Plan géant de l’UE : une “véritable solidarité” est-elle possible ?

© Montage Bloomberg

“Nous devons montrer notre solidarité” pour aider les nations de la zone euro en difficulté de paiement, a estimé Didier Reynders, notre ministre des Finances, en marge du conseil Ecofin de dimanche. Problème : le Royaume-Uni a d’ores et déjà prévenu qu’il ne participerait pas à quelconque “Fonds d’urgence européen”, le pays de Sa Gracieuse Majesté n’ayant pas adopté la monnaie unique…

En mettant sur pied un mécanisme de stabilité décidé vendredi par les dirigeants de la zone euro, les 16 pays de la zone euro doivent prouver leur solidarité et s’engager vers un véritable gouvernement économique, a indiqué dimanche Didier Reynders, ministre belge des Finances : “Les pays de la zone euro doivent montrer leur solidarité. Cela peut se faire par exemple par l’octroi de garanties ou l’émission, par la Commission, d’obligations européennes”, a-t-il précisé à son arrivée au conseil Ecofin.

Les ministres sont appelés à adopter la création d’un mécanisme de stabilité pour aider les pays de la zone euro en difficultés. L’incertitude demeure sur la manière dont ce mécanisme fonctionnera. Les possibilités de la Commission européenne d’emprunter de l’argent sur le marché des capitaux sont limitées du fait du caractère modeste du budget européen. C’est la raison pour laquelle les ministres examineront des garanties des Etats.

Problème : Londres refuse de participer au Fonds d’urgence européen…

Or, la Grande-Bretagne refuse de participer, en y apportant sa garantie, au Fonds d’urgence envisagé pour aider les pays de la zone euro en difficulté, a indiqué dimanche une source diplomatique britannique à l’AFP. Une information confirmée par Alistair Darling, ministre britannique des Finances.

L’idée de départ était que la Commission européenne puisse emprunter jusqu’à 70 milliards d’euros, en bénéficiant de la garantie de tous les pays de l’Union européenne, y compris ceux qui, comme la Grande-Bretagne, n’utilisent pas l’euro, puisqu’il s’agit d’un mécanisme de l’UE, selon des sources diplomatiques.

Pour valider un tel dispositif au niveau de toute l’UE il faudrait l’approbation d’une majorité qualifiée suffisante des 27 ministres européens qui se réunissent à Bruxelles. Le refus de Londres d’y participer pourrait contraindre la zone euro à se rabattre sur un mécanisme de prêts garantis par les seuls pays utilisant la monnaie unique, une option également à l’étude.

Reynders : “Que Londres laisse au moins la liberté aux pays de la zone euro de faire quelque chose ensemble !”

Alistair Darling ne souhaite pas apporter pas de garanties ? “Qu’il laisse au moins la liberté aux pays de la zone euro de faire quelque chose ensemble !”, a commenté Didier Reynders, pour qui les décisions à prendre ce dimanche s’avéraient lourdes et difficiles, “comme au temps de la crise financière de 2008”.

Ces décisions sont importantes non seulement pour les pays en difficultés, mais aussi pour l’emploi, le pouvoir d’achat et les perspectives économiques de chaque pays de l’euro, a-t-il estimé.

La Suède juge “irréaliste” la non-participation de Londres au plan européen

[UPDATE 1] Anders Borg, ministre suédois des Finances, a jugé lundi “irréaliste” la non-participation britannique au plan européen de 750 milliards d’euros, soulignant que les pays hors zone euro, comme la Suède et le Royaume-Uni, seraient aussi largement touchés en cas de débâcle financière.

“Il est complètement irréaliste de croire qu’on ne doit pas aider !, a-t-il ainsi déclaré lors d’une conférence de presse à Stockholm, de retour du sommet de Bruxelles. Je pense qu’il est irréaliste d’imaginer que les Britanniques n’auront pas à participer. Londres est le centre financier de l’Europe. Si les financements et les paiements des banques ne fonctionnent plus, il ne se passera pas plusieurs jours avant que les marchés financiers à Londres soient affectés de façon dramatique.”

Bien qu’elle ne soit pas membre de la zone euro, la Suède s’est dite dimanche prête à participer “au cas par cas” et en cas de besoin au mécanisme mis au point pour les 16 pays membres de l’union monétaire. Une éventuelle crise financière européenne mettrait à bas toutes les exportations suédoises, a justifié Anders Borg.

Trends.be, avec Belga

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