Merkel veut définir “des standards européens de compétitivité”

Angela Merkel © Reuters

La chancelière allemande Angela Merkel a appelé mardi à une plus étroite coordination des politiques économiques des Européens, bien meilleur moyen selon elle que la dépense publique pour faire repartir une croissance en panne.

“Pour moi il est absolument clair que nous avons besoin d’une plus forte coordination des politiques économiques”, a martelé la chancelière devant un parterre d’entrepreneurs à Berlin. “Il ne s’agit pas de transferts financiers”, a-t-elle précisé, mais de définir “des standards de compétitivité” auxquels tous les membres de la zone euro devraient se tenir, selon elle.

La Commission européenne a revu mardi en nette baisse ses prévisions de croissance pour la plupart des pays européens cette année et l’an prochain, ainsi que pour la zone euro dans son ensemble.

“Un budget à l’équilibre […], c’est simplement le minimum raisonnable”

Comme Bruxelles, la chancelière voit aussi dans l’investissement un levier pour stimuler la croissance en panne. Mais “cela ne doit pas être à crédit”, a-t-elle redit. “Nous nous dirigeons vers un budget à l’équilibre et c’est maintenant présenté comme de l’austérité budgétaire à outrance, alors que c’est simplement le minimum raisonnable” au vu de l’évolution démographique de l’Allemagne, a-t-elle dit.

Berlin refuse de mettre de l’argent public sur la table pour soutenir la conjoncture, comme le lui réclament ses partenaires, pour ne pas mettre en péril l’équilibre de son budget fédéral prévu pour l’an prochain, pour la première fois depuis 1969.

L’investissement nécessaire devra venir essentiellement du secteur privé, a affirmé Mme Merkel. Intervenant après elle à la même conférence, son ministre de l’Economie, le social-démocrate Sigmar Gabriel, lui a donné raison.

Prévisions en berne

Alors que la Commission européenne tablait en mai dernier sur une croissance de 1,6% pour l’UE et de 1,2% pour la zone euro, elle ne mise désormais plus que sur respectivement 1,3% et 0,8%.

La croissance devrait s’accentuer lentement en 2015, à 1,5% (UE) et 1,1% (zone euro), “grâce à une amélioration de la demande externe et intérieure”. A partir de 2016, la Commission espère voir le produit intérieur croître de 2,0% et 1,7%, sous l’effet du renforcement du secteur financier et des réformes structurelles.

Bruxelles a également abaissé mardi sa prévision de croissance du PIB de la première économie européenne à 1,3% pour cette année et 1,1% pour l’année prochaine. “Les risques conjoncturels pour l’économie allemande ont augmenté”, a reconnu Mme Merkel, citant notamment la crise en Ukraine, “mais dans le même temps la demande intérieure est stable, la consommation privée est un soutien solide de la croissance”.

Pour la Belgique, la Commission mise sur une croissance de 0,9%, tant en 2014 qu’en 2015, bien en deçà de ses prévisions de printemps (1,4% et 1,6%), mais aussi des derniers calculs du Bureau du Plan. Celui-ci table en effet toujours sur une croissance de 1,1% en 2014 et de 1,5% en 2015.

Ces divergences de prévisions se traduisent par des anticipations très variables pour la dette et le déficit de la Belgique. A politique inchangée, le déficit atteindra 3,0% cette année et 2,8% en 2015, calcule la Commission. Or, la trajectoire budgétaire remise fin octobre par le gouvernement Michel prévoit une diminution progressive, à 2,1% l’an prochain, 1,3% en 2016 et 0,4% en 2017. A moins d’un hypothétique retour de croissance, de nouvelles coupes budgétaires seront nécessaires pour atteindre l’objectif.

La Commission est également plus pessimiste sur le front de la dette publique. Alors que le gouvernement mise sur un léger tassement du taux d’endettement l’an prochain à 105,1% du PIB, elle prévoit quant à elle sur une nette aggravation, à 107,3%.

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