Pourquoi la zone euro est sous pression

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La Grèce, maintenant l’Espagne… Les marchés s’inquiètent de l’état des finances publiques de plusieurs pays de la zone euro. Le cours de la monnaie unique chute. Décryptage.

Les marchés semblent affolés par la zone euro. Pourquoi ?

Dans plusieurs pays de la zone euro, la situation des finances publiques est franchement catastrophique. La semaine dernière, c’était la Grèce, lestée d’un déficit de 13% en 2009, qui avait semé la panique. Maintenant, c’est l’Espagne. Il y a encore deux ans, le pays affichait des excédents budgétaires. Frappé avec une grande violence par la crise, il a subi l’année dernière un déficit équivalent à 11,4% du PIB. Et sa dette a quasiment doublé, passant de 36% à plus de 60% du PIB. D’autres pays de la zone euro vont plutôt mal, notamment l’Irlande et le Portugal. Ces “Pigs”, acronyme de leur nom en Anglais, qui signifie aussi “cochon”, sont dans le viseur des agences de notation. Les craintes des marchés se focalisent sur une éventuelle incapacité de l’un de ces pays à honorer les remboursements de ses emprunts, entraînant un défaut de paiement. Du coup, ceux qui prêtent de l’argent exigent une prime de risque et augmentent les taux d’intérêts. Ce qui n’améliore évidemment pas leur situation.

Que risquent vraiment les “Pigs” ? La faillite ?

D’abord, il faut souligner qu’un Etat peut certes faire faillite, c’est à dire être incapable d’honorer ses remboursements. Mais, contrairement à une entreprise, il ne peut pas se retrouver en liquidation judiciaire. Un défaut de paiement dans la zone euro ne peut pas être exclu, mais les conséquences seraient telles que tout sera fait pour éviter une telle situation. “En Europe, on estime que les banques ont dans leurs portefeuilles environ 4,5% d’emprunts d’Etat, tous Etats confondus, explique un analyste. Et les banques de la zone euro ont des filiales dans tous les pays. Si un pays fait défaut, il peut y avoir un effet de contagion important”. “Ce serait un nouveau Lehman, qui mettrait les banques sous l’eau”, expliquait Agnès Benassy-Quéré, économiste au CEPII, à L’Expansion.com en octobre.

Quelles sont les solutions pour éviter une faillite dans la zone euro ?

Conformément à la clause de no bail-out, l’Union européenne en tant que telle ne peut pas venir en aide à un pays en particulier. Sauf “catastrophes naturelles ou événements exceptionnels échappant à son contrôle”… Il peut y avoir des débats autour de la définition de ces “événements exceptionnels”, mais d’autres solutions sont de toutes façons envisageables, comme le note Pieter Cleppe, du think tank Open Europe. A court terme, des banques ou des Etats, en bilatéral, peuvent venir pallier un éventuel problème de liquidité. A moyen terme, les sommes en jeu sont telles qu’il faudrait une intervention du FMI. “C’est pour cela que, dans l’intervalle, il faut restaurer la confiance”, estime cet analyste. La Commission européenne va donc faire des rapports réguliers sur l’Etat des finances de la Grèce, pour être sûre que le plan de redressement est scrupuleusement suivi.

La Grèce peut-elle s’en sortir rapidement grâce à ce plan ?

Les marchés n’ont pas été très convaincus par le plan de redressement présenté par Athènes. Ce dernier est en effet notamment basé sur des hausses d’impôt, dans un pays où la collecte des taxe est traditionnellement très difficile. Et le manque de crédibilité des statistiques ajoute à la méfiance. De plus, “au-delà de son problème d’ajustement de moyen terme, la Grèce a aussi un problème de liquidité”, analyse Laurence Boone, économiste chez Barclays Capital. Pour faire face à ses dépenses courantes, elle doit en effet trouver plus de 17 milliards d’ici avril ou mai, ce qui explique la nervosité des marchés. La Grèce doit emprunter à 10 ans à 6,7 %, alors que l’Allemagne, elle, référence pour les marchés, bénéficie d’un taux à 3,1%.

Et l’Espagne ?

Madrid n’a pas les mêmes problèmes qu’Athènes. Sa dette augmente moins vite, et elle est moins importante. Et l’Espagne n’a pas vraiment de problème de financement à court terme. “Les inquiétudes sur ce pays concernent sa capacité à rebondir, précise Laurence Boone. La folle croissance qu’a connue l’Espagne était basée sur le boom de la construction, qui est aujourd’hui un secteur endommagé. Le pays connaît un fort taux de chômage, et si la croissance ne repart pas, sa dette va continuer à progresser assez rapidement”. Ce qui, à plus long terme, peut l’entraîner dans un scénario à la grecque. C’est la plus grande crainte des marchés aujourd’hui. L’euro pâtit de cette méfiance. Ce vendredi, il est tombé à son plus bas depuis mai 2009, sous les 1,36 dollars.

Trends.be, avec L’Expansion.com

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