Portugal: démission surprenante du ministre des Affaires étrangères, Paulo Portas

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Le ministre portugais des Affaires étrangères, Paulo Portas, numéro 2 du gouvernement depuis la démission la veille de son collègue des Finances, Vitor Gaspar, a annoncé mardi qu’il renonçait lui aussi à ses fonctions.

“Ma demande est irrévocable”, a indiqué M. Portas, chef du petit parti conservateur CDS-PP, allié au Parti social-démocrate du Premier ministre, Pedro Passos Coelho, dans la coalition de centre-droit, au pouvoir depuis juin 2011.

La démission totalement inattendue de M. Portas intervient après celle tout aussi surprenante, la veille, du ministre des Finances Vitor Gaspar, architecte de la mise en oeuvre des mesures de rigueur et des réformes exigés par les créanciers du Portugal en contrepartie du plan de sauvetage international de 78 milliards d’euros dont le pays bénéficie depuis mai 2011.

Dans sa lettre de démission M. Portas a souligné qu’il contestait le choix du Premier ministre de remplacer M. Gaspar par son adjointe Maria Luis Albuquerque qui doit prendre ses nouvelles fonctions dans l’après-midi.
Ce choix du Premier ministre avait été interprété comme une indication claire qu’il entendait, malgré les critiques de l’opposition et un mécontentement social en forte hausse, poursuivre sur la voie de la rigueur budgétaire.

“Le Premier ministre a choisi de poursuivre sur la voie de la continuité au ministère des Finances. Je respecte ce choix mais je suis en désaccord”, a souligné M.Portas. “J’ai exprimé ce point de vue au Premier ministre qui a malgré tout confirmé son choix. Par conséquent, rester au gouvernent serait un acte de simulation. Ce ne serait pas politiquement viable ni souhaitable”.

Auparavant M. Portas avait plusieurs fois émis des doutes sur la validité de la politique d’austérité et a même averti qu’il pourrait rompre la coalition au pouvoir si un projet d’augmenter les impôts des retraités voyait le jour.

Le Premier ministre refuse la démission Le Premier ministre portugais, Pedro Passos Coelho, a déclaré mardi soir qu’il n’avait pas accepté la démission de son ministre des Affaires étrangères, Paulo Portas, numéro 2 de son gouvernement, qui a renoncé à ses fonctions provoquant une crise politique dans le pays. “Il serait précipité d’accepter cette démission” face à la “menace d’instabilité politique que cela entrainerait”, a dit M. Passos Coelho dans une déclaration à la nation.

“Je ne démissionne pas (…) Je travaillerai au service de mon pays avec le même engagement”, a souligné le Premier ministre alors que l’éventualité de voir le président Anibal Cavaco Silva convoquer des législatives anticipées s’était renforcée après la démission de M. Portas. Accepter le départ de M. Portas “reviendrait à balayer deux années de sacrifices”, a souligné M. Passos Coelho.

M. Passos a souligné que la démission de son ministre des Affaires Etrangères l’avait profondément surpris: “Dans les prochaines heures je chercherai à clarifier et assurer toutes les conditions pour surmonter cette crise”.

La décision de M. Portas, chef du petit parti conservateur CDS-PP, partenaire du Parti social-démocrate du Premier ministre Pedro Passos Coelho au sein de la coalition au pouvoir depuis 2011, a représenté un coup très dur pour le gouvernement. L’alliance des deux partis permet en effet à la coalition de disposer d’une confortable majorité au Parlement, indispensable à l’application des mesures de rigueur.

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