un nouveau plan d’aide à la Grèce, dont la note de la dette à long terme a été dégradée lundi de trois crans à CCC par l’agence Standard & Poor’s.

Grèce : “Toucher à la dette obligerait à financer l’économie grecque”

Si la zone euro choisit de “toucher à la dette” de la Grèce, elle doit se tenir prête à “financer intégralement l’économie grecque”, a averti mardi Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, alors que l’Europe débat d’un nouveau plan d’aide à Athènes.

“Si une solution peut être trouvée qui évite le risque de défaut, cela nous paraît convenir, a assuré le gouverneur lors d’une conférence de presse de présentation du rapport annuel de la banque centrale française. Si vous n’en trouvez pas, si vous touchez malgré tout à la dette et que vous provoquez un défaut ou un événement de crédit, il faut vous préparer à financer intégralement l’économie grecque.”

Trends.be, avec Belga

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