Où en sont les réformes de la zone euro ?

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Priorité de l’Union européenne, le chantier visant à réformer la zone euro, cher au président français Emmanuel Macron, avance péniblement à cause de désaccords parfois profonds entre Etats membres.

Début mars, huit pays du nord de l’UE –Pays-Bas, Estonie, Lituanie, Lettonie, Finlande, Irlande, Danemark et Suède– ont exprimé conjointement leur inquiétude face à ces réformes, demandant à ce que les propositions trop “ambitieuses” soient repoussées à plus tard.

Les discussions ont également pâti jusqu’à ces derniers jours de l’absence de gouvernement en Allemagne, après la victoire étriquée d’Angela Merkel aux élections législatives de septembre dernier.

Le sujet est à l’ordre du jour d’un sommet européen le 23 mars à Bruxelles.

– Parlement de la zone euro: enterré

L’idée d’un Parlement spécifique à la zone euro, chargé de contrôler ses décisions, semble avoir été enterrée en fin d’année 2017. Le président français, qui avait lui-même formulé cette proposition, a mis de l’eau dans son vin.

Les Allemands ont pendant un temps paru ouvert à cette idée, mais ce Parlement n’aurait eu qu’un rôle consultatif.

Quant au président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, il n’a cessé de répéter qu’il n’avait pas de “sympathie” pour cette proposition, car il estime que ce rôle est l’apanage du Parlement européen.

– “Super” ministre des Finances: repoussé

Emmanuel Macron est resté plutôt vague sur ce nouveau poste, qu’il imagine comme le “véritable responsable exécutif” de la zone euro.

Bruxelles a proposé de créer un “ministre européen de l’Economie et des Finances” en fusionnant la vice-présidence de la Commission européenne et la présidence de l’Eurogroupe –ce cénacle informel qui réunit les 19 ministres des Finances de la zone euro.

Mais les ministres de l’Eurogroupe ont implicitement repoussé l’idée en décembre dernier en choisissant d’élire l’un des leurs à leur tête, le Portugais Mario Centeno, pour un mandat de deux ans et demi.

– Budget pour la zone euro: compliqué

Voilà plusieurs mois que les Etats membres s’écharpent sur le sujet. Les uns, France en tête, imaginent un budget spécifique et conséquent pour stabiliser la zone euro en cas de choc économique. Certains, comme les Allemands, préfèrent un budget principalement destiné à soutenir les réformes structurelles. D’autres sont totalement opposés à l’idée.

La Commission considère, elle, que ce budget ne doit pas être distinct de celui de l’UE. La question reste dans tous les cas un projet à long terme.

“Jamais on ne se mettra totalement d’accord”, résume un haut responsable européen. “Mais à un moment, on trouvera quelque chose qu’on améliorera au fil du temps.”

– Achèvement de l’Union bancaire: discuté

L’UE considère cette question comme l’une des plus aisées à résoudre et ambitionne “des avancées concrètes” dès juin prochain. Il s’agit notamment de mettre en place une garantie européenne des dépôts bancaires, d’abord en réduisant le risque bancaire dans les Etats membres, puis en le mutualisant.

Les discussions, engagées depuis des années, s’enlisent ces derniers temps, en dépit de la volonté politique affichée.

La formation d’un nouveau gouvernement de coalition en Allemagne devrait permettre d’avancer. Mais les réticences des pays du Nord à voir leurs banques payer pour celles du Sud, notamment les italiennes, réputées moins vertueuses, reste un problème pour les prochaines semaines.

– “Fonds monétaire européen”: acté

Les 28 ont acté la transformation prochaine du Mécanisme européen de stabilité (MES), chargé de superviser les prêts aux Etats membres en difficulté, comme la Grèce, en une sorte de “Fonds monétaire européen”.

Derrière ce nom –qui ne devrait pas être conservé– les Européens peinent cependant à s’entendre sur les missions exactes du futur Fonds, qui pourrait se substituer au FMI à l’échelle communautaire pour aider les pays en crise.

Unique point d’accord pour l’instant: ce Fonds devrait endosser le rôle de “prêteur en dernier recours” (ou “backstop”) pour les banques en détresse si les mécanismes de sauvegarde déjà prévus s’avéraient inefficaces.

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