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Pourquoi les Wallons ont à ce point une image de ‘gréviculteur’

La vie économique peut parfois se résumer à des anecdotes. Comme celle de cette hôtesse d’accueil, Wallonne et néerlandophone, qui ne voulait pas être assimilée aux gréviculteurs de sa Région.

Mercredi soir par exemple, je prenais la parole sur un thème économique dans le Brabant wallon et je me suis retrouvé à un moment donné pas trop loin de l’hôtesse d’accueil, néerlandophone, qui bavardait tranquillement avec les organisateurs. Et cette charmante hôtesse, qui était tout sourire, expliquait gentiment à ces organisateurs, néerlandophones, qu’elle était en fait Wallonne. Mais attention, qu’elle travaillait dur, qu’il ne fallait pas penser que tous les Wallons sont des gréviculteurs.

Ce genre de discussion ou justification, vous en avez des tonnes pareilles entre francophones et néerlandophones au sein des entreprises bruxelloises. Les Flamands demandant souvent aux francophones, pourquoi est-ce que les Wallons sont si rapides à débrayer en solo ?

Premier constat, les statistiques officielles de l’ONSS sont contradictoires, car elles montrent qu’il y a moins de jours de grève en Wallonie qu’en Flandre. Bruxelles est même plus souvent en grève que la Wallonie. Mais ces chiffres sont à manier avec des pincettes, car ils ne peuvent pas donner une image claire des mouvements de grève au niveau régional, vu que ces statistiques sont basées sur le siège principal de l’entreprise. Cela biaise donc l’image globale. “Une grève sur le site flamand d’une entreprise dont le siège est basé en Wallonie sera enregistrée comme une grève en Wallonie, et vice-versa”, précise l’Echo.

Et justement, mes collègues de ce journal économique ont également cherché à savoir pourquoi les Wallons ont une image de gréviculteur qui leur colle à la peau. Michel Meyer, le vice-président de la CGSP fédérale admet que les Wallons dégainent plus vite, mais selon lui, cela s’explique par le déséquilibre dans les investissements entre le nord et le sud. Un déséquilibre qui se voit aujourd’hui dans les prisons, par exemple. Mais ce déséquilibre est aussi présent sur le rail, car on a investi là où c’était rentable, ce qui a donc pénalisé la Wallonie.

Exiger la démission du gouvernement, légitime défense ou ligne rouge à ne pas franchir ?

Et puis, pour justifier les grèves en Wallonie, ce syndicaliste ajoute que le contexte économique wallon est plus difficile. En clair, on a plus de chance de perdre son emploi en Wallonie qu’en Flandre, et il sera également plus difficile d’en retrouver un. Du coup, dit-il, cela crée plus de tensions.

Sans doute, mais l’argument ne convainc qu’à moitié. Quand des patrons flamands cherchent des travailleurs de notre côté de la frontière linguistique, dans le Hainaut par exemple, ils sont souvent obligés de faire appel à des frontaliers… français, qui, eux, acceptent d’être plus souples et souvent même d’apprendre le néerlandais.

Mais au-delà de ces considérations économiques, l’enquête du journal L’Echo montre qu’en Flandre, les syndicats ont plus de mal à se faire entendre dans le débat public, car ils se font vite remettre à leur place. En d’autres mots, l’anti-syndicalisme est plus prononcé au nord qu’au sud.

Et enfin, il y a un autre aspect important, c’est le fait que les syndicats au sud n’ont pas de relais au sein de ce gouvernement, vu que le MR est le seul parti francophone au fédéral et que le poids politique francophone n’est que de 25%. Mais fallait-il pour autant exiger la démission de ce gouvernement ? Pour les uns, c’est de la légitime défense face à un gouvernement jugé autiste envers les revendications sociales. Pour les autres, c’est une ligne rouge qu’il ne fallait pas franchir, car ce genre de déclaration fait plus pour le séparatisme du pays que tous les discours de la N-VA. Un beau débat en perspective…

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