“Pensionnés, soyez solidaires des actifs !”

© Belga

Plusieurs milliers de manifestants ont dit “non” à l’austérité et réclamé “davantage de solidarité et de dignité pour les pensionnés et prépensionnés”. Le patronat a dénoncé une “analyse incomplète” et des “propositions inéquitables”. Et renversé la proposition, demandant aux pensionnés eux-mêmes d’être solidaires des actifs.

Plus de 4.000 manifestants selon les syndicats, entre 2.000 et 3.000 selon la police, se sont rassemblés mercredi à 11 h entre le rond-point Schuman et le parc du Cinquantenaire, à Bruxelles, pour dire “non à l’austérité” et réclamer davantage de “solidarité et de dignité pour les pensionnés et prépensionnés”.

Les syndicats (CSC, CGSLB et FGTB) réclament une pension d’au moins 1.150 euros net et un ratio de remplacement minimum, en Europe, s’élevant à 75 % du salaire moyen. Ils s’opposent catégoriquement à la prolongation de la durée des carrières. Les syndicats plaident également pour une “opération de rattrapage” des pensions les plus anciennes.

“L’adaptation des allocations sociales au bien-être ne peut être remise en cause : il ne s’agit pas d’un avantage supplémentaire !”, souligne la CSC.

Les syndicats ont appelé les patrons à prendre leurs responsabilités : “Ce sont eux qui mettent les caisses de la Sécurité sociale en difficulté en demandant des réductions de cotisations sociales, des intérêts notionnels et des cadeaux fiscaux”, estime la FGTB.

La CGSLB, bien que considérant le premier pilier comme le plus important, “met également l’accent sur le deuxième pilier comme pension complémentaire”. Le syndicat libéral regrette que “trop de travailleurs en soient exclus, alors que le système existe déjà dans de nombreuses entreprises”.

La manifestation s’est déroulée dans le calme et s’est achevée vers midi. Les syndicats ont donné rendez-vous à leurs sympathisants le 29 septembre à Bruxelles pour la manifestation européenne contre les plans d’austérité.

Le patronat flamand demande aux pensionnés… d’être solidaires des actifs !

Les demandes d’augmentation des pensions qui émanent des syndicats sont “irrecevables” car elles “reposent sur une analyse incomplète, sont infinançables et inéquitables”, estime la Fédération des entreprises de Belgique dans un communiqué. “Non, les pensionnés ne sont pas tous pauvres !, plaide la FEB. Au contraire, nos plus de 60 ans s’inscrivent dans le Top 3 européen des pensionnés qui consomment le plus. En outre, la pension minimum en Belgique n’est pas parmi les plus basses d’Europe.”

Les exigences des syndicats sont “infinançables”, estiment les patrons : “Une économie de 25 milliards d’euros doit être réalisée d’ici à 2015. Une augmentation généralisée des pensions coûterait facilement 2 milliards et témoignerait, dans ce contexte, d’une utilisation inefficace de moyens trop rares.”

Les propositions sont également inéquitables, selon la FEB. “Elles se reporteront massivement sur les générations futures. Au vu de l’évolution démographique, les charges qui pèseront sur les épaules des générations futures doubleront : aujourd’hui, quatre actifs financent la pension d’un pensionné ; en 2060, on ne comptera plus que deux actifs pour un pensionné.”

Selon la fédération, “la Belgique ne peut qu’appliquer les recettes fructueuses adoptées par les autres Etats membres : garder plus de gens au travail plus longtemps, grâce entre autres à un démantèlement progressif du système de prépension”.

Le Voka, la fédération des entreprises flamandes, demande aux pensionnés et prépensionnés d’être “solidaires avec les actifs. Une augmentation des allocations n’est actuellement pas réaliste !”

“La solidarité ne peut reposer uniquement sur les épaules des travailleurs !” (Ecolo)

Le financement de la solidarité entre les personnes ne peut reposer uniquement sur les épaules des travailleurs, estime mercredi Ecolo dans un communiqué : “D’autres revenus que ceux du travail, notamment les revenus des capitaux, doivent contribuer au financement de la solidarité.”

Afin d’assurer le financement de la solidarité, Ecolo estime prioritaires la lutte contre la fraude fiscale, une meilleure contribution des secteurs bancaires et énergétiques au budget de l’Etat et l’application d’un mécanisme de taxation des mouvements financiers spéculatifs.

Pour le parti écologiste, la résolution du défi démographique “ne peut se limiter à vouloir augmenter la durée de la carrière, indépendamment de la pénibilité rencontrée par les travailleurs, ou à développer des systèmes de pension complémentaire par capitalisation, aussi coûteux qu’inégalitaires. C’est pourtant ce à quoi se limitent trop d’interlocuteurs.”

Pour répondre au défi des pensions, Ecolo plaide notamment pour le relèvement des plus basses pensions au-delà du seuil de pauvreté et leur liaison structurelle au bien-être, une revalorisation spécifique des pensions les plus anciennes, une amélioration des conditions de travail des travailleurs les plus âgés afin de favoriser leur maintien à l’emploi, et une plus grande “conditionnalité” de la déduction fiscale et une orientation plus éthique, plus durable et plus sûre des placements effectués par les fonds de pension.

Trends.be, avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content