Marshall 2.vert : Demotte l’a dit… mais l’a-t-il fait ?

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“Pour le plan Marshall 2.vert, 1,6 milliard d’euros seront mobilisés.” Voici un an, Rudy Demotte, ministre-président de la Région wallonne, a présenté ce nouveau “plan Marshall” à forte connotation environnementale. Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Les deux derniers gouvernements wallons ont fait du plan Marshall une pierre angulaire de leur action et de leur communication, afin de montrer à la Flandre que le sud du pays fait des efforts pour accélérer son redressement économique. En août 2005, un premier plan a été mis en route avec un budget de 1,2 milliard d’euros sur quatre ans. Voici un an, en décembre 2009, un nouveau plan était présenté : le “Marshall 2. vert”. “Deux” pour exprimer la continuation ; “point” pour se référer à l’informatique ; “vert” pour insister sur l’économie environnementale.

La volonté de poursuivre un plan, dont la méthode est intelligente, en particulier la création de pôles de compétitivité, fut unanimement saluée. Pour le financement, la coalition PS-cdH-Ecolo avait annoncé, sur la législature de cinq ans, 1,6 milliard d’euros, ainsi qu’un complément de 1,1 milliard en “financement alternatif”. Son chef, Rudy Demotte, confirmait la chose dans les médias, dont la RTBF radio.

A l’époque, ces chiffres ont toutefois suscité quelques interrogations. Le Conseil économique et social (instance réunissant les partenaires sociaux wallons) émit des doutes sur le caractère additionnel du 1,6 milliard d’euros par rapport au budget ordinaire. Le syndicat CGSLB parlait lui d’un financement “prévu” mais pas “consolidé”. En clair : les moyens ne seraient pas affectés automatiquement mais devraient être trouvés chaque année.

Enfin, le financement alternatif fit débat. Derrière cette dénomination, se cache en réalité de l’endettement via des organismes para-régionaux. Cela évite de faire apparaître ces emprunts dans le budget de la Région. Pas très orthodoxe. Ni très clair : le détail des dépenses par mesure montre que le plan est bien basé sur le seul 1,6 milliard. Difficile, donc, de savoir quand le recours à l’endettement interviendra.

A ces flous, se sont ajoutés deux éléments qui vont peser sur les finances du pouvoir wallon à l’avenir. A savoir : une possible réforme de la loi de financement (qui détermine les recettes des entités fédérées) et une austérité à entreprendre dans le cadre du retour à l’équilibre de l’ensemble des pouvoirs publics du pays pour 2015.

Alors, solides les bases du second plan Marshall ? Du côté de l’opposition MR, on reste aujourd’hui dubitatif. On relève que les principaux efforts du plan seront concentrés sur les années 2013, 2014 et 2015. Et on considère que le premier plan Marshall (2005-2009) possédait un financement plus solide.

Au cabinet de Rudy Demotte, on réfute tous les doutes. “Le plan Marshall est la priorité des priorités du gouvernement wallon. Cela n’aurait aucun sens de l’arrêter ou de mal le financer, alors qu’il est censé améliorer l’économie régionale et, au bout du compte, de faire de la Wallonie une région plus riche.” On rappelle qu’une trajectoire de retour à l’équilibre des finances wallonnes en 2015 a été tracée et que, au sein de celle-ci, les moyens alloués au plan ont été définis. Ce sera 218 millions en 2011, 250 millions en 2012, 327 millions en 2013, 398 millions en 2014 et 331 millions en 2015. En 2010, quelque 140 millions ont effectivement été débloqués. “Ces moyens ne seront pas remis en cause, assure-t-on. D’ailleurs, lors des conclaves budgétaires, ils vont de soi. Ils ne sont même pas négociés. Tous les partenaires de la coalition sont d’accord là-dessus.”

Jean-Christophe de Wasseige

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