Les prix de l’électricité et du gaz gelés durant neuf mois

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Entre avril et décembre, la facture énergétique des Belges ne pourra pas augmenter, ont décidé Johan Vande Lanotte et Melchior Wathelet. Le temps pour le gouvernement d’élaborer des mesures concrètes afin de tirer les prix vers le bas.

Neuf mois de calme afin de faire retomber le soufflé. Histoire de pouvoir réfléchir et mener la concertation au sein du gouvernement, avant de proposer une batterie de mesures structurelles. C’est ce que viennent de s’offrir, ce vendredi, Johan Vande Lanotte (SP.A), ministre de l’Economie, et Melchior Wathelet (CDH), secrétaire d’Etat en charge de l’Energie. Et ce au moyen d’une mesure temporaire : le gel, d’avril à décembre 2012, des prix de l’électricité et du gaz, dont les contrats de fourniture ne pourront plus être indexés.

Les deux hommes politiques étaient attendus et avaient déjà annoncé la couleur. Le premier avait fustigé la liaison entre le tarif du gaz et le cours du pétrole ; le second avait affirmé vouloir alléger la facture des consommateurs et arriver à plus de transparence quant à la structure des prix. Forts des conclusions des volumineux rapports rédigés par la Commission de régulation de l’électricité et du gaz (Creg) et de l’Observatoire des prix (SPF Economie), les voilà qui posent un constat et avancent une série de pistes d’action – encore à débattre, bien entendu.

“Pas de solution miracle”

“Ces rapports confirment ce que nous pensions déjà, souligne Melchior Wathelet. En Belgique, les factures de gaz et d’électricité son plus chères que dans les pays qui nous entourent. Cela pèse sur le budget des ménages et la compétitivité des entreprises.” D’où l’urgence : bloquer, neuf mois durant, toute hausse de prix. Avant de s’attaquer, “sans aucun tabou”, à tous les “étages” de la facture énergétique. “Il n’y a pas de solution miracle. Tout le monde sera amené à réaliser des efforts acceptables. Il faut supprimer les marges excessives payées par le consommateur et tirer les prix vers le bas.”

Tout le monde, à commencer par le gouvernement, qui devra “optimaliser” les taxes et prélèvements qu’il fait peser sur l’énergie. La cotisation fédérale sera ainsi adaptée à la baisse, via un gel du financement de la Creg et du fonds Kyoto. Les mécanismes de soutien aux énergies renouvelables n’échapperont pas à un toilettage. En substance : s’il est normal de soutenir certaines filières au moyen de subventions, ces dernières ne peuvent toutefois déboucher sur de plantureux bénéfices. Les tarifs sociaux seront également passés sous la loupe, certains fournisseurs proposant leur formule tarifaire la plus élevée aux clients protégés – à l’avenir, ils devront bénéficier de la formule la plus économique.

“Nous comptons augmenter la concurrence entre producteurs, ajoute le secrétaire d’Etat qui présentera, avant les grandes vacances, son plan d’équipement pour la Belgique. Il faut inciter à plus d’investissements et veiller à une meilleure interconnexion de notre réseau avec l’étranger.” Les fournisseurs se sont pas oubliés : le gouvernement entend réviser les formules utilisées afin d’indexer les tarifs de l’électricité et du gaz. “Ces formules doivent reposer sur des paramètres les plus objectifs possibles. Il faut sortir de l’indexation basée sur le pétrole ou, à tout le moins, la réduire au maximum.” Sans oublier le travail sur une meilleure transparence des tarifs et un coup de pouce à la mobilité des clients, pour l’instant par trop refroidis par les indemnités de rupture des contrats.

La distribution n’échappe pas à ce tir groupé. Déjà, les tarifs en vigueur jusque fin 2012 ont été prolongés (donc gelés) jusqu’en 2013, voire 2014, en attendant la régionalisation de cette compétence. “Il est encore possible de réduire certaines charges”, ajoute Melchior Wathelet.

Objet du rapport de l’Observatoire des prix, l’impact des tarifs énergétiques sur l’index et la hausse des salaires n’a, lui, pas encore été abordé. “Mais plus les tarifs énergétiques sont sous contrôle, mieux c’est pour l’index. Voilà déjà un élément positif”, conclut le secrétaire d’Etat. Qui entend aboutir “le plus rapidement possible”. Et avant décembre, donc. Côté consommateurs, l’impatience est grande. “Si je devais choisir entre la baisse des prix de l’énergie ou la baisse des coûts salariaux, je choisirais la première !”, déclarait encore Julien De Wilde, président de Nyrstar et d’Agfa-Gevaert, ce vendredi à nos confrères de Canal Z.

Benoît Mathieu

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