Pourquoi S&P replonge la zone euro dans la crise

La zone euro, qui espérait connaître une accalmie, replonge dans la crise après la dégradation en rafale par Standard & Poor’s de plus de la moitié de ses membres. L’agence de notation renvoie la balle aux responsables politiques.

Lors d’une conférence téléphonique samedi après-midi, Standard & Poor’s a laissé entendre qu’elle évaluait à 40 % les chances de récession pour la zone euro en 2012. “Cela pourrait donner lieu à une contraction de 1,5 %”, a déclaré Moritz Kraemer, analyste crédit.

L’agence de notation estime encore que les mesures prises dans le cadre du dernier sommet européen de décembre restent insuffisantes pour faire face aux risques menaçant la zone euro.

Enfin, S&P a annoncé qu’elle évaluerait l’impact des abaissements de notes de pays de la zone euro (lire ci-après) sur certaines institutions, dont le Fonds de secours européen (FESF), et qu’elle communiquera “très rapidement” son opinion sur la note associée au FESF. Le fonds de secours européen dispose actuellement de la meilleure note possible, AAA, mais cette note est sous perspective négative.

Standard & Poor’s frappe l’ensemble de la zone euro, à l’exception de l’Allemagne

Deux pays de la zone euro, dont la France, ont perdu vendredi leur note triple A, sept autres ont vu leur note abaissée et restent sous la menace d’une nouvelle dégradation, seule l’Allemagne étant épargnée par l’agence de notation (voir graphique ci-dessus).

L’Allemagne, première économie européenne a vu non seulement confirmé son précieux triple A, qui lui permet d’emprunter à bas coût sur les marchés, mais S&P a aussi affirmé qu’elle n’envisageait pas de changer son point de vue dans les mois qui viennent.

La France, deuxième économie en Europe, a en revanche perdu sa note AAA, une décision largement anticipée par les marchés, mais qui a contraint le président Nicolas Sarkozy à convoquer d’urgence une réunion de crise.

L’agence d’évaluation financière a abaissé de deux crans les notes de l’Italie, de l’Espagne, du Portugal et de Chypre, ces deux derniers Etats étant relégués dans la catégorie des investissements spéculatifs, selon un communiqué publié en fin de soirée.

L’Autriche, qui perd aussi son triple A, ainsi que Malte, la Slovaquie et la Slovénie sont dégradées d’un cran avec la France.

En revanche, les quatre autres pays notés AAA (Allemagne, Finlande, Pays-Bas et Luxembourg) conservent leur prestigieuse distinction. La Belgique, l’Estonie et l’Irlande ne sont pas dégradées elles non plus.

Après cette décision, S&P maintient tous les pays de la zone euro, hormis l’Allemagne et la Slovaquie, sous perspective négative, ce qui signifie que l’agence estime à une sur trois les chances d’un nouvel abaissement en 2012 ou 2013. La Grèce était déjà sous perspective négative.

Allemagne vs France : S&P consacre un décrochage entre les deux premières économies d’Europe

L’agence de notation américaine avait prévenu le 5 décembre qu’elle envisageait d’abaisser la note souveraine de 15 des 17 pays de la zone euro, y compris celle de l’Allemagne. En épargnant cette dernière mais en sanctionnant la France, l’agence consacre un décrochage entre les deux économies les plus importantes d’Europe.

“De notre point de vue, les initiatives prises par les responsables européens au cours des dernières semaines pourraient être insuffisantes pour répondre totalement aux problèmes systémiques en cours de la zone euro”, a jugé S&P dans un communiqué.

Plusieurs responsables politiques, à commencer par le ministre français des Finances François Baroin, ont minimisé cette décision, anticipée dès vendredi après-midi, y compris par les marchés qui n’ont pas cédé à la panique.

La zone euro replonge dans la crise après la perte du triple A de la France

La zone euro, qui espérait traverser une accalmie, replonge dans la crise après la dégradation en rafale par Standard & Poor’s de plus de la moitié de ses membres, dont la France, privée de sa note “triple A” et décrochée de la locomotive allemande.

Ces nouvelles turbulences sont aggravées par l’impasse des négociations sur la dette de la Grèce, pourtant vitales pour éviter à Athènes la faillite.

Après le succès des premières émissions obligataires de l’année en Italie et en Espagne, qui semblait éloigner le spectre d’une propagation de la crise à ces poids lourds de la zone euro, Standard & Poor’s a mis vendredi une grande partie de ses menaces à exécution.

Trends.be, avec Belga

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