Quand l’ONU critique l’austérité à la grecque…

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A l’heure où le gouvernement grec reçoit la bénédiction de son Parlement pour lancer son nouveau plan d’austérité, sous les applaudissements de l’Union européenne, les Nations unies mettent en garde contre le péril que courent l’emploi et la reprise économique.

Les politiques d’austérité comme celles menées en Espagne et en Grèce menacent l’emploi et mettent en péril la reprise économique, a estimé l’ONU dans son rapport annuel sur la situation sociale dans le monde publié mercredi.

“Les mesures d’austérité prises par certains pays comme la Grèce et l’Espagne face à un endettement public excessif non seulement menacent l’emploi dans le secteur public et les dépenses sociales, mais rendent la reprise plus incertaine et plus fragile, prévient le rapport du département des Affaires économiques et sociales de l’ONU. Les gouvernements doivent réagir avec prudence aux pressions en faveur de la consolidation budgétaire et de l’adoption de mesures d’austérité s’ils ne veulent pas risquer d’interrompre le redressement de leur économie.”

Ce problème ne concerne pas uniquement les économies avancées, avertissent les économistes des Nations unies, qui estiment que “de nombreux pays en développement, notamment ceux qui bénéficient de programmes du FMI, subissent également des pressions pour réduire leurs dépenses publiques et adopter des mesures d’austérité”.

L’une des principales conclusions du rapport est que les pays doivent pouvoir mettre en oeuvre de manière systématique des politiques contracycliques. Pour cela, il est “indispensable” de revoir “la nature et les objectifs de base des conditions” imposées par les organisations internationales pour fournir une assistance aux pays en difficulté.

“Il est essentiel que les gouvernements tiennent compte des conséquences sociales probables de leurs politiques économiques” sur la nutrition, la santé et l’éducation afin de ne pas pénaliser la croissance économique à long terme, insiste l’ONU.

Renforcé au parlement, le gouvernement grec boucle son plan de rigueur

Renforcé par un vote de confiance, le gouvernement socialiste grec bouclera mercredi, plus tôt que prévu, les modalités de la nouvelle cure d’austérité réclamée par l’Union européenne pour continuer à protéger le pays de la banqueroute.

Le conseil des ministres devait avaliser dans l’après-midi la “loi d’application” détaillant les mesures qui fâchent du nouveau programme économique pluriannuel, en vue d’un vote avant le 30 juin, comme exigé par la zone euro, a indiqué le gouvernement.

Le texte a, selon le ministère des Finances, reçu l’aval des bailleurs de fonds du pays, UE et FMI, et son volet fiscal, prévoyant une hausse des impôts directs et indirects, a été remanié jusqu’au dernier moment.

Il devait au départ être voté début juillet. Le Premier ministre, Georges Papandréou, a décidé d’accélérer la marche sous pression de la zone euro, et repris l’initiative via un remaniement et un vote de confiance mardi soir. Devant les députés, il a mis en avant la nécessité de “continuer à faire face à la crise et aux déficits, éviter la faillite et garantir le maintien de la Grèce dans le noyau dur de l’euro”. S’il a échoué à convaincre l’opposition, dont tous les députés présents ont voté la défiance, le Premier ministre a fait, dans la nuit, le plein des voix socialistes et écarté le risque d’un rejet de sa politique au Parlement.

L’Allemagne, la France et la Commission européenne ont salué ce vote de confiance, le qualifiant d'”étape importante” et de “bonne nouvelle pour la Grèce et l’Union européenne”. Pour atteindre les objectifs du plan budgétaire, prévoyant d’ici 2015 des économies de 28,4 milliards d’euros et des privatisations de 50 milliards, le texte détaille, selon le ministère des Finances, les coupes budgétaires prévues : réduction des retraites, des allocations sociales, de la masse salariale et du nombre d’emplois dans le secteur public.

Le texte précise également le calendrier et le mode de mise en oeuvre des cessions prévues. La loi crée un “nouveau fonds” chargé des privatisations, “sous contrôle international”, a indiqué au Parlement Evangélos Vénizélos, ministre des Finances. Les “observateurs” étrangers fourniront “le savoir-faire et veilleront à la transparence”, a-t-il précisé.

Evangélos Vénizélos a pu aussi se prévaloir d’une possible aide à la relance de la part des partenaires, alors que la rigueur aggrave la récession et le chômage en Grèce. Ce coup de pouce passerait par le déblocage accéléré de fonds du cadre communautaire d’appui alloué au pays jusqu’en 2013. Il s’ajouterait à un nouveau plan sauvetage, le premier prêt de 110 milliards d’euros accordé en mai 2010 par la zone euro et le FMI n’ayant pas permis au pays de retrouver son autonomie financière.

Trends.be, avec Belga

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