Marcourt va réformer la Caisse d’investissement de Wallonie

Jean-Claude Marcourt. © Belga

Le gouvernement wallon examine l’avenir de la Caisse d’investissement de Wallonie (CIW), a annoncé mardi en commission du parlement wallon le ministre de l’Economie Jean-Claude Marcourt, à propos de cet outil de soutien aux petites et moyennes entreprises (PME) qui parvient difficilement à trouver sa place dans le paysage économique wallon.

“Plusieurs formules sont possibles: on l’intègre à un outil financier, on l’arrête – ce qui n’est pas ma première hypothèse – ou l’on en fait un outil complémentaire et autonome pour l’appel public à l’épargne”, a indiqué M. Marcourt (PS), en réponse à une question de Pierre-Yves Jeholet (MR).

La troisième piste est discutée avec Febelfin, la fédération belge du secteur financier, ainsi qu’avec l’ensemble du monde bancaire, a-t-il ajouté.

Depuis sa création en 2009, la CIW a dû faire face aux instances de contrôle belge et européenne, qui lui ont finalement imposé de travailler avec une autre institution financière pour les prêts aux PME. La CIW a scellé un partenariat avec Belfius l’an dernier.

Mais sa situation reste précaire puisque, malgré un maigre bénéfice en 2013 (60.000 euros), la Caisse fait face à des pertes sur les quatre premières années s’élevant à 7,5 millions d’euros, soit près de 10% du montant de l’emprunt obligataire, a rappelé M. Jeholet.

Le montant des fonds (70 millions d’euros) reste “relativement faible par rapport à l’ensemble des moyens financiers dégagés par la Wallonie pour soutenir les entreprises”, reconnaît M. Marcourt.

Il proposera donc une nouvelle piste dans le cadre du Plan PME que le gouvernement wallon élabore (Small Business Act, en lien avec les autorités européennes).

La CIW a réalisé 37 interventions financières depuis sa création, pour un engagement total de 63 millions (dont 75% à charge de la caisse). Le niveau actuellement faible des taux constitue un problème pour elle qui propose un rendement de 4,6%. Toutefois, “aujourd’hui, nous avons les moyens financiers pour couvrir le rendement assuré aux obligataires, ce qui permet d’éviter des déficits complémentaires”, a fait observer M. Marcourt.

Le partenariat avec Belfius porte quant à lui sur 30 millions d’euros (dont 50% à charge de la CIW), ce qui a déjà permis de délivrer 110 crédits.

L’intérêt de la Caisse est d’apporter, en tant qu’intermédiaire, une meilleure garantie de rendement au particulier lors d’un investissement dans une entreprise.

Pour Pierre-Yves Jeholet, cette situation est toutefois la preuve que la CIW n’a pas répondu à ses objectifs. S’il dit pouvoir comprendre que l’on réfléchisse à mobiliser l’épargne des citoyens, il voit mal la plus-value de la Caisse par rapport aux autres outils dès lors que “la facture est payée par les Wallonnes et les Wallons: 20 millions d’euros apportés en capital par la Région wallonne, c’est cher payé”, selon lui.

L’accès des PME au financement préoccupe le gouvernement wallon. “Les entreprises disent être maltraitées par les banques et ces dernières disent accepter tous les bons dossiers”, résume M. Marcourt.

Le gouvernement va dès lors s’atteler dans les semaines à venir à une analyse plus fine des critères de refus par les banques, de manière envisage des réponses, a répondu M. Marcourt à des questions d’Anne Lambelin (PS) et Georges-Louis Bouchez (MR).

En Wallonie, les entreprises restent trop petites: 60% n’atteignent pas la norme de 33% de taux de solvabilité et 50% le seuil de liquidités. Jusqu’à une entreprise sur cinq n’obtient pas le financement bancaire sollicité, une sur trois en ce qui concerne les plus petites d’entre elles, selon M. Marcourt.

La Sowalfin agit déjà à cet égard et des mesures anti-crises ont été prolongées lors du dernier gouvernement. Des participations en capital ou des prêts subordonnés sont aussi possibles via les invests.

Insuffisant pour le MR: Georges-Louis Bouchez et Olivier Destrebecq comptent déposer une proposition de décret pour un modèle de prêt privé, de type “win-win lening” comme il en existe en Flandre ou “Tante Agathe” aux Pays-Bas. “Un Wal-win”, selon M. Bouchez.

Intéressant, estime Jean-Claude Marcourt, mais il faut garder à l’esprit la protection du risque du prêteur-investisseur et le coût pour les pouvoirs publics (exonération de rendement du prêt, ou réduction des pertes éventuelles si l’entrepreneur est dans l’impossibilité de rembourser).

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