Quelle relation post-Brexit entre le Royaume-Uni et l’UE ?

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Les modalités du divorce avec l’UE étant en grande partie réglées, les Britanniques vont maintenant devoir choisir quelle type de relation ils souhaitent entretenir avec le continent.

Trois options s’offrent à eux: un partenariat à la norvégienne, un accord de libre-échange avancé comme celui avec le Canada et, en cas d’échec des discussions, des liens uniquement régis par l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

L’option norvégienne

La Norvège a refusé par deux fois de rejoindre l’UE, mais elle bénéficie cependant d’une relation économique et commerciale très poussées avec elle, en tant que membre, depuis 1994, de l’Espace économique européen (EEE).

Concrètement, cela signifie qu’elle participe au marché unique, dont elle doit respecter la liberté de circulation des personnes, des services, des biens et des capitaux, mais sans avoir son mot à dire.

Elle ne fait pas partie de l’Union douanière et ne dépend pas de la politique commerciale commune de l’UE.

Au final, l’ensemble du commerce norvégien bénéficie de cette appartenance à l’EEE, à l’exception des produits de l’agriculture et de la pêche, qui ne font pas partie de l’accord et pour lesquels Oslo a signé des textes bilatéraux avec Bruxelles.

Les liens de la Norvège avec l’UE vont bien au-delà des seules relations commerciales: elle s’est par exemple alignée sur les règles communautaires en matière d’aides d’Etat, de concurrence et de marchés publics.

Elle coopère aussi dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité commune et fait partie depuis 2000 de l’espace Schengen.

Certains qualifient ainsi la Norvège (5,2 millions d’habitants) de “membre à trois quarts” de l’UE.

Si les Britanniques suivaient ce modèle, cela leur permettrait notamment de préserver sans accroc leur secteur financier, crucial pour leur économie.

Mais l’option semble impossible pour les tenants du Brexit, d’abord parce qu’ils sont opposés à la libre-circulation des personnes. Or, les Européens ont déjà prévenus que les quatre libertés de circulation étaient indissociables.

En outre, les Britanniques devraient continuer à contribuer au budget de l’UE et ils seraient soumis, en dernier recours, par la justice européenne, ce à quoi ils sont opposés.

Un accord à la canadienne

Etant donné les “lignes rouges” fixées par Londres — pas de marché unique, ni d’Union douanière — l’UE a annoncé que l’accord de libre-échange conclu avec le Canada, le CETA, lui servirait de modèle pour la future relation.

Entré en application dans sa majeure partie en septembre 2017, cet accord “de nouvelle génération” ne se contente pas de supprimer les droits de douane: il touche une grande partie des relations économiques entre les deux parties, en matière de normes sanitaires, de santé, d’appellations d’origine contrôlées ou encore de marchés publics.

Pour chaque secteur, Européens et Canadiens ont négocié pour s’entendre sur le degré de coopération qui leur convenait.

Mais pour ambitieux qu’il soit quand il s’agit du Canada ou du Japon, un tel accord avec les Britanniques réduirait considérablement leur proximité avec l’UE et engendrerait un coût économique très important pour eux.

La négociation serait en outre particulièrement complexe: il ne s’agirait plus d’abaisser au maximum les droits de douane, mais à l’inverse de décider sur quels produits et à quel niveau en imposer.

L’apparition de droits de douane entre Britanniques et Européens pose par ailleurs un énorme problème à l’Irlande, toujours membre de l’UE, qui tient à ce que sa frontière avec l’Irlande du Nord, province du Royaume-Uni, ne devienne pas une frontière physique à cause du Brexit.

Les seules règles de l’OMC

En cas d’échec des négociations, le Royaume-Uni deviendrait du jour au lendemain un pays tiers aux yeux de l’UE. Leur relation ne serait alors plus régie que par les seules règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Ces règles par défaut impliquent des droits de douane et des barrières au commerce qui pourraient paralyser les relations entre Londres et le continent.

Les droits de douane moyens de l’UE envers les pays tiers s’élève à 1,5%, mais ils sont plus importants dans certains secteurs stratégiques, par exemple pour les automobiles (10%).

Sous les règles de l’OMC, il est peu probable que les produits britanniques puissent entrer dans l’UE sans contrôles approfondis à la frontière, une situation qui ne ferait qu’empirer avec le temps avec l’aggravation des divergences réglementaires.

La London School of Economics (LSE) estime dans une étude que ce scénario est sous-estimé par les partisans du Brexit et qu’il réduirait de 40% le commerce du Royaume-Uni avec l’UE sur 10 ans.

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