Masdar city, quand l’énergie renouvelable marche au pétrole

Masdar city © AFP

Dans le désert d’Abou Dhabi, la ville nouvelle de Masdar city sort peu à peu du sable en pariant sur les énergies renouvelables pour préparer le jour où seront épuisées les ressources pétrolières des Emirats arabes unis.

Initiée en 2007, Masdar city n’est pas encore devenue la ville de 40.000 habitants dont les autorités rêvaient pour 2015, un objectif renvoyé sine die. La cité ne compte actuellement que quelques centaines d’habitants, en plus des étudiants qui peuplent le campus.

Mais elle préfigure le futur avec ses voitures électriques sans chauffeur qui font la navette entre les bâtiments surmontés de panneaux solaires.

A Masdar, située dans la banlieue nord d’Abou Dhabi et à 5 km environ de l’aéroport, les technologies les plus actuelles se mêlent à l’architecture traditionnelle arabe le long des allées étroites et ombragées qui attirent le vent et gardent les températures relativement basses pour la région.

A la périphérie, une ferme de panneaux solaires photovoltaïques de 10 mégawatts contribue à faire de Masdar city un site à faible émission de carbone.

Cette ville en construction est à la pointe des efforts des Emirats arabes unis pour promouvoir l’énergie “verte” et faire évoluer l’image de ce pays producteur et exportateur de pétrole. Elle abrite le siège de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena).

L’or noir, découvert en quantités commerciales en 1958, a transformé en une économie très prospère ce pays semi-désertique qui vivait auparavant surtout de la pêche à la perle. Le sous-sol recèle 5,9% des réserves mondiales de brut et 3,1% de celles de gaz naturel.

Empreinte carbone élevée

Mais le prince héritier d’Abou Dhabi, cheikh Mohamed Ben Zayed Al-Nahyane, a récemment prévenu que les Emirats livreraient leur dernière cargaison de brut dans 50 ans, appelant ainsi le pays à se préparer à l’ère post-pétrole.

Dans le cadre de l'”initiative Masdar”, le pays entend notamment réduire sensiblement la part du gaz dans la production d’électricité du pays, pour la faire passer de 90% actuellement à 70% en l’an 2020.

“Nous avons compris que pour maintenir notre leadership dans le secteur (énergétique), nous devons entrer dans le renouvelable, et nous l’avons fait”, en investissant dans la recherche et le développement et en construisant “une cité durable”, explique à l’AFP le directeur-général de Masdar, Ahmad Belhoul.

Masdar city abrite notamment l’Institut Masdar, qui accueille 460 étudiants venus de 60 pays, ainsi que des bureaux de grandes entreprises internationales comme Siemens et General Electric (GE).

Un hôtel et un complexe résidentiel sont en construction selon les normes de durabilité, et les quelques bâtiments fin prêts ont des façades qui réduisent l’impact de la chaleur du désert.

Investir à l’étranger

Avec ces initiatives, les Emirats, où l’empreinte carbone par habitant est l’une des plus élevées du monde, veulent éviter de se retrouver sur le banc des pays les plus polluants à la COP21, la conférence de Paris sur le réchauffement climatique qui débute fin novembre.

Les Emirats sont “un jeune pays ambitieux (…) qui place ses revenus générés par ses hydrocarbures dans le secteur” des énergies propres, affirme Nawal al-Hosany, directrice de la durabilité à Masdar.

Ils “deviennent le premier membre de l’Opep qui exporte non seulement du pétrole mais aussi de l’énergie renouvelable”, ajoute-t-elle en faisant référence à la participation de son pays à des projets verts dans le monde.

Masdar est notamment partenaire dans Gemasolar, une centrale de 20 mégawatts en Espagne, la première station d’énergie solaire dans le monde à générer de l’électricité la nuit.

Localement, Masdar city a investi 600 millions de dollars pour construire à l’ouest d’Abou Dhabi l’usine Shams-1, la plus grande centrale solaire à concentration au monde, d’une capacité de 100 mégawatts : selon cette technologie, le rayonnement solaire est directement concentré sur un absorbeur qui le transforme en chaleur à haute température.

Masdar soutient aussi le projet Solar Impulse 2, l’avion à énergie entièrement solaire lancé dans un tour du monde sans précédent qui est parti en mars d’Abou Dhabi.

Au total, la ville participe à des projets pouvant générer jusqu’à 1,5 gigawatts d’électricité.

Si Masdar ne divulgue pas le montant de ses investissements dans les énergies renouvelables, les Emirats indiquent qu’ils entendent consacrer 35 milliards de dollars d’ici l’an 2020 à des projets non pétroliers, dont 20 milliards dans un projet nucléaire d’une capacité de 5,4 gigawatts.

“Au cours des cinq dernières années, les Emirats ont apporté une aide de 840 millions de dollars à des projets d’énergies renouvelables dans 25 pays”, précise Thani al-Zeyoudi, chef du département énergie et changement climatique au ministère des Affaires étrangères.

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