Les gagnants et les perdants du budget 2012

© Image Globe/Eric Lalmand

Le budget 2012 aurait certaines qualités. Mais Giuseppe Pagano, membre sortant du Conseil supérieur des finances, prévient : il faudra encore faire 3,7 milliards d’euros d’efforts supplémentaires chaque année à venir…

Les épargnants moyens seront épargnés… à condition de ne pas boire, de ne pas fumer et de ne pas isoler son habitation ! Le budget 2012 contient quelques surprises et en fâche certains. Giuseppe Pagano, professeur de finances publiques et membre sortant du Conseil supérieur des finances, analyse, critique et commente ce document pour Trends-Tendances.

Qui gagne et qui perd avec le budget 2012 ?

Regardons-le d’un point de vue microéconomique. On constate qu’un citoyen moyen, qui n’est pas au chômage, qui ne fume pas, qui ne boit pas trop d’alcool, qui n’a pas une grosse fortune placée, n’est pratiquement pas touché. Certes, il y a l’augmentation de la TVA sur les actes notariés, mais on ne passe pas des actes tous les ans.

Le citoyen moyen sort à peu près intact de ce budget, y compris le pensionné. On ne touche en rien aux pensions ni aux patients. Il n’y a pas d’accise supplémentaire sur les carburants, une mesure simple à laquelle tout monde pensait et qui peut rapporter beaucoup d’argent.

Qui perd ?

Les administrations, dont les moyens sont réduits ou gelés. Les entreprises comme La Poste et la SNCB verront leur dotation réduite. Dans les soins de santé, en revanche, le patient n’est pas affecté, mais la norme de croissance est revue à la baisse : 2 % au lieu de 4,5 %. Cela ne pose toutefois pas de problème car cette norme n’est pas totalement utilisée.

La SNCB verra sa dotation rabotée ? Cela tombe mal pour lancer le RER !

Oui, d’ailleurs, elle a déjà fait savoir son mécontentement. Elle n’est pas d’accord, évidemment. Donc, il est vrai que les administrations paient une partie du budget en faisant des économies.

Qui d’autre ?

Deuxième grand payeur : les entreprises en général. Pas les PME, sauf via les intérêts notionnels moins intéressants, mais elles utilisent peu ce mécanisme. La taxation de la rente nucléaire (550 millions d’euros) va concerner surtout Electrabel, qui est une entreprise. Même chose pour la rente pharmaceutique : ce secteur paiera lui aussi. Enfin, le système de déduction des intérêts notionnels est revu à la baisse, ce qui devrait rapporter 1,6 milliard d’euros d’après une estimation qui circule, soit plus de 10 % du total recherché par les négociateurs.

Autre payeur : l’épargnant qui a des placements importants. Je ne parle pas des détenteurs de comptes d’épargne, qui ne sont pas concernés par les mesures, mais le précompte sur les placements à taux fixe passe de 15 % à 21 %.

Que se passera-t-il avec les budgets suivants : encore des tours de vis ?

Pour les années suivantes, le déficit doit encore diminuer, car l’objectif est d’arriver à un léger excédent de 0,2 % de PIB en 2015. Donc, – 1,8 % en 2013, – 0,8 % en 2014. Cela équivaut à environ 1 % à regagner tous les ans, soit quelque 3,7 milliards d’euros de plus à trouver tous les ans. C’est l’engagement pris auprès de l’Union européenne.

Il n’y a pas que cela : le coût du vieillissement va se faire sentir, avec la hausse de la charge des pensions, puis d’autres montants vont grimper, comme les rémunérations des fonctionnaires…

Propos recueillis par Robert van Apeldoorn

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