Quel juste prix pour la rente nucléaire ?

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La Creg, la BNB, Electrabel : trois acteurs du dossier nucléaire, trois évaluations de la fameuse “rente”. Febeliec, qui rassemble les consommateurs industriels d’énergie, joue l’apaisement. Objectif : faire maigrir la facture d’électricité. Argumentaire en cinq points.

Febeliec, la fédération des consommateurs industriels d’énergie, voit “d’un mauvais oeil” la discussion actuelle sur la rente nucléaire, qui risque, selon elle, “de se dégrader en un dialogue de sourds entre la Creg, la Banque nationale et le gouvernement fédéral”. Elle appelle, dans un communiqué publié mardi, à “un débat constructif qui vise le consensus concernant le vrai montant de la rente nucléaire et une répartition équitable entre les stakeholders concernés”.

Son argumentaire s’articule autour de cinq points.

1. Quels sont réellement les prix du nucléaire ? La BNB, Electrabel et la Creg sont “quasiment d’accord” sur l’ordre de grandeur du coût de revient de l’énergie nucléaire en Belgique, estime Febeliec : 17 à 21 euros/MWh). Cependant, ils “divergent sensiblement” sur le prix de vente de cette énergie nucléaire : de 40 à 67 euros/MWh.

La valeur économique d’un contrat baseload (soit une consommation quasiment stable durant la journée et durant l’année), donc de la production nucléaire en 2007, oscillait tout au long de l’année 2006 entre 52,3 et 63,5 euros/MWh, chiffre la fédération. Sur l’ensemble de l’année, cette valeur s’élevait à quelque 60 euros/MWh en moyenne. “Les entreprises et d’autres clients qui ont conclu en 2006 un contrat baseload pour fourniture en 2007, ont donc bel et bien payé en moyenne ce prix-là (ou un prix qui en découle par le biais d’une formule spécifique)”, indique-t-elle

2. Hausse de la rente nucléaire après 2008. Febeliec propose d’étendre le débat aux années ultérieures : “Les contrats forward pour 2008 et surtout pour 2009 pour baseload ont nettement augmenté en prix pour, ensuite, en 2010 et sous l’influence de la crise économique, baisser à nouveau. Au fur et à mesure que les contrats antérieurs avec un prix forward plus bas sont arrivés à leur échéance, et étant donné que les coûts de production dans cette même période ont grimpé nettement moins vite, on peut assumer que la rente nucléaire s’est avérée sensiblement plus élevée dans ces années-là.”

3. Nucléaire : une rente à “écrémer”. Febeliec continue d’insister “pour que la rente nucléaire soit écrémée en vue de générer un level playing field entre les acteurs existants disposant d’un parc de production amorti pendant la période régulée, et les nouveaux entrants qui, par définition, doivent subir un coût d’amortissement considérable au début de leurs activités.” La France et l’Allemagne, par exemple, ont pris ou annoncé des mesures similaires, souligne la fédération.

4. Utiliser la manne nucléaire pour alléger la facture. Febeliec, qui dit représenter 90 % de la consommation industriel d’électricité, insiste pour que la taxe nucléaire soit “allouée au moins partiellement en vue d’alléger la facture de tous les consommateurs“. Ces dernières années, les surcharges et taxes constituent le facteur de coût croissant le plus rapidement dans le prix global de l’électricité, avance-t-elle encore : “La recette de la taxe nucléaire peut être utilisée pour réduire quelque peu les coûts énergétiques.”

5. Ouvrir, enfin, les marchés énergétiques à la concurrence. Febeliec espère enfin que les tensions entre le gouvernement fédéral et la Creg soient “dissoutes rapidement” : “La transposition du troisième paquet énergie offre une excellente opportunité pour donner au régulateur fédéral les compétences et ressources nécessaires” pour, “après plus de dix ans de libéralisation, ouvrir à la concurrence les marchés d’électricité et de gaz naturel”. Pour l’industrie, des prix compétitifs pour l’énergie sont en effet “essentiels pour le maintien de sa compétitivité au niveau international”.

Trends.be

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