Magnette vs l’Europe : 2-1 ?

© Image Globe/Virginie Lefour

La Commission européenne a beau se défendre et attaquer les propos tenus par le ministre Magnette la semaine dernière, le socialiste a reçu des soutiens de poids, directs ou indirects, en la personne de Paul De Grauwe, Paul Krugman… et Standard & Poor’s.

La Commission européenne a défendu lundi sa politique de “consolidation fiscale”, au lendemain du séisme politique provoqué par la perte du triple A de la France, jugeant qu’il n’existait “pas de marge de manoeuvre” pour des politiques de dépense.

“Il n’existe pas de marge de manoeuvre pour un stimulus fiscal, a indiqué un porte-parole de l’exécutif européen. Une stratégie de croissance devra être basée principalement sur les réformes structurelles.”

Ce même porte-parole n’en a pas moins rejeté l’idée que la stratégie européenne serait fondée exclusivement sur l’austérité. La Commission préfère parler d’une “consolidation intelligente”, fondée sur la réforme du marché de l’emploi, sur la libéralisation des marchés de l’énergie et des télécommunications, ainsi que sur l’approfondissement du marché intérieur.

Ces réformes “auront un impact significatif sur la croissance et l’emploi à moyen terme”, a ajouté le porte-parole, excluant par contre toute flexibilité sur le plan budgétaire.

“La Commission fait fausse route en se montrant aussi rigide sur les impératifs d’orthodoxie budgétaire”

Dotée de nouvelles compétences pour aiguiller la politique budgétaire des Etats membres, dont elle n’hésite pas à se servir, la Commission européenne est vivement critiquée à gauche pour sa politique stricte de réduction des déficits.

La semaine dernière, le ministre belge Paul Magnette a dénoncé une stratégie qui conduira, selon lui, à “15 ans de récession”. Face au tollé suscité par ces déclarations, l’économiste Paul De Grauwe a pris la plume pour défendre le ministre socialiste sur une page entière du Standaard de ce lundi. Il met en avant le rôle stabilisateur de la hausse des déficits pendant les ralentissements économiques. Il pointe aussi le défaut de structure du cadre européen, dans lequel la Commission est dotée de pouvoirs budgétaires importants mais n’en porte pas la responsabilité politique.

“Je pense effectivement que la Commission fait fausse route en se montrant aussi rigide sur les impératifs d’orthodoxie budgétaire”, a résumé Paul De Grauwe, interrogé par la RTBF.

D’autres économistes réputés, comme l’Américain Paul Krugman, critiquent le caractère pro-cyclique (aggravant la récession) de la rigueur choisie par les dirigeants européens.

Même Standard & Poor’s a mis en avant cet aspect pour justifier sa récente dégradation plusieurs notes souveraines européennes : “Nous croyons qu’un processus de réforme basé uniquement sur un pilier d’austérité risque de devenir autodestructeur, dans la mesure où la demande intérieure pourrait chuter avec la confiance des consommateurs, érodant les revenus fiscaux”, a indiqué l’agence de notation dans la justification de sa décision.

Trends.be, avec Belga

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