Portefeuille XXL ou XXS pour Marianne Thyssen?

© Image Globe/NICOLAS MAETERLINCK

La représentante belge sera en charge de l’Emploi et des Affaires sociales dans la Commission Juncker. L’envergure de ses prérogatives fait débat.

Après avoir passé avec succès le cap des auditions devant le Parlement européen, Marianne Thyssen (CD&V) sera donc en charge pour cinq ans de l’Emploi et des Affaires sociales. En effet, Marianne Thyssen a présenté aujourd’hui aux députés européens les grandes lignes de la politique qu’elle entend mener pendant les cinq années à venir au sein de l’équipe de Jean-Claude Juncker. Elle a notamment promis de donner plus de poids aux indicateurs sociaux dans les recommandations économiques de la Commission.

Auditionnée durant trois heures par la commission parlementaire compétente, Marianne Thyssen a donc donné quelques accents sociaux à son propos, sans s’écarter de la ligne tracée par Jean-Claude Juncker. “Il n’y a pas à choisir entre la compétitivité et l’équité sociale, ce sont les deux côtés d’une même pièce”, a-t-elle dit.

Mais Marianne Thyssen a hérité d’un portefeuille dont les contours exacts sont difficiles à établir… Compétences insignifiantes pour les uns, centrales pour les autres, les matières sociales n’ont jamais figuré très haut à l’agenda européen. Mais les choses sont peut-être en train de changer.

“Les affaires sociales et l’emploi ont le potentiel pour prendre du poids dans les années à venir”, estime Claire Dhéret, analyste au think tank indépendant European Policy Center (EPC). Selon cette spécialiste du marché européen de l’emploi, l’importance des sujets sociaux progresse au sein de l’Union. “Traditionnellement, l’UE a toujours été orientée vers le développement des politiques macroéconomiques, poursuit Claire Dhéret. Mais le fait que l’Union ait peu de compétences en matière sociale a décrédibilisé le projet européen aux yeux des citoyens. Aujourd’hui, il y a une réelle reconnaissance de ce problème.”

Le prédécesseur de Marianne Thyssen n’était certes pas le plus visible des commissaires européens. Mais le Hongrois László Andor a néanmoins initié certaines politiques européennes en matière d’emploi. Notamment la garantie jeunesse, qui vise à offrir à tout jeune, dans les quatre mois de son arrivée sur le marché, une offre d’emploi, un stage ou une formation. La Région bruxelloise a d’ailleurs transposé ce dispositif voici quelques mois. “La gouvernance économique de l’Union européenne a pris de l’ampleur ces dernières années. Et des éléments de politique d’emploi y ont été intégrés”, constate Claire Dhéret (EPC).

L’Union augmente son emprise

Si les Etats membres — en Belgique, les régions — gardent la main sur la plupart des leviers en matière d’emploi, l’Europe s’en mêle aussi de plus en plus. “Les acteurs de terrain que sont les partenaires sociaux ont encore beaucoup à dire en Belgique. Mais l’UE augmente son emprise, via par exemple la directive sur le détachement des travailleurs ou les règlements en matière de sécurité sociale”, explique Olivier Rijckaert, avocat spécialisé en droit social chez Sotra. Le nouveau statut unique et les nouvelles règles en matière de motivation du licenciement du travailleur découlent aussi de la pression de certaines institutions européennes et de la Cour de Justice.

Marianne Thyssen a toutes les cartes en main pour imposer les dossiers sociaux à l’agenda européen. Elle devra se battre face aux Etats membres, mais aussi trouver sa place dans le nouvel organigramme de la Commission. Elle sera en effet placée sous l’autorité de deux vice-présidents : le Finlandais Jyrki Katainen (Emploi et Croissance) et le Letton Valdis Dombrovskis (Euro et Dialogue social). Mais la feuille de route de Jean-Claude Juncker est claire : les priorités de son mandat vont vers l’emploi et la croissance, pour lesquels il compte mobiliser 300 milliards d’euros.

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