Les finances publiques grecques enfin hors du rouge

© Image Globe / ORESTIS PANAGIOTOU

La Grèce affiche pour la première fois un solde budgétaire primaire positif. En clair, les recettes de l’Etat couvrent ses dépenses. Athènes n’a plus besoin du FMI et des pays de la zone euro pour ses fins de mois, uniquement pour financer son (immense) dette.

L’étape est très encourageante. Les finances publiques grecques sortent enfin du rouge. Lundi, les données budgétaires des sept premiers mois de 2013 ont été publiées et affichent un solde primaire positif (dépenses et recettes, hors charges de la dette). Le surplus a atteint 2,6 milliards d’euros contre un déficit de 3,1 milliards d’euros pour la même période l’an dernier. Tirée d’affaire ? La Grèce n’est pas encore tirée d’affaire pour autant. Elle a toujours besoin des prêts du FMI et des pays de la zone euro (plus de 210 milliards d’euros décaissés à ce jour) pour financer sa dette. Le retour à un solde primaire positif est cependant une condition nécessaire pour revenir sur les marchés financiers et s’affranchir de l’aide (et de la tutelle) du FMI et des pays de la zone euro.

L’autre condition est un retour à la croissance. L’économie continue à reculer (PIB en recul de 4,6% au deuxième trimestre), mais le FMI prévoit un retour à la croissance l’an prochain (+0,6%).

Une rallonge et une renégociation de la dette néanmoins nécessaires L’annonce du surplus budgétaire vient contrebalancer les commentaires récents du FMI (et une note de la Bundesbank) sur le besoin probable d’une rallonge pour le plan d’aide à la Grèce. Le Fonds estime qu’il faudra encore ajouter quelques milliards de prêts pour faire la soudure entre le plan de financement en cours et le retour sur les marchés financiers : 4,4 milliards d’euros en 2014 et 6,5 milliards d’euros en 2015. Cet écart (gap) est dû aux effets de l’austérité et à des retards sur l’exécution des mesures convenues avec les instances et pays prêteurs, comme les privatisations.

Plus délicat : il sera sans doute nécessaire de renégocier une seconde fois la dette pour rendre son volume moins rédhibitoire pour les marchés financiers. Les pays qui aident la Grèce, qui ont été épargnés par la première renégociation, -comme la Belgique- devront accepter d’encaisser une perte. La négociation d’un plan de sortie de la Grèce de la crise sera sans doute ouverte l’an prochain par l’Eurogroupe, au deuxième trimestre.

Le sujet reste tabou pour l’heure, car la campagne législative bat son plein en Allemagne. Le dossier grec et l’Europe en général ne sont pas abordés dans les débats. “Hormis les Verts, tous les partis évitent ces sujets” dit Peter Vanden Houte, chief economist à ING.

La Grèce en meilleure position de négociation Le solde primaire positif des finances publiques pourrait avoir d’autres effets. “Il place le gouvernement grec dans une meilleure position de négociation vis-à-vis de ses interlocuteurs” estime Peter Vanden Houte. Il sera plus difficile pour l’Eurogroupe et le FMI d’obtenir de nouvelles mesures d’austérité car la Grèce -si ce solde positif se confirme- ne dépend plus des prêts du plan d’aide pour ses fins de mois. L’argent ne servira plus qu’à financer la dette, c’est-à-dire payer les intérêt et rembourser surtout… les emprunts du FMI et des pays de la zone euro !

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