Trends Tendances

Macron sera-t-il victime du syndrome Obama ?

Un président jeune, au programme prometteur, mais impuissant devant le Parlement, cela ne vous rappelle rien ?

A lire aussi: “Les Macronomics commencent”: les points clés de son programme économique

En voyant la tête d’Emmanuel Macron surgir sur les écrans dimanche à 20h, le soulagement a été général. On s’est glorifié que, après l’Autriche et les Pays-Bas, la France aussi avait rejeté l’extrême droite dans les cordes.

Mais est-ce si vrai ? La victoire de Jacques Chirac en 2002 avait donné un coup d’arrêt (très temporaire) au FN et aux extrémismes de tous bords en contenant le score de Jean-Marie Le Pen en dessous des 20%.

Où est la ligne rouge ?

Aujourd’hui, la ligne rouge a disparu. Si l’on compte les abstentionnistes (25%), ceux qui ont déposé un bulletin blanc ou nul (9%) et les suffrages en faveur de Marine Le Pen (34% des votes valables, mais 22% des électeurs inscrits sur les listes électorales), Macron n’a été élu que par 44% des Français.

Il existe donc aujourd’hui une grande proportion de citoyens de l’hexagone qui ne seraient pas dérangés plus que cela par un(e) président(en) d’extrême droite. Ou qui, comme dirait le directeur d’Ipsos Brice Teinturier, n’en ont “plus rien à foutre” (voir notre dossier sur ces “Prafs”).

Et encore, parmi les 44% qui ont voté Macron, une partie de ceux-ci l’ont fait sans adhérer à son programme. Cela fait réfléchir et souligne que la tâche du nouveau Président français ne sera pas facile.

Un programme “growth friendly”

Le vrai test se fera aux prochaines élections législatives des 11 et 18 juin. Combien d’électeurs se prononceront alors en faveur de la mise en place de la politique voulue par le nouveau président ? Une politique pragmatique, “growth friendly”, prévoyant un plan d’investissement de 50 milliards, la diminution du nombre des normes, la réduction à 25% du taux de l’impôt des sociétés, la baisse des indemnités versées aux travailleurs licenciés… tout cela saupoudré d’un zeste de mesures écologiques et de décisions destinées à adoucir la classe moyenne, telle la suppression de la taxe d’habitation. L’idée est de faire redémarrer l’activité tout en allégeant les dépenses de l’État (120.000 fonctionnaires en moins), ce qui aiderait à maîtriser des dépenses publiques très folles ces derniers temps.

Soutenir les entreprises en se présentant comme défenseur de la classe moyenne et en prenant aussi quelques mesures phares pour les moins favorisés… le saupoudrage est habile.

Obama avait lui aussi présenté un programme prometteur et équilibré, visant les classes moyennes et les entreprises…

Le syndrome Obama

Sera-t-il suffisant pour asseoir au parlement une majorité présidentielle ? On est tenté de se tourner vers ce qu’avait vécu Barack Obama pendant une bonne partie de son mandat: il avait lui aussi présenté un programme prometteur et équilibré, visant les classes moyennes et les entreprises. Mais son exécution a été extrêmement contrariée par un Congrès où il avait perdu la majorité. Nomination à la Cour suprême, investissement dans les infrastructures… toute une série de mesures avaient été stoppées par des républicains revanchards. La déception des électeurs avait été telle qu’ils avaient porté Donald Trump à la Maison-Blanche.

Si l’on pouvait éviter la réédition de ce mauvais scénario…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content