Les solutions de la Grèce pour éviter le Grexit

Des manifestants pro-européens devant le parlement grec à Athènes. © AFP/Louisa Gouliamaki

Les propositions grecques envoyées jeudi soir aux créanciers, UE, BCE et FMI, comprennent une hausse de la TVA ainsi que des réformes des retraites et de la fonction publique afin d’augmenter les recettes publiques, en échange d’une aide financière sur trois ans.

Selon le texte des propositions publié par le gouvernement grec, la Grèce souhaite une solution “pour régler” son énorme dette publique, à 180% du PIB, ainsi qu’un “paquet de 35 milliards d’euros” consacré à la croissance.

Dans ce texte de 13 pages intitulé “Actions prioritaires et engagements”, la Grèce s’engage à adopter presque toutes les mesures proposées par les créanciers le 26 juin, qu’Athènes avait alors rejetées en annonçant la tenue d’un référendum.

Plus particulièrement, les nouvelles propositions acceptent “un système unifié des taux de la TVA à 23%, incluant aussi la restauration”, qui jusqu’ici était à 13%.

Pour les produits de base, l’électricité et les hôtels, la TVA reste à 13% et à 6% pour les médicaments, livres et places de théâtre.

La hausse de la TVA était la pomme de discorde entre Athènes et ses créanciers pendant ces derniers mois de longues négociations.

Le gouvernement propose la suppression des avantages fiscaux pour les îles (soit la réduction de 30% de la TVA appliquée depuis plusieurs années), à commencer par les îles les plus riches et touristiques, comme le souhaitaient les créanciers.

Cette suppression va commencer en octobre et sera faite graduellement pour s’achever “d’ici la fin 2016”, précise le texte.

Concernant l’âge du départ à la retraite, il est fixé à 67 ans ou 62 ans avec 40 ans de travail et sera relevé graduellement d’ici à 2022.

Des réformes pour la déréglementation de certaines professions (ingénieurs, notaires) et du secteur du tourisme sont également prévues.

Le plafond des dépenses militaires sera réduit de 100 millions d’euros en 2015 et de 200 millions en 2016 contre une réduction de 400 millions proposée par les créanciers.

Le gouvernement grec accepte de limiter la hausse de la taxe sur les sociétés de 26 à 28% comme le souhaitent les créanciers et de procéder au programme de privatisations des nombreuses entreprises publiques.

Athènes a rendu sa copie (tout juste) à temps aux créanciers

La Grèce a soumis dans les temps jeudi à ses créanciers un nouveau programme de réformes avec lequel elle espère les convaincre de reprendre leur aide et de la garder dans la zone euro, avant un sommet crucial dimanche.

Ces propositions de réformes devaient être remises jeudi avant minuit aux créanciers d’Athènes (UE, BCE, FMI) qui avaient fixé un ultimatum.

Elles ont finalement été reçues deux heures avant la date limite et vont être “immédiatement” étudiées par les créanciers puis soumises samedi aux ministres des Finances de la zone euro, avant un sommet extraordinaire des 28 pays de l’Union européenne convoqué dimanche à Bruxelles.

Le Parlement grec doit se prononcer par un vote sur ces propositions dès vendredi afin de permettre ou non au gouvernement de négocier ce paquet de réformes, a fait savoir l’agence Ana (semi-officielle). Le débat au Parlement débutera à 13h00.

Avec ces réformes sur la table, les créanciers vont pouvoir “estimer le montant du programme d’aide” pour la Grèce, a indiqué une source européenne au fait des discussions.

La Grèce a adressé formellement mercredi à la zone euro, son principal créancier, une nouvelle demande d’aide sur trois ans, la troisième depuis 2010, en échange de l’effort budgétaire dans lequel elle va s’engager. Mais si les créanciers jugent l’effort insuffisant, le sommet de dimanche pourrait se transformer en réunion de crise, amorçant une sortie de la Grèce de la monnaie unique.

Après une escalade de propos alarmistes en début de semaine, Athènes a récolté des signes encourageants, dont un appel du président du Conseil européen, Donald Tusk, en faveur de propositions “réalistes” des créanciers sur l’épineuse question de la dette grecque, cruciale pour le gouvernement d’Alexis Tsipras.

A offre satisfaisante des Grecs, répondra la bonne volonté des créanciers sur le règlement de la lourde dette publique du pays, qui atteint 320 milliards d’euros, soit près de 180% du PIB, semble dire Donald Tusk.

Cette question divise le FMI et les Européens, parmi lesquels certains pays, comme l’Allemagne, ont régulièrement affirmé leur refus de faire un geste dans l’immédiat.

La chancelière allemande Angela Merkel a redit jeudi à Sarajevo son opposition à “une réduction” de la dette grecque. “Une réduction (de la dette) classique est pour moi hors de question. Et cela n’a pas changé entre avant-hier (mardi, lors du sommet à Bruxelles) et aujourd’hui”, a indiqué lors d’une conférence de presse la chancelière, en déplacement dans les Balkans.

Mais son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, a concédé lors d’un colloque à Francfort, que “si le FMI nous dit que le rééchelonnement, la restructuration de la dette grecque est un passage obligé, je crains qu’il n’ait raison”.

“Je pense effectivement que c’est un passage obligé. Je pense que nous n’y échapperons pas”, a-t-il estimé, avant d’ajouter: “Mais les traités de l’Union (européenne) excluent une restructuration de la dette en cas de faillite d’un Etat, c’est un des principes du droit primaire de l’Union tel que défini dans les traités”.

Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici a lui estimé dans un billet de son blog, que si la Grèce “s’engage à des réformes de moyen et long termes, les créanciers doivent offrir un horizon, un espoir aux Grecs”, ce qui implique de s’attaquer au poids de la dette grecque (…) comme cela était prévu en novembre 2012, assorti de conditions précises – à commencer par la détermination de la Grèce à faire des réformes”.

Le commissaire a estimé que “la fenêtre de tir pour conclure un accord avec la Grèce se referme définitivement dimanche”.

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