Macron ouvre l’épineux dossier de la réforme du droit du travail

Dès le jour de son investiture, le 14 mai, Emmanuel Macron affiche ses prérogatives de président tout-puissant. © AFP

Le président français Emmanuel Macron lance mardi la délicate réforme du code du Travail, premier grand chantier de son quinquennat, en recevant tour à tour des syndicats et des organisations patronales aux attentes radicalement opposées.

Le chef de l’Etat a affiché son intention d’assouplir rapidement les règles du droit du travail en utilisant dès cet été la procédure accélérée des ordonnances qui permettent de se dispenser de longs débats devant l’Assemblée nationale et le Sénat.

Le chômage est endémique en France depuis de très nombreuses années et, bien qu’en voie d’amélioration, voisine toujours actuellement les 10% de la population active.

Mais cette ambition d’Emmanuel Macron qui enchante le patronat, trouble et inquiète les organisations de salariés qui s’étaient massivement mobilisées il y a quelques mois contre la loi qui assouplissait déjà la réglementation française du travail, sous la présidence du socialiste François Hollande.

M. Macron commence par recevoir dans la matinée les leaders des trois principaux syndicats, la CFDT, la CGT et Force Ouvrière, puis il rencontrera Pierre Gattaz, le responsable de la principale organisation patronale, le Medef, qui a salué sa victoire à la présidentielle et le choix de son Premier ministre de droite, Edouard Philippe.

M. Gattaz veut lui aussi “aller vite”: “La réforme du marché du travail, c’est le sujet majeur de la France aujourd’hui. Faisons-le en toute transparence, en concertation, mais en rapidité”, a-t-il souhaité.

Les syndicats, à l’inverse, craignent qu’une réforme à marche forcée oblitère le dialogue social auquel ils sont attachés.

Pour Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, un syndicat réformiste, “une réforme hâtive du code du travail serait contre-productive”, et “si Emmanuel Macron veut passer à la hussarde, ça ne marchera pas”.

Philippe Martinez, son homologue de la CGT, centrale syndicale aux positions souvent plus radicales, critique lui aussi la “méthode” d’une concertation a minima avant de prendre des ordonnances pour une entrée en vigueur des nouvelles mesures dès septembre: c’est “un peu fort de café de discuter d’un texte aussi essentiel pendant que les salariés sont en congé”.

Les organisations de salariés craignent de nouveaux reculs des droits de ces derniers, même si les mesures souhaitées par l’exécutif n’ont pas encore été précisées.

‘Bloquer la France’

Les propositions devraient reprendre les promesses de campagne du candidat Macron avec pour objectif essentiel, libérer l’activité des entreprises.

Il s’agit ainsi de privilégier le niveau de l’entreprise, et non plus celui plus contraignant des branches d’activité, pour décider de la plupart des règles de droit du travail, une philosophie qui renforcerait, selon ses détracteurs, le “dumping social” entre entreprises.

Le président français souhaite de même plafonner les indemnités touchées par les salariés dans certains cas de licenciement abusif, une mesure ardemment souhaitée par le patronat mais un casus belli pour les syndicats.

Le chef de l’Etat veut en outre réformer la représentation du personnel dans l’entreprise, en regroupant les différentes instances existantes au sein d’un organe unique.

Mardi, M. Macron “ne va pas discuter du contenu précis de la réforme, car dès mercredi le Premier ministre et la ministre du Travail vont à leur tour recevoir les partenaires sociaux”, a prévenu la présidence française.

Ces rencontres s’étaleront jusqu’à lundi pour le calendrier “et la méthode des discussions”, complète-t-on du côté du Premier ministre.

Dans tous les cas, M. Macron entend rester ferme sur la question des ordonnances. “Son agenda social et ses convictions ont été largement exprimés au cours de la campagne, les Français et les syndicats savent de quoi il retourne”, a souligné la présidence.

Et le porte-parole du gouvernement, Christophe Casaner, a déjà averti les syndicats contre toute volonté de “bloquer la France” alors que le souvenir du conflit social interminable autour de la loi défendue par le gouvernement socialiste reste dans toutes les têtes.

Cette réforme, dite “El Khomri”, du nom de la ministre du Travail d’alors, avait donné lieu à six mois de contestation ponctuée de 13 journées de grèves et manifestations, souvent émaillées de violences.

“On n’a pas le droit de bloquer la France quand on n’est pas d’accord avec telle ou telle mesure, surtout quand elle était au coeur du projet présidentiel d’Emmanuel Macron”, a déclaré M. Castaner sur la télévision publique France 2.

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