Renationaliser Zaventem?

Les solutions fusent pour régler le souci des survols de Bruxelles : renationalisation de l’aéroport de Zaventem. Ou envoi des vols de frets et low cost vers Liège et Charleroi. Ce sont visiblement des propos de campagne.

La voix de la sagesse ? Elio Di Rupo a déclaré à la VRT qu’il ne souhaitait pas modifier la vocation de l’aéroport de Zaventem. Il refuse la solution défendue par Melchior Wathelet, secrétaire d’Etat à la Mobilité, d’envoyer les vols cargo à Liège et les lignes low cost passagers à Charleroi.

Face au tollé provoqué par le changement des couloirs de décollage de Brussels Airport, les élus imaginent mille et une solution. Joelle Milquet (CdH) envisage même, dans une interview à La Libre, une renationalisation de l’aéroport de Zaventem. “Il n’est quand même pas normal que l’Etat n’a pas grand-chose à dire sur la gestion d’un aéroport si vital pour le pays et qui provoque d’importantes nuisances” a-t-elle dit.

L’Etat ne peut choisir les compagnies Ces propositions sont bien légères. Envoyer les avions low cost à Charleroi et le fret à Liège ? Pas simple. Les compagnies de l’Union européenne bénéficient de la liberté de trafic. Ryanair n’a ainsi pas demandé la permission à l’aéroport de Bruxelles ni à l’Etat fédéral pour ouvrir des lignes au départ de Zaventem. Il lui suffisait d’obtenir des créneaux horaires auprès d’une commission indépendante. Si l’Etat s’avisait de sélectionner les compagnies, il risque des recours à la Commission européenne.

Pour le fret, le déménagement à Liège n’est pas si simple : une partie du cargo utilise les soutes des avions passagers, notamment ceux des avions de Brussels Airlines (vers l’Afrique, les Etats-Unis). Or Liège n’a pas de long courrier passager. Ici aussi, les compagnies sont libres. D’aller à Amsterdam par exemple.

Dans ce contexte, la renationalisation de l’aéroport de Zaventem ne changerait pas grand-chose. L’opération est possible : il suffirait de racheter les 75% que l’Etat fédéral ne possède pas, détenus par un fonds de pension des enseignants de l’Ontario (OTPP) et deux fonds du groupe Macquarie. Si l’on prend pour base les montants des ventes des titres de 2007 par la fédéral, l’opération devrait coûter plus d’un milliard d’euros.

L’Etat peut agir en réglementant davantage l’aéroport, sur les heures d’activité. Il peut aussi créer un incitant pour aller à Liège ou Charleroi à travers des tarifs favorables aux compagnies. Or c’est justement ce qui se passe actuellement : les Régions subsidient Liège et Charleroi pour en réduire les tarifs. L’approche a des limites : la Commission européenne réglemente ces subsides, et mène deux enquêtes sur Charleroi. Finalement le plus simple -ou le moins hasardeux- consisterait finalement, comme le suggère Elio Di Rupo, à renégocier les couloirs de décollage.

Robert van Apeldoorn

1 milliard d’euros C’est le coût minimum d’une renationalisation de l’aéroport de Zaventem envisagée par Joëlle Milquet.

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