Réformes de Michel Ier: les bons conseils du FMI “pour aller plus loin”

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Le Fonds monétaire international salue les réformes des pensions et du chômage initiées par le gouvernement Michel. Il plaide pour aller plus loin en rendant les normes salariales plus flexibles. Le FMI estime par ailleurs que l’Etat ne doit pas songer tout de suite à vendre ses participations dans des entreprises.

Magnifique coïncidence de calendrier : le jour où le pays est paralysé par une grève générale contre la politique du gouvernement Michel, le Fonds monétaire internationale applaudit cette même politique. Les réformes des pensions et du chômage constituent, selon le chef de la mission du FMI en Belgique, Edouard Gardner, “un pas très important dans la bonne direction”. “Ces mesures aideront à préserver l’intégrité financière de la sécurité sociale, qui pourra ainsi continuer à couvrir les risques économiques et sociaux des prochaines générations”, analyse le FMI. Charles Michel n’en demandait pas tant !

Le FMI estime que les plans sont réalistes et devraient permettre de réduire les déficits publics “sans austérité excessive”. Ils invitent à terme à réduire la dette publique, afin de dégager des marges pour assumer les frais liés au vieillissement de la population. Faudrait-il donc vendre des participations publiques (Belfius, BNPP, Proximus…) ? “Il n’y a pas d’urgence, de nécessité aujourd’hui à réfléchir à des ventes de participations pour réduire la dette”, répond Edouard Gardner. L’analyse doit porter sur les aspects financiers (dividendes vs charges d’intérêt) mais aussi sur les considérations économiques : “le privé apportera-t-il un plus en termes de gains de productivité et de création d’emplois ?”.

Les conseils du FMI

Tout en rendant un bulletin très satisfaisant, le FMI attend d’autres pas “dans la bonne direction” de la part des gouvernements du pays. Ils concernent les points suivants :

Le tax shift. Quatre pistes sont évoquées pour compenser la réduction du coût du travail: l’harmonisation des taux de taxation des revenus du capital, car les différences actuelles “n’ont pas nécessairement une rationalité économique” ; une imposition plus récurrente des biens immobiliers (et moins sur les transactions, afin de promouvoir la mobilité) ; le développement de taxes environnementales ; la révision des taux réduits de TVA, dont bénéficient “des biens et services qui ne sont pas de première nécessité”.

La norme salariale. Pour effacer le déficit de compétitivité des entreprises belges, le respect de la norme salariale et de la loi de 1996 ne suffira pas, estime le FMI. Il recommande de l’assortir de formules plus souples, permettant d’adapter dans une certaine mesure les conditions de travail et de rémunérations à des circonstances spécifiques pour un secteur ou une entreprise. “On ne peut pas tout ramener à une norme, dit Edouard Gardner. Il faut admettre des différentiations, des dérogations.” Cela devrait se négocier entre partenaires sociaux, précise l’organisme international.

Evolution notable : le mécanisme d’indexation automatique des salaires n’est plus pointé du doigt par le FMI. “Notre point de vue a évolué, reconnait Edouard Gardner. L’indexation n’est pas le problème majeur, quand elle est accompagnée d’une norme salariale pour contenir les dérapages par rapport aux pays concurrents. Mais il faut se donner les moyens de respecter cette norme. Le saut d’index est l’un de ces moyens. Il faut regarder l’équilibre, la cohérence de l’ensemble.”

La formation des travailleurs. Des efforts importants sont nécessaires car trop de jeunes sortent de l’école, sans être suffisamment “préparés” pour trouver leur place sur le marché du travail. Mais il n’y a pas que les jeunes : si l’on veut des carrières plus longues, il faut veiller à assurer une formation continuée efficace pour soutenir la productivité et la mobilité professionnelle, estime le FMI.

Les institutions. La 6e réforme de l’État octroie aux entités fédérées des compétences utiles pour les politiques plus ciblées, notamment sur le marché de l’emploi. L’enchevêtrement des responsabilités peut toutefois s’avérer contreproductif si les actions ne sont pas bien coordonnées, souligne le FMI qui craint que cela n’accentue le coût de l’entreprenariat au lieu de le réduire. Les actuelles oppositions frontales entre les gouvernements fédéral et régionaux (du côté francophone du moins), comme parmi les partenaires sociaux, ne sont ici pas de très bon augure.

L’ouverture des marchés. S’il a évolué sur l’index ou le rôle des participations publiques, le FMI n’a en revanche pas changé en ce qui concerne les secteurs “protégés” de la concurrence. Il cite les professions régulées, les télécommunications, les transports et une partie de la distribution. “Les ouvrir à la compétition, c’est la clé pour développer l’innovation”, affirme Edouard Gardner.

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