Roland Gillet : son réseau

Discret et simple, l’économiste entretient un tissu de relations qui force le respect.

Rue de la Gare, à La Roche-en-Ardenne. C’est là, dans son appartement qui surplombe l’Ourthe, non loin de l’ancien magasin de ses parents et de “son” club de tennis, que Roland Gillet nous a fixé rendez-vous pour évoquer son réseau. “Jamais, je ne sacrifierai mon cadre de vie à cause de mes nombreux déplacements”, insiste-t-il, en amoureux de sa province et passionné de pêche à la mouche. Ses deux filles et son épouse espagnole, aussi, se sentent bien à La Roche. On y vit tranquille. Dans une nature préservée. Loin des crises financières et des convulsions de la zone euro. “Ici, je peux rédiger un rapport en toute quiétude. Peu de gens savent vraiment ce que je fais. Et c’est très bien ainsi.”

Habiter la province du Luxembourg quand on est professeur agrégé à Paris et invité à Bruxelles, qu’on vit un mois par an aux Etats-Unis, qu’on participe à des recherches universitaires au Canada, en Chine… et qu’on est régulièrement en Grèce ou en Espagne n’a pourtant rien d’une promenade de santé. “Mais dès que l’occasion se présente, j’essaye d’emmener mon épouse et mes deux filles avec moi.” Tel est Roland Gillet.

A 50 ans, il n’y a pas que le parcours professionnel qui compte pour ce docteur en économie. L’homme a beau être l’un des économistes belges les plus recherchés à l’étranger, il veut rester fidèle à ses racines et à ses valeurs. Humble et simple, Roland l’Ardennais sait ce qu’il doit aux autres.
A ses parents d’abord, qui lui ont permis de poursuivre des études universitaires.
A ses mentors ensuite : Alexis Jacquemin (prix Francqui en 1983) et Franco Modigliani (prix Nobel d’économie en 1985), sous la direction desquels il a réalisé sa thèse de doctorat. “Avec Franco, Alexis est certainement la personne qui a le plus compté dans mon parcours académique et même au-delà, raconte-t-il, un brin ému. Il m’a permis de prendre confiance en moi. C’est lui qui m’a convaincu de faire une partie de mon doctorat aux Etats-Unis avant de m’aider à décrocher une bourse au FNRS et à Harvard, et de me mettre en relation avec son réseau nord-américain. Même si, malheureusement, ces deux grands Messieurs ne sont plus de ce monde, j’aime à me souvenir d’eux et de tout ce que je leur dois.”

La suite tient du parcours sans faute. De retour en Europe, après sa thèse, Roland Gillet pose d’emblée les jalons d’une carrière internationale. Il opte pour l’Université catholique de Louvain… mais également celle de Lille. Ensuite, il se classe premier du concours d’agrégation en sciences de gestion, le concours national français pour le recrutement des professeurs d’université. Après Lille, les portes de la Sorbonne s’ouvrent à lui. Il est aussi sollicité par l’ULB où on lui propose de rejoindre Solvay. De fil en aiguille, combinant enseignement et recherche, il devient le conseiller scientifique de diverses institutions privées et publiques. Plus tard, il sera également un des experts choisis par la cour d’appel dans le dossier Fortis. Quant à la crise de l’euro, elle lui vaut depuis trois ans d’être plus souvent sous les projecteurs des médias. Pour expliquer, viser à des solutions efficaces et humainement supportables. “La crise n’est pas que financière ou économique, insiste- t-il. Allez voir à Athènes ou à Séville. Les conséquences sociales sont terribles.” N’essayez toutefois pas de lui arracher une indiscrétion sur ce qui se dit au sein des groupes de réflexion en Grèce ou en Espagne auxquels il participe. En bon Ardennais, Roland a donné sa parole. Jamais, il ne trahira un secret d’alcôve. C’est aussi pour cela qu’on se dispute son expertise.

LES INTIMES Outre Alain Siaens, figurent parmi ses proches amis le Français Eric Charpentier (CMNE), Gérard Lamarche (GBL), Georges Hübner (Ulg), Jacques Chrissos (Edhec), le notaire Thierry Urbin-Choffray, l’oncologue Frédéric Kridelka (CHU ULg) et Marcel Lechanteur (Eli Lilly). Parmi ses amis locaux, le Rochois relève Dominique Quinaux (ING), “un fidèle parmi les fidèles”. RÉSEAUX SOCIAUX Pas vraiment adepte des réseaux sociaux, il n’est ni sur Facebook ni sur Twitter. Il affiche néanmoins 200 relations sur LinkedIn. SES MENTORS Au premier rang de ces fidèles mentors, il cite Alexis Jacquemin (UCL), Franco Modigliani (MIT) ainsi que les Français Michel Levasseur et Bertrand Jacquillat, qui tous les quatre l’ont pris sous leur aile. Alain Siaens et Robert Cobbaut, ses profs de finance à l’UCL, sont devenus des amis. Viennent ensuite les économistes Guy Quaden, Pierre Michel, Albert Minguet et Pierre Pestiaux, qui lui ont donné “de judicieux conseils”. DANS LE “PUBLIC” A la BNB, il est en contact direct avec le gouverneur Luc Coene ainsi que les directeurs Mathias Dewatripont et Pierre Wunsch. Du côté de la FSMA, il aime échanger avec son président Jean-Paul Servais. A la BCE, il reste en relation avec Peter Praet et Alain Durré ( senior economist). Il connaît bien l’ancien président de la BEI Philippe Maystadt ainsi que Filip Dierckx et Michel Vermaerke, chez Febelfin. Au FMI, il prend plaisir à croiser et à lire le chief economist Olivier Blanchard, rencontré au MIT. LA BOURSE Grâce à Philippe Costermans, il a fait la connaissance de Jean Peterbroeck et de Henri Servais. Les noms d’Olivier Lefèbvre (Xylowatt), Bruno Colmant (Roland Berger), de Vincent Van Dessel (Euronext-Bruxelles) et de Georges Ugeux (Galileo Global Advisors) figurent également en bonne place de son carnet d’adresses. LE MONDE DES AFFAIRES Il voit régulièrement Regnier Haegelsteen (Banque Degroof), Philippe Masset (ING), Sonja Rottiers (Axa) et Paul Lembrechts (BKCP). Il aime discuter avec Pierre Gurdjian (McKinsey), Pierre Drion, Laurent Levaux (Aviapartner), Philippe Bodson, Laurent Minguet, Serge Fautré (AG Real Estate), Philippe Delusinne (RTL), Jacques Favillier (président du comité de direction de Citibank), Jean-Pierre Schaeken (ex- Tractebel) et Axel Miller. Sans oublier Etienne de Callataÿ (Banque Degroof), André Sapir (Bruegel) ainsi que Philippe Ledent et Peter Vanden Houte (ING). L’UNIVERS ACADÉMIQUE Au centre de celui-ci se trouvent ses collègues à la Sorbonne dont Robert Goffin et Philippe Raimbourg, qui n’est autre que le fils de Bourvil avec qui il partage son bureau, ainsi que ses anciens collègues à Lille dont les Belges Eric de Bodt et Eric Dor. Aux Etats-Unis, il s’entend bien avec Robert Merton, Andy Lo et Robert Shiller. A l’ULB, il cite les noms d’André Farber, Kim Oosterlinck, Hugues Pirotte, Ariane Szafarz et Bruno Van Pottelsberghe. A l’UCL, ceux notamment d’Yves De Rongé et d’Isabelle Schuiling. Il évoque enfin une complicité récente avec Paul De Grauwe. QUELQUES POLITIQUES Bernard Clerfayt est un copain d’études. Il s’entend bien avec Didier Reynders, de même qu’avec son chef cab’ Olivier Henin. A l’échelon régional, il échange avec Benoît Cerexhe et Jean-Claude Marcourt. Marie-Dominique Simonet, “est une amie”. De même que Bernard Caprasse, gouverneur de sa province natale.

SÉBASTIEN BURON

Repères 1962. Naissance le 25 juin à Vielsam.

1985. Licencié en sciences économiques (ULg).

1986. Maître en sciences économiques (UCL).

1991. Docteur en sciences économiques (UCL).

1999. Major (premier) du concours national français d’agrégation en sciences de gestion.

Depuis 1989. Conseiller scientifique auprès de différentes institutions publiques et privées.

Depuis 2002. Professeur de finance à la Sorbonne (Paris 1) ainsi qu’à l’ULB (Solvay). Professeur et/ou chercheur invité dans diverses universités à travers le monde dont Harvard et le MIT aux Etats-Unis, Sherbrooke au Canada ou Fudan (Shanghai) en Chine.

Depuis 2005. Membre de groupes de réflexion au niveau international.

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