Retour sur 15 années d’euro dans les porte-monnaie

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Mis en circulation le 1er janvier 2002, l’euro a suscité tour à tour l’engouement, les critiques ou l’inquiétude. Retour sur ces quinze ans.

Et l’euro fut enfin là

L’euro est officiellement né le 1er janvier 1999, mais il restera trois ans une devise virtuelle -utilisée dans les transactions financières et comptables- avant de se matérialiser enfin dans les porte-monnaies.

Les Européens se ruent dès la fin 2001 sur les “kits de démarrage” contenant l’équivalent d’une quinzaine d’euros en pièces, pour se familiariser avec le nouveau venu. Qui a gardé son kit scellé peut le céder aux enchères sur internet aujourd’hui entre 30 et 60 euros…

Si les billets ont tous le même design, des dessins de motifs architecturaux neutres, chaque pays a pu choisir de frapper une face des pièces avec des références nationales, comme l’Aigle en Allemagne, Marianne en France ou Mozart en Autriche.

Ces dernières années, la Banque centrale européenne (BCE) a commencé à renouveler sa série de billets pour les protéger de la contrefaçon. La nouvelle coupure de 50 euros doit être mis en circulation au printemps 2017. L’institution monétaire a également signé en mai l’acte de décès du billet de 500 euros, dans le but de freiner le financement du crime organisé.

En Europe plutôt que seul

L’enthousiasme fait place au désenchantement, quand se propage le sentiment d’une forte augmentation des coûts de la vie. Si plusieurs études ont montré que certains prix (alimentation, restaurants) ont bien grimpé, ils sont restés stables voire ont baissé dans d’autres domaines. En moyenne, l’euro n’a pas eu d’effet inflationniste, même si cette image lui colle à la peau.

Mais son côté pratique a séduit d’emblée. Aujourd’hui, ce sont près de 340 millions de citoyens qui peuvent voyager dans les 19 pays de la zone euro sans avoir à changer leur argent.

Et l’euro est vu par la majorité des Européens comme un garant de stabilité.

“Vous entendez beaucoup de sentiment anti-euro, mais en fait, quand vous demandez aux gens, ils disent que c’est mieux d’être en Europe que seul”, indique à l’AFP Maria Demertzis, directrice adjointe du think tank Bruegel basé à Bruxelles.

Selon une enquête de la Commission européenne, 56% sur un total de quelque 17.500 personnes sondées en octobre dans les 19 pays membres jugent que l’euro est bénéfique à leur pays.

Crises

La zone euro a vécu plusieurs moments critiques, à commencer par la période suivant la crise financière mondiale de 2008, quand l’accès au crédit s’est asséché et plusieurs Etats membres se sont retrouvés dans l’incapacité de rembourser leurs dettes.

La Grèce mais aussi plusieurs autres pays comme l’Irlande ou le Portugal doivent être secourus par leurs pairs et les institutions internationales au cours de cette crise qui culminera en 2012. Les craintes se multiplient à l’époque d’une sortie de la Grèce du club, susceptible de faire capoter l’ensemble du projet européen et l’euro.

C’est alors que naît le néologisme “Grexit” (contraction de Grèce et exit). Quatre ans plus tard, il renaîtra en “Brexit”, pour désigner la décision volontaire des Britanniques de quitter l’Union européenne.

En 2015, la zone euro passe tout près du “Grexit”, avant d’accorder aux autorités helléniques un troisième plan d’aide international contre des réformes synonymes d’austérité persistante.

L’euro, une bête noire des populistes

Les crises à répétition en Europe, économique, financière puis migratoire ont apporté de l’air aux mouvements populistes qui s’accordent dans leur rejet de l’UE et de l’euro. Et le “Brexit” les a encore confortés.

Plusieurs scrutins électoraux majeurs doivent avoir lieu l’an prochain, aux Pays-Bas, en France ou en Allemagne. La figure de proue de l’extrême droite française Marine Le Pen, a d’ores et déjà promis de redonner à la France ses “quatre souverainetés essentielles: territoriale, monétaire, législative et économique” si elle est élue présidente.

Le “Brexit” a montré un besoin de réformer le projet européen, juge l’experte du think tank Bruegel. Mais pour y parvenir, “nous devons réussir à passer l’obstacle du populisme dans ces trois pays”.

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